Au Sénégal, manifester devient de plus en plus difficile à Dakar. Samedi, le préfet de Dakar a interdit un regroupement du collectif « Non au mur », qui proteste contre le « bradage des espaces maritimes », suspendant du coup une caravane de sensibilisation sur les questions foncières.
Cette interdiction est l’acte 2 d’une série de privation des libertés publiques qui a commencé, il y a une semaine, avec la dispersion au gaz lacrymogènes d’un rassemblement du même collectif qui regroupe en son sein plusieurs associations qui disent «Non» à la construction d’un mur autour de la future ambassade de la Turquie, situé sur la corniche. Ce mur surnommé le « mur de la honte »ou le « mur de la frustration » par les Dakarois, irrite ceux-ci qui se trouvent de plus en plus, privés de jouir des avantages de la plage où s’amassent briques sur briques.
Recul des libertés publiques
La multiplication des interdictions de protestation inquiète la société civile sénégalaise. Outre les interdictions du collectif «Non au mur », un parti d’opposition et une organisation de diplômés au chômage ont déjà fait les frais à de nombreuses reprises.
Le préfet de Dakar justifie l’interdiction de samedi par le fait qu’« une autre manifestation avait été enregistrée au même lieu et à la même heure ». Bakary Malouine Faye chargé de programme au sein du Forum civil la Raddho déclare à cet effet « toujours, c’est le prétexte de trouble à l’ordre public qui est utilisé pour interdire aux gens de marcher pacifiquement, alors que le droit à la marche est une liberté constitutionnelle, garantie, que tout Etat devrait respecter. Et cette tendance, malheureusement, est en train d’écorner l’image de la démocratie sénégalaise qui est très souvent citée en exemple ». Cet acteur de la société civile sénégalaise a aussi exprimé la grande déception du régime en place. « Après une deuxième alternative démocratique, nous pensions vraiment avoir dépassé l’époque où les autorités de ce pays interdiraient à des citoyens d’exercer librement des principes démocratiques ».
Sa déception et ses craintes sont partagées par Me Assane Dioma Ndiaye, le président de la Ligue sénégalaise des droits humains qui indique que « les Sénégalais n’ont plus le droit de manifester ». Le collectif «Non au mur » a cependant trouvé un moyen de contourner cette interdiction en opérant des portes à portes pour passer son message.
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