Affaire Icc services : le crime presque parfait du régime Yayi

Voilà 3 ans déjà que des milliers de Béninois attendent le remboursement par Icc- services de leurs épargnes.  L’espoir suscité après la promesse de campagne du président Yayi  en 2011 s’est envolé au fil des jours, laissant dans l’opinion, l’image d’un Chef de l’Etat complice et protecteur de cette escroquerie  grandeur nature.

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Laisser une structure de collecte de fonds s’installer illégalement, fermer les yeux sur ses activités pendant plusieurs années, la soutenir même dans l’illégalité, mettre fin à ses activités quand elle n’arrivait plus à rembourser ses clients,  se saisir du programme de remboursement, geler les comptes et les activités de la structure,  promettre soi- même de rembourser…puis des années après  se terrer dans un mutisme inquiétant, ignorant de tenir promesse et laisser ainsi des milliers d’épargnants croupir dans la misère.  A chaque étape du processus qui a conduit à cette évasion des épargnes des milliers de béninois, le gouvernement et son chef Boni Yayi auront montré leur complaisance, leur complicité une sorte de soutien tacite à l’escroquerie qui s’organisait.  Aujourd’hui, personne ne parle encore de remboursement. Pourtant, on se rappelle le 30 décembre 2010, comme si c’était hier, le Chef de l’Etat déclarait à l’Assemblée nationale que  « le gouvernement veillera à ce que les fonds illégalement pris soient restitués aux déposants ». Puis en campagne, le samedi 29 janvier 2011, jour même de sa déclaration de candidature au stade de l’amitié de Kouhounou, il  déclare ceci : « C’est pourquoi en réponse à la situation déplorable créée par les structures illégales de collecte de l’épargne et de placement de fonds, j’ai pris des mesures hardies pour mettre un terme aux activités illicites et immorales des fraudeurs et me suis employé avec l’appui de mon Gouvernement à faire réparer par les auteurs, les préjudices financiers causés aux populations. Les actions menées ont déjà permis de faire rembourser à 63 000 épargnants un montant de plus de 6  milliards de FCFA. Si je suis élu, je renforcerai le dispositif actuellement à pied d’œuvre afin de contraindre les structures illégales à restituer les fonds indument perçus. J’en ferai alors une grande priorité dès le début du deuxième mandat sollicité et je renforcerai le rôle de facilitateur du Gouvernement dans le dénouement de la crise des structures illégales de placement ». Entre les lignes, la promesse de remboursement a été faite. Mais depuis, rien n’a été fait. Au début, les épargnants ont fondé leurs espoirs sur les audiences et les déclarations de Mme Sévérine Lawson, Agent judiciaire du trésor(Ajt) et présidente du comité de suivi, une commission administrative ad’hoc mise sur pied par le gouvernement pour gérer les actifs des structures de placement et procéder au remboursement des épargnants. Mais depuis, elle se fait rare à la Marina. Lors de sa dernière audience à la présidence, elle qui entretenait les espoirs des épargnants se montre très sceptique, affirmant que seul le processus judiciaire peut permettre le remboursement. «L’instruction est déjà achevée. Conformément à la procédure, le dossier devra revenir au juge d’instruction qui prendra une ordonnance de clôture définitive avant l’ouverture du procès ».

Remboursement hypothéqué

Les perspectives de remboursement deviennent minces et les espoirs des épargnants s’envolent puisque le juge Toumatou en charge du dossier a été, entre temps, muté à un autre poste et l’instruction piétine. Ceci est fait exprès. Selon Me Hervé Gbaguidi, avocat des responsables de Icc services, « Si on veut être sincère, c’est eux(les membres du gouvernement) qui ont bloqué le processus. C’est pour ne pas se faire éclabousser que les gens se sont dépêchés de s’immiscer dans le dossier et réduire au silence les principaux acteurs ».  Si l’on fait attention à la gestion post-crise Icc services, on comprend qu’à chaque étape, le gouvernement fait tout pour obstruer l’évolution du processus. Lorsque cette affaire a éclaté suite à un poisson d’Avril d’un journaliste qui demandait à tous les épargnants de Icc d’aller chercher leurs sous, s’ils ne veulent pas perdre leur argent, on a observé des  soulèvements et  des mouvements aux sièges de Icc. Pour éviter de mettre le siège de l’Ong à sac,le gouvernement a envoyé des forces de l’ordre pour le protéger. Mais quelques jours après, les forces de l’ordre en faction ont disparu, laissant le terrain libre aux vandales et aux badauds. A chaque étape, le gouvernement met un obstacle pour ralentir le processus.

Pas de mémoire, pas de paiement

Une fois ce travail fait, il n’existe de plus de documents attestant que tel nombre de Béninois ont un contrat avec Icc services. Mieux, l’ordinateur central du bureau de Guy Akplogan a été saisi. « Comment dans ces conditions, les gens peuvent-ils payer ? Sur la base de quoi les gens seront-ils payés. Même le recensement n’a pas arrangé les choses avec les fausses déclarations. Dans cette atmosphère d’absence de documents et de preuves, Guy Akplogan et les siens profitent allègrement. Ils lient le paiement des gens à l’accès à la liste authentique qui  est dans l’ordinateur de Akplogan. Le processus administratif est ainsi bloqué. Idem pour le judiciaire. « Pas question de rembourser qui que ce soit puisque aucun tribunal ne les a condamnés à faire cela », clarifie Me Gbaguidi. Pour lui, la création du comité de suivi est illégale, de même que la vente des véhicules saisis chez les responsables de Icc services. « C’est illégal de rembourser qui que ce soit , ajoute-t-il. Les 1,4 milliards de francs récoltés après la vente des véhicules sont placés dans un compte au trésor. Depuis silence radio, même l’association des épargnants dirigée par Hermann Mèton ne s’agite plus. « Si vous n’êtes pas courageux, vous ne pouvez pas faire face à Mme Lawson à cause du ton et des menaces », déclare Hermann Mèton. « Ce qui complique la tâche, c’est que les victimes même se cachent, et je me sens seul dans cette lutte », regrette-t-il.  « Cette affaire se noie et les espoirs de remboursement sont très minces mais l’histoire reconnaîtra que c’est sous Yayi qu’il y a eu cette affaire et qu’il paiera après sa sortie du pouvoir  »

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