La Table Ronde de Paris : un aveu d’échec ou Médecin après la mort?

Qui l’eût cru? Après huit ans d’errements et de gouvernance hasardeuse, Boni Yayi et son régime se tournent vers la formule d’une table ronde pour réduire la pauvreté au Bénin. L’homme que le frère Melchior et ses complices de Janvier-Mars 2006 ont vendu aux Béninois comme le banquier de développement va à l’assaut des partenaires financiers pour mobiliser des ressources en vue d’opérer des changements qualitatifs sur la vie des Béninois, ce qu’il n’a pu faire depuis son avènement totalement impromptue à la tête de notre pays.

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Du mimétisme à la réalité

Boni Yayi et ses collaborateurs ont échoué dans leur réponse aux besoins des populations béninoises qui ont cru en eux en Mars 2006. Hantés par les nombreux scandales politico-financiers, ils ont concocté le KO de Mars 2011 pour s’accrocher au pouvoir, perpétuant une gouvernance incongrue, inefficace et totalement anachronique. La formule de la table ronde apparaît désormais comme la panacée pour un pouvoir aux abois et en mal de performance économique, malgré de nombreuses opportunités manquées. Certains pays ont tenté cette formule qui leur a prospéré. C’est le cas de la cote d’Ivoire qui en avait besoin pour redorer son blason économique après 10 années d’errements politiques et d’isolement économique sur fond de ruse et de reports successifs  d’élections. C’est aussi le cas du Niger après le règne  tumultueux de Mamadou Tandja qui, dans sa tentative de modifier la constitution, a trouvé les militaires sur son chemin qui lui ont barré la route, imposant au pays une transition rondement menée. Il fallait donc renouer avec les grands programmes d’investissement après ce qu’il était convenu d’appeler crise politique. C’est enfin le cas de la Centrafrique quelques semaines après l’avènement de la Présidente de la transition Madame Catherine Samba Panza à qui les bailleurs de fonds internationaux ont fait confiance à Bruxelles en Mars 2014, dans une ambiance de crise aigue. Si tous ces pays avaient des raisons de recourir à une table ronde de mobilisation de ressources, qu’est-ce qui peut justifier que le Benin emprunte la même voie, si ce n’est le mimétisme ou un aveu d’échec?

Un aveu d’échec

Oui, plus qu’un aveu d’échec, le doute est même permis sur la volonté réelle de mobiliser des ressources à consacrer au développement du pays. Après avoir essayé plusieurs fois la formule de levée de fonds dans de l’espace communautaire de l’Uemoa, il faut maintenant aller vers les milliards de dollars à travers une table ronde. L’idée aurait été bien appréciée si les concepteurs n’étaient pas des abonnés a l’échec et a des dossiers mal ficelés, faute d’avoir recours a des compétences avérées. On aurait assisté à un succès éclatant d’une telle démarche si les commanditaires n’avaient pas instauré au Benin, un système de haute corruption, du sommet jusqu’à la base de l’administration publique. Aujourd’hui au Bénin, rien ne peut se faire sans la corruption. Depuis l’abonnement à un branchement à l’énergie électrique jusqu’au retrait de marchandises importées au Port Autonome de Cotonou ou l’obtention d’un simple certificat  dans une mairie. La corruption a installé ses tentacules partout. Et quand on y découvre le pot aux roses comme ce fut récemment le cas du Directeur Général par interim sortant du PAC, on applique le tarif qui est compatible selon la région ou la proximité avec les intérêts du pouvoir. Qu’ont reproche les responsables du Millenium Challenge Corporation à notre pays pour lui refuser le second compact du Millenium Challenge Account? C’est la haute corruption et si les Béninois avaient vu le rapport y afférent, ils auraient compris que la source de leur misère n’est pas à rechercher dans un manque quelconque de ressources financières, mais plutôt dans une gouvernance  trompeuse et corrompue.

Doing Business ?

Aujourd’hui et malgré tous les discours lénifiants sur la gouvernance et l’émergence, le Bénin reste l’un des pays ou le taux de pénétration internet est le plus bas en Afrique. Comment amorcer le développement dans un tel contexte? Les promesses manquées d’électrification (cf, éléphant blanc de Maria Gléta) ou d’exploitation de pétrole ont fini par lasser les Béninois, leur laissant un goût d’inachevé S’ils n’ont pas recule d’une année à une autre, les indicateurs de Doing Business pour le Bénin sont restés plus que stationnaires. Le gouvernement lui se défend soit en accusant le processus de collecte des données par la Banque Mondiale, soit en se réjouissant d’un petit pas en avant.

Crise de confiance

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Tous ces faits prouvent à souhait que la table ronde de Paris est promise à une incertititude. Qui veut investir dans un pays gangrené par la corruption et ou les libertés individuelles sont piétinées? Qui veut investir dans un pays ou à deux ans de la fin d’un règne cahotique, les indices d’un passage en force pour se  maintenir au pouvoir sont plus qu’apparents? Qui veut investir dans un pays ou l’Internet est un luxe? Depuis que le MCC a recalé le Bénin sur des critères sans ambages, le doute est permis sur n’importe quelle entreprise de mobilisation de ressources formule table ronde, à moins de recourir au marché financier classique pour alourdir la dette du pays déjà non négligeable et dont on voit à peine l’impact.

Paris pourrait va t-il être le baroud d’honneur d’un régime aux abois et qui a raté toutes les opportunités de porter notre pays dans la modernité ou une tentative de mobiliser des ressources pour réaliser en moins de deux ans, ce que Boni Yayi et ses complices incompétents n’ont pu réaliser en huit années et plus de pouvoir? Si cette dernière hypothèse est confirmée, comment les bailleurs de fonds internationaux résoudront-ils l’équation d’après Boni Yayi promis a un départ incertain en 2016 dans la mesure ou le coût de l’instabilité politique pourrait valoir son pesant d’or?

Attendons de voir!

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