Bénin : le RAMU sur les traces de la LEPI?

La plupart des Béninois se posent souvent la question de savoir comment le Président Yayi Boni arrive à « s’attirer » la sympathie de certaines personnalités internationales malgré toute l’antipathie manifeste et grandissante de ses compatriotes. En fait de quoi s’agit-il ?

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Il n’est de secret pour personne, que les pays occidentaux  naguère riches connaissent de sérieux  problèmes qui les amènent à réviser sérieusement leurs aides aux pays pauvres. Soulignons au passage que ces prétendues aides ne sont que des instruments à peine voilés pour nous maintenir toujours dans la position de dominés. Ces pays dits riches s’ingénient aujourd’hui dans l’innovation pour se trouver des moyens modernes et acceptables pour mieux exploiter nos pauvres pays (On ne compte plus le nombre d’ interventions militaires et même humanitaires sujettes à de nombreuses questions). Notons toutefois que les positions sont aussi différenciées parmi ces pays riches.

La Communauté Internationale en tant que bras armé de ces pays riches n’échappe pas à cette concurrence sauvage : il en va entre-autre du gagne-pain de milliers de fonctionnaires internationaux qui n’ont appris à vivre que sur la naïveté, l’ignorance et le manque de courage des pauvres. Ces fonctionnaires et technocrates bon teint ne sont pas étrangers à nos pays : ce sont nos propres cadres qui font notre fierté, nos propres Pères/Mères, Frères/Sœurs, Fils/Filles, Conjoints/Conjointes… Et Dieu sait à quel point chacun d’entre nous (du simple paysan au Président de la République) rêve des avantages liés à ces postes internationaux… 

Yayi Boni le faux pionnier

Pour survivre, disais-je, cette Grande Communauté Internationale, vaste réseau transnational de marchands de nos pauvretés, se doit de se trouver des astuces plus adaptées aux temps modernes, à la mesure de la subtilité du langage capitaliste en vogue comme le dirait Karl Marx. Les élections en Afrique et dans le monde constituent un de ces rituels nécessaires des temps modernes pour se partager légalement les aides publiques et donner au passage quelques leçons de Droits de l’Homme, de Démocratie et surtout d’expérimentations des possibilités de pérennisation du système. Pensez tout simplement aux cérémonies Houétanu (cérémonies de purification ou de rassemblement en milieu fon) et autres rites traditionnelles de chez nous au Bénin… En clair, cette Communauté toute Internationale cherche des terrains d’expérimentation et de légalisation/légitimation de ses astuces nouvelles qu’elle sait sujets à controverse mais élaborées depuis longtemps comme rituels de régénération/purification.

Le génie du Président Yayi Boni réside surtout : 

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1- dans sa fougue, dans sa volonté inébranlable (et sa médiocrité) d’offrir à bras ouverts notre Bénin comme champ d’expérimentation, avant tout autre pays. Il s’approprie lui-même ces astuces en espérant les rentes issues de ce statut de pionnier. Il ne s’agit donc pas des résultats pour le peuple mais plutôt des bénéfices (parfois personnels). Rappelons que le Bénin est loin de consommer les fonds originellement mis à sa disposition.
2- dans sa capacité à trouver et convaincre des compétences avérées prêtes à se lancer naïvement dans ces projets avant de découvrir les intentions réelles de leurs commanditaires.

3- dans sa capacité à jouer à l’âne et dissimuler ses réelles intentions. Malheureusement, il est si médiocre qu’il constitue lentement un danger pour le système mis en place par la Communauté Internationale… Le cas de Mme Marie Angélique Savané, coordonnatrice de la mission d’évaluation du Bénin par le Mécanisme  africain d’évaluation par les pairs (Maep) et de Mme Nardos Békélé Thomas représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) ne sont que des exemples parmi tant d’autres…

4- dans sa capacité à jouer à faire peur à ses compatriotes. Il suffit de menacer de « bondir » et tous les « petits » font rentrer leurs queues… Cela plaît beaucoup à cette Communauté Internationale qui est à la recherche de dirigeants cancres et médiocres, sur qui on peut s ‘appuyer pour s’enrichir.

5- enfin dans ses mises en scènes, toutes honteuses de décoration avec larges sourires pervers ; de chaque Fonctionnaire International de passage à Cotonou qui puisse l’aider à accomplir ses besognes ou augmenter ses rares crédits aux yeux de ses compatriotes (On se souvient de la célébration surprise de l’anniversaire de Ban Ki Moon ainsi que des décorations récentes de Hermann Van Rompuy sans oublier que nos anciens présidents en ont aussi fait les frais.)

L’exemple de la LEPI fantôme 

Pour la LEPI, il n’est de secret pour personne que la boîte présentée, conjoitement avec la représentante du PNUD, était vide!!! Nous en sommes encore à découvrir de jour en jour les secrets de ce complot inédit ourdi en plein jour sur le dos de l’intelligence du peuple béninois. La preuve en est que, plus on découvre le fond du pot aux roses, mieux le gouvernement en place promeut les acteurs de cette LEPI restée toujours introuvable. En réalité, elle n’a jamais existé puisque c’est maintenant qu’elle est en confection avec l’argent du contribuable et ce, après y avoir injecté plus de 25 Millions d’euros d’aide étrangère! Et pourtant cette même LEPI est vendue comme succès ailleurs et fait déjà le bonheur de nombreux Fonctionnaires Internationaux aujourd’hui. L’important n’était donc pas qu’elle marche au Bénin mais qu’on puisse la présenter et la vendre comme telle.

Le RAMU sur les traces de la LEPI

Fort de son expérience avec la LEPI qui s’est pourtant soldée par un échec patent, notre « Génie béninois » tient à tenter un autre coup sur le dos de son peuple. Il s’agit des domaines des assurances en générales et des assurances maladies en particulier. Tous les acteurs impliqués dans le RAMU-Bénin savent bien que le Bénin est loin de réunir le minimum des conditions requises pour une Assurance Maladie Universelle.1 On pourrait être tenté de penser au Ghana, à la Côte –d’Ivoire, à l’Angola…pour une telle expérimentation. Mais le Bénin en est encore très très très loin! La vérité sur ce dossier est bien ailleurs!
Comme pour la LEPI, il s’agit d’expérimenter le programme et de le vendre ailleurs. D’ailleurs les experts de la CEDEAO en font déjà échos. C’est un domaine qui regorge de gisements insondables « légaux » pour gruger les pauvres et continuer de financer les riches à travers des projets dont eux seuls connaîtront les aboutissements. Notre pays le Bénin, avec son administration encore bancale, est loin de remplir les conditions minimales pour gérer la complexité que représente l’assurance maladie publique, actuellement un véritable casse-tête même des vieilles démocraties occidentales. Mieux, ce manège condamne les pauvres du Sud en majorité jeunes à supporter les systèmes sanitaires européens constitués de vieux parfois maintenus en vie par des machines2. Les promesses mirobolantes d’un Bernard Kouchner, d’un certain Jacques Chirac et autres ne doivent pas tromper le peuple béninois.
Ce qui est sûr, c’est qu’à l’instar de la LEPI, il ne reviendra qu’au petit pauvre béninois de subir les conséquences de cette aventure ruineuse de son Président dont le but unique est de s’assurer assez de réserves financières pour sauver sa propre tête. La LEPI et le RAMU constituent des projets dont l’exécution requiert un certain niveau de modernisation et de stabilité du macro-système national dont le Bénin est encore très loin. Mieux certaines étapes comme les mutuelles sociales sont incontournables pour une réussite du projet.3 Tenez : la gestion des Kits et des appareils médicaux nécessite de l’énergie électrique et l’internet. C’est comme la respiration sans laquelle on ne peut même pas parler de vie humaine. Notre pays est-il capable de garantir ce minimum ??? Où en est le Président Yayi Boni dans la satisfaction de ce besoin primordial pour lequel ses compatriotes sont même prêts à payer le coût de consommation? Une bonne LEPI est la condition technique primordiale au démarrage du RAMU. On en est OÙ ??? On nous dira qu’il faut oser rêver et surtout qu’il faut faire des sacrifices pour en jouir demain! Bien sûr, mais pourquoi faut-il que ce soient toujours les pauvres qui en souffrent? Pourquoi pas une assurance des riches qui incluent les pauvres ? Nous devons prendre nos responsabilités avant que le Président ne se réveille un jour de son RÊVE trop profond!

Le bonheur du peuple sans lui 

Il ne revient pas à un Président même démocratiquement élu de décider seul du bonheur de son peuple. D’ailleurs tout porte à croire que le Président Yayi Boni ne pense qu’à sauver sa propre tête. Car, s’il a su gagner entre temps la confiance des plus riches hommes d’affaires du pays, c’est qu’il avait donc les moyens de transformer toute l’économie béninoise avec le patrimoine de ses derniers. Il n’avait qu’à créer les conditions de justice, de paix et surtout de bonne gouvernance. Tout porte à
croire que son but est d’écarter tout individu capable d’influencer le peuple dans un autre sens que lui. Tout homme averti sait aussi que l’arsenal législatif de notre pays contient assez de failles dont un Président mal intentionné peut se servir pour brimer son peuple. «Ce qui a changé entre ICC et le RAMU, c’est que cette fois-ci le Président de la République se met à côté du ministre de la Santé, mais se dépêche de préciser que c’est plutôt à elle, son projet»4 avertissait Maître Joseph Djogbénou. Et le but avoué du Président est de se donner assez de moyen financier, humain et législatif pour réaliser « son Rêve » pour le Bénin. Malheureusement, ce rêve ne prévoit pas les limites constitutionnelles ni la volonté des Béninois. La preuve réside dans l’empressement du Président Yayi Boni de se débarrasser des collaborateurs devenus « encombrants » et d’exécuter sa politique de récompenses sélectives de cadres pourtant reconnus en déphasage total avec les règles de la République.

La réaction du parlement et de la société civile attendue!

Il est temps que le parlement béninois et les organisations civiles se saisissent réellement de ce dossier du RAMU pour éviter à notre peuple d’être conduit à l’abattoir. Aussi légitime que soit l’idée de doter le Bénin d’un système d’assurance de santé universelle, nous devons reconnaître que la manière dont ce projet est conduit constitue un danger pour notre Pays. A ce niveau aussi, le rapport des experts est aussi formel. Nos députés doivent exiger une contre-expertise conduite par -eux-mêmes- de la faisabilité de ce projet dans notre pays. Il en va de l’avenir même de notre pauvre pays !

Par Bospar Adandokpodji, Sociologue béninois
Francfort/Allemagne

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