Traite négrière au royaume de Danxomè : le profil des Noirs cédés dans «Le gong a bégayé»

Contrairement à ce qui se dit dans certains ouvrages d’Histoire écrits par des Européens et même des Africains, les Noirs qui sont cédés en esclavage ne sont pas des bras valides avérés. Sans pour autant dédouaner le royaume du Danxomè de sa contribution à ce  honteux commerce, l’inspecteur Apollinaire Agbazahou a relevé le profil de ceux qui ont été cédés dans sa pièce éponyme du recueil de pièces de théâtre «Le gong a bégayé» publié aux éditions Plume Soleil en 2013.

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Qui peut mieux raconter notre histoire, en dehors de nous-mêmes?». C’est là une question que pose le Roi du Danxomè qui, dans la pièce éponyme du recueil de pièces de théâtre «Le gong a bégayé» (2013), éditions  Plume Soleil, de l’Inspecteur Apollinaire Agbazahou, remet en cause certains aspects de ce qui a toujours été relaté sur la traite négrière dont le royaume de Danxomè était un des marchés.

 «En tout cas, pas des quêteurs  de faits exotiques soucieux de se tailler un renom»,  écrit l’auteur de «Le gong a bégayé» qui prête sa plume au roi de Danxomè (P.92). Il n’est pas question de dédouaner le royaume de Danxomè, tout comme il ne faut pas laisser entretenir le ‘’faux’’. L’Histoire du Danxomè telle que rapportée, porte encore des zones d’ombres, voire des contrevérités selon l’auteur qui amène le lecteur à découvrir, comme le prince acculturé Vidaho,  une nouvelle version de ce passé noir.

Les vendus?

«Les enfants les plus valides ont été arrachés au continent noir pour alimenter le commerce triangulaire». Ces paroles sont d’un artiste très connu au Bénin. Et au-delà de ce morceau, c’est  une des versions divulguées dans la plupart des livres d’histoire. Et pourtant ce n’était pas le cas. Du moins au Danxomè selon Apollinaire Agbazahou.  

Apollinaire Agbazahou, l’auteur de «Le gong a bégayé» évoque son entrée dans le cercle des écrivains

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Au cinquième symbole de la pièce qui est composée de six symboles, le Kpanlingan, griot du Roi et mémoire du royaume, instruit sur la qualité de ceux qui sont vendus en esclavage. Ce sont «les captifs de guerre rebelles et très récalcitrants» qui sont cédés apprend ce personnage (P.95). en dehors de ceux-ci, poursuit-il, «il y a aussi les prisonniers de guerre qui n’ont aucune qualification professionnelle.» et pourquoi? «Le Danxomè a horreur de la fainéantise. Elle génère toutes sortes de vices». Contrairement à ce qui se dit des bras valides vendus, selon le griot, «tous ceux qui ont une spécialité à faire valoir, sont conservés au Danxomè et finissent même par être affranchis». Cerise sur le gâteau,  ces prisonniers se marient parfois  à des «princesses» du Danxomè. Il n’y a pas que ça.  La pratique de l’esclavage était assez courante dans les anciens royaumes. Le Danxomè en avait payé un lourd tribut au royaume d’Oyo (Nigéria). Cette pratique est dite «Ayonoudjo» en référence à Oyo. «Sous le  Roi Agadja, le Danxomè était réduit en esclavage» apprend le Kpanlingan qui explique. En contrepartie de la vie paisible  vie que le royaume dominateur d’Oyo accordait au Danxomè, celui-ci donnait annuellement un tribut de «41 jeunes hommes, 41 jeunes filles, 41 barils…» (P.97). et le comble de cette humiliation, était qu’un «Prince fasse partie de l’expédition». Ce fut le cas avec le prince Avissou revenu de l’esclavage qui est devenu Roi sous le nom de Tégbéssou, et qui adopta l’Abêti, le chapeau couvre-joues pour couvrir les balafres qu’il a ramenées du royaume Nago d’Oyo. Héritage qui existe encore jusqu’à nos jours.

 

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