Le lundi soir, un peu après 18h, de retour d’une visite éclaire au Tchad, le Chef de l’Etat a rencontré sa majorité au palais présidentiel. Au-delà de l‘ambition affichée par le Chef de l’Etat de voir sa famille politique se mettre en ordre de bataille pour les prochaines élections communales, il y a une intention. Celle de tout gagner, de tout contrôler jusqu’en 2016. Et pourquoi pas, au-delà…
Près de 500 délégués ont pris part à cette rencontre, une des rares tenues par le Chef de l’Etat avec sa famille politique depuis les dernières élections présidentielle et législatives. Personne ne voulait donc se faire conter l’évènement. Des plus assidus aux plus versatiles, des plus fougueux aux plus résignés, tous étaient là. Même les derniers pourfendeurs de la coalition comme Hélène Aholou Kèkè, Zéphirin Kindjanhoundé étaient présents. Tous voulaient écouter les dernières ambitions du Chef de l’Etat pour ce conglomérat de forces politiques qui l’a soutenu dès le début de son premier quinquennat. Après avoir présenté quelques uns de ses chantiers, il explique à ses partenaires politiques la nécessité de travailler pour sauver les Forces Cauris pour un Bénin émergent(Fcbe) maintenant et même au delà de 2016. Pour cela, ils doivent travailler ensemble et s’investir davantage dans la bataille pour la conquête du terrain. Ce discours assez flatteur mais hautement politique vise à remettre de l’ordre dans la famille Fcbe mais aussi, il lance les hostilités pour les élections municipales prochaines. C’est d’ailleurs pourquoi, sans attendre que les activités électorales soient officiellement lancées, il demande à ses militants de se concerter pour préparer les listes pour ces élections.
Au-delà de 2016 ?
A entendre Yayi, on peut croire à son ambition légitime de laisser à la postérité un parti nommé Fcbe. Génial n’est-ce pas ? Mais il faut savoir lire entre les lignes pour cerner toutes les intentions cachées de Boni Yayi. Le Chef de l’Etat rêve de tout contrôler. Il ne veut rien lâcher pour l’opposition. Il veut la majorité des mairies et des députés. Alors que les autres forces politiques, surtout celles de l’opposition se battent pour la correction de la Lépi, lui pense déjà aux élections communales et sa victoire certaine. Cette boulimie politique qui consiste à tout contrôler pourrait bien étonner plus d’un. Qu’est-ce qui peut pousser un Chef de l’Etat en fin de mandat à vouloir si tant contrôler le jeu politique et avoir la majorité partout ? Si ce n’est la seule volonté de laisser le pouvoir en de bonnes mains et éviter qu’il ne tombe dans les mains de ceux qui ne sont pas de son bord politique, le Chef de l’Etat sortant n’a aucun intérêt à se donner ce challenge. Et c’est là que l’ambition de Yayi pourrait étonner. Que veut réellement le Chef de l’Etat ? A cette question, un jeune de la majorité présidentielle qui a participé à cette réunion ne se fait aucune illusion : « Yayi travaille pour l’après 2016 ». Selon des sources officieuses, il concocterait tout un programme pour ses derniers jours à a tête du pays. Beaucoup d’infrastructures routières seront faites entre 2015 et 2016. C’est d’ailleurs pourquoi, nous souffle-t-on, le gouvernement a contracté un prêt colossal de 800 milliards auprès de la Banque ouest-africaine de développement (Boad) pour inonder le pays de belles infrastructures. On raconte même que le piétinement des routes Akassato-Bohicon et Godomey-Pahou serait stratégique. Tout se ferait pour ralentir les travaux jusqu’en 2015 afin de les accélérer et finir en 2016. Mais avant tout cela, Yayi n’entend rien laisser à l’opposition lors des élections communales prochaines et des législatives de 2015. On parle de 70 maires et d’autant de députés acquis à la cause du Chef de l’Etat. Pour les législatives, c’est Yayi lui-même qui fera les positionnements sur la liste Fcbe. Et là priorité serait accordée aux hommes politiques godillots qui resteront dociles au cours de la mandature et qui voteront sans trop réfléchir pour la révision de la constitution. Le Chef de l’Etat ne manque pas d’aller se ressourcer auprès des présidents qui s’éternisent au pouvoir et qui ont déjà réussi des machins similaires dans leurs pays. C’est pourquoi, il est plus fréquent en Guinée- Equatoriale, Congo Brazzaville, Tchad … qu’au Sénégal, Mali, Ghana…Même si officiellement Yayi a fait plusieurs fois des professions de foi sur son départ du pouvoir en 2016, son cœur n’a pas encore abandonné ce projet sibyllin. D’ailleurs, tous ceux qui ont réussi cela dans leur pays ont toujours affirmé laisser le pouvoir jusqu’au dernier moment. Tel est le scenario. La menace est toujours là.
Yayi se méprend sur son rôle
Le Chef de l’Etat confond son rôle de Président de la République à celui d’un piètre chef de parti. En tant que président de la République, il doit se mettre au- dessus de la mêlée puisqu’il est garant de l’unité nationale. Recevoir les membres d’une seule famille politique, la sienne, et ceci à la Présidence de la République paraît comme une violation de son serment. Le Palais est un des symboles de la République. Le Chef de l’Etat ne devrait pas le transformer en lieu de meeting politique. Dans son habit de chef de parti, Yayi devrait aller tenir sa réunion ailleurs. Sinon, qu’il se prépare pour recevoir aussi l’Un, l’alliance Abt, le Prd au même lieu. Sinon, il aurait réussi à dévoyer son rôle de garant de l’unité nationale.
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