Allocution de Houndégnon face au Synapolice

Je voudrais sacrifier à la tradition, parce que nous n’avons pas eu l’occasion d’organiser cette année, la cérémonie de présentation de vœux à la police nationale pour des raisons que vous connaissez bien. Nous avons été obligés, à un moment donné de surseoir à toute fête, parce qu’il fallait être présent sur le terrain.

Publicité

Je vous remercie donc pour avoir fait preuve de compréhension. Ce n’est pas un mépris pour l’institution, mais elle était plutôt sollicitée sur le terrain. Et je n’ai pas cru devoir vous distraire pour une cérémonie de vœux. Je profite de l’occasion pour vous présenter mes vœux les meilleurs et que cette année soit une année d’ordre d’or pour la police nationale. Je voudrais diligemment répondre au secrétaire général du Synapolice. 
Monsieur le Secrétaire général du syndicat de la police nationale, j’ai écouté votre discours. Mais plus que d’inquiétude, ce discours pour moi est d’assurance. Votre discours ne m’a pas inquiété, ni m’a rassuré. Et je voudrais prier l’Eternel des Armées à la manière d’Isaac, je veux parler de l’école de la cabale de Laïc. Je voudrais répéter une prière très chère aux adeptes de cette école. Il est dit dans cette prière : « Seigneur, donne-moi de borgnes à servir. Donne-moi des seigneurs dont les horizons sont vastes. Et s’il m’appartient de servir des seigneurs bas et mesquins, dépose en moi l’ambition d’être juste ». Je ne voudrais pas occulter ici mes préoccupations de l’heure.
Mr le Sg du Synapolice, vous avez posé un certain nombre de questions sur lesquelles je voudrais réellement revenir. Vous avez constaté que j’ai laissé le discours et laisser parlé mon cœur. Sur la question des primes d’opérations de sécurité, de patrouilles, je voudrais vous rassurer que vous me verrez à vos côtés. Je me battrai contre tous pour que tout ce qui doit revenir à la police revienne à la police, parce que c’est vous qui êtes sous le soleil. Je suis prêt à tout sacrifier, sacrifier même mon poste. Je ne suis attaché à rien. Il faut que ce qui est pour la police nous revienne valablement, en son temps. S’il y a des fonds de patrouilles, des fonds de sécurité, qu’on nous les remette. Ce n’est pas le ministère de l’intérieur qui déploie les troupes sur le terrain. C’est bien la police. Donc, je conçois légitimement avec vous que vous posiez ce problème. Et sans dévoiler les secrets de commandement, j’étais sur le point de saisir dès la semaine prochaine les autorités du ministère pour qu’on discute clairement du fonctionnement de la police nationale. Parce que je me retrouve aujourd’hui dans la situation de l’ancien ministre de l’intérieur de François Mitterrand, Pierre Jox qui disait : « J’ai été d’un service de police sinistré. Sinistré par la réduction de ses moyens, sinistré par son statut, sinistré par la place qui est réservé au sein de la société ». Pierre Jox veut dire qu’il remercie François Mitterrand pour lui avoir permis de redonner espoir à la police nationale, en lui redonnant des moyens roulants, des moyens de communication cryptés et d’autres. Et vous n’êtes pas sans savoir qu’en 2011, le rapport de la Cour des comptes en France sur la politique de civilité a soulevé beaucoup de polémiques. J’ai suivi quand l’ancien ministre de l’intérieur, Claude Guéan, s’en est pris violemment à la Cour des comptes, qui a dit toute la vérité sur le déploiement des services de police, sur la gestion des moyens des services de police. Donc, camarades syndicalistes, je me mets à vos côtés pour que nous retrouvions les moyens pour travailler. Parce que c’est injuste de ma part d’exiger de vous d’être présents sur le terrain, sans moyens. Il est temps que nous prenions conscience que ce service est sinistré et qu’on travaille ensemble à retrouver les moyens de son fonctionnement. Il faut rendre les politiques de sécurité cohérentes. J’ai surpris certains policiers ridiculiser par exemple l’initiative d’immatriculation des motos. S’agit-il là des policiers ? Nous n’allons pas continuer à travailler avec le hasard. Il faut que nous mettions désormais en place les mécanismes de surveillance qui s’organisent autour d’une certaine cohérence, qu’il y ait une liaison entre nos actions pour faciliter les recherches. Il ne s’agira pas seulement de motos, nous allons aussi immatriculer les hommes. Il va falloir désormais identifier chaque Béninois à partir d’un numéro matricule pour empêcher que les gens prennent plusieurs identités dans le même pays. C’est des actes de courage. Il ne revient pas aux hommes politiques de nous dire ces choses. C’est à nous de le dire. C’est à nous d’attirer respectueusement l’attention des hommes politiques sur le fait que nous avons besoin d’adopter un cadre de politique sécuritaire cohérent, de par la loi de programmation sur la sécurité intérieure, de par les mécanismes mis en place, de par le traitement qui est fait aux fonctionnaires de police.
Donc, chers camarades, je me battrai à vos côtés pour les moyens de la police, pour le statut de la police, pour des questions de reconstitution de carrière, mais dans la légalité. Vous ne me verrez pas faire des concessions sur des questions de légalité, parce qu’il ne faut pas faire plaisir à une catégorie et amener des histoires dans la maison. 
Indépendamment de tout cela, monsieur le Sg du Synapolice, je me battrai avec vous maintenant pour éradiquer le rançonnement sur la voie publique. Si vous vous mettez dans la posture de défendre le rançonnement sur la voie publique, je me battrai contre vous. Je me battrai contre vous si les gens tentent d’ériger la tricherie en un système de gestion. J’ai une mission claire, j’ai un laps de temps à faire, je ne voudrais pas avoir honte devant les policiers demain. C’est pour cela que j’impliquerai tout le monde, chacun à son niveau, dans la gestion des affaires publiques. Et je serai derrière les commissaires centraux, les directeurs techniques, pour que la maison avance. La police a trop peiné et a été trop piétinée. Il est temps que nous laissions les problèmes de personnes pour penser à l’institution. Quel type de police laissons-nous pour demain à nos enfants ? Aujourd’hui, nous comptons 10 millions d’habitants. Demain, nos enfants seront 25 millions ou plus. Avons-nous déjà commencé par poser les bases d’une police moderne ? Il nous revient de le faire. Il ne revient pas à ceux qui viendront après nous de le faire. Donc, mettons-nous ensemble pour ne pas trahir la mission de notre génération. Et, s’il faut faire des sacrifices, s’il faut perdre des plumes, s’il faut perdre des amitiés pour y arriver, nous n’hésiterons pas. Ne pensez pas que le Dgpn a pris possession de son fauteuil de directeur de de la police nationale et qu’il a perdu ses ambitions de départ. Je suis venu dans cette maison Gardien de la paix et j’en suis fier. C’est ce passage dans le corps des Gardiens de la paix qui me lie à la police. Donc, je dois me donner à la police.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité