Dans le communiqué du Conseil des ministres du vendredi 07 février, le gouvernement exhorte à la fin par rapport aux dérapages verbaux observés de plus en plus dans les discours publics. Le président de la République, qui ne manque pas lui non plus de tenir des propos belliqueux, devrait être le premier destinataire du message de sensibilisation du Conseil.
Le Communiqué du Conseil du 07 février 2014 a un aspect moralisant. Le document évoque « les dérapages observées dans les propos de certains de nos compatriotes ». Il fait constater que «dans les débats, les déclarations publiques », il y a « une propension aux injures, au manque de respect les uns envers les autres. D’aucuns prennent les libertés comme prétexte à ces dérives verbales. » Ces « attaques », considérées comme « tendances fâcheuses enregistrées » et « contraires à notre culture et à nos us et coutumes », « n’épargnent personne encore moins les institutions de la République ».
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« Et pourtant, souligne le document, toutes nos traditions appellent à la retenue, la tolérance, la considération des aînés et un comportement fait de respect et d’écoute des autorités. » « D’aucuns prennent les libertés comme prétexte à ces dérives verbales(…) Nous devons éviter de confondre la liberté au laxisme, à l’anarchie et au désordre. Droits et obligations sont intimement liés et indispensables dans nos pays qui sont en construction », précise le communiqué. Qui ajoute que « le Conseil des ministres exhorte l’ensemble de nos populations, notamment les acteurs politiques, les partenaires sociaux, la société civile, les confessions religieuses bref toutes les forces vives de la nation à renouer avec notre culture et nos traditions de respect mutuel et de courtoisie.
La charité bien ordonnée…
Très beau message de sensibilisation et d’appel au calme. Surtout à un moment où il y a recrudescence de la violence verbale aussi bien au niveau du régime que de ses détracteurs. Mais le premier destinataire de cette partie du communiqué du Conseil des ministres devrait être le président de la république et son gouvernement. Le président Boni Yayi lui-même se plait à tenir des propos déviants. Certaines personnalités politiques et syndicales tiennent aussi des discours très durs et pas trop courtois à l’endroit du gouvernement. Mais le plus souvent- en tout cas depuis un moment- le regain de « dérives verbales » fait suite aux déclarations souvent belliqueuses de Boni Yayi. On se rappelle la vague de discours dans l’opinion après son entretien à cœur ouvert du 1er août 2012. Un entretien très célèbre par son contenu menaçant pour la paix et la cohésion nationale. Saisie par un citoyen à cet effet la Cour constitutionnelle avait déclaré que le président de la république a méconnu la Constitution. Malgré cela, le 27 janvier dernier, le président Boni Yayi a tenu un discours semblable à celui du 1er août devant des centaines de jeunes à la salle du peuple du Palais de la Marina. Très zélé, certains de ses ministres et partisans tendent à lui emboiter le pas.
Le discours présidentiel doit être un discours exemplaire. Et quand ce n’est pas le cas, des personnalités sont tentées de rappeler le président à l’ordre par des propos aussi belliqueux que les siens. Et voilà, on verse dans la violence verbale. Ce qui est une menace pour la paix et la cohésion nationale. Le poisson pourrit par la tête dit-on. Et l’exemple en matière d’animation de la vie publique, doit venir des pouvoirs publics au plus haut sommet de l’Etat. C’est dire donc que la sensibilisation du Conseil des ministres sur les dérives verbales devrait commencer par le chef de l’Etat, Thomas Boni Yayi, certains de ses collaborateurs et partisans zélés.