Attribution des deux lots de la route Parakou-Djougou : un énième scandale sous Yayi

Sous le régime Yayi, les scandales et les prévarications se succèdent et ne se ressemblent pas. Au ministère  des Travaux Publics et des transports, un autre s’y prépare activement. Deux lots de la route Parakou Djougou financée par la Boad auraient été attribués à une entreprise burkinabé qui a montré ses limites dans plusieurs chantiers par le passé.

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Selon  des sources bien introduites au Ministère des Travaux publics ,c’est  sur financement de la Banque ouest africaine de développement(Boad) et de certaines banques commerciales que notre pays, le Bénin a initié les travaux de réhabilitation et de reconstruction de la route Parakou-Djougou. Seulement, ce mécanisme de ce financement pose problème. En plus de sa participation sous forme de prêt, la BOAD devra être rémunérée par le Bénin pour lui mobiliser le financement complémentaire auprès des banques commerciales. Ce qui renchérit de façon excessif le coût de revient du projet. Mais là n’est pas le problème. C’est que malgré ce prêt onéreux que les générations futures vont passer des années pour rembourser, le lot le plus important, soit 40 km en 2×2 voies, serait sur le point d’être attribué avec la bénédiction de la BOAD à une entreprise burkinabé qui a donné les preuves de son incapacité aussi bien au Bénin qu’au Togo(pays du siège de la BOAD) à réaliser des travaux routiers de qualité et dans les délais. Au Bénin par exemple, une route d’environ 19 km a été confiée à cette entreprise dans l’Alibori dans des conditions scabreuses (réduction de 29% de son offre financière en pleine procédure et après l’attribution définitive du marché par la DNCMP à une autre entreprise) pour un montant TTC d’environ 9 milliards de francs CFA sur financement du Budget National.

La Boad au banc des accusés

Il est très peu appréciable la position prise par la Boad dans ce dossier. On ne comprend pas pourquoi la banque censée accompagner le Bénin dans son développement s’est-elle empressée de valider cette attribution de marchés alors qu’elle savait très bien que cette entreprise éprouve de sérieuses difficultés à exécuter les marchés à elle confiés. On peut citer au  Togo, les routes Dapaong-Ponio (38 km), Dapaong-Borgou (49 km) et Cincass-Tandjoure (63 km) confiées à cette entreprise et pour laquelle la Boad a conduit des missions d’audit dont les conclusions n’ont jamais été publiées par elle. Sur ces trois chantiers, de  grands retards ont été notés allant jusqu’à deux fois délai contractuel sans oublier la mauvaise qualité des travaux.  Il est curieux que la Boad s’est tue sur ces graves insuffisances de cette entreprise burkinabé pour valider son recrutement sur le lot 1 et 2 de ce marché devant une entreprise tunisienne qui a postulé pour le lot 2. Cette entreprise  n’aurait pas déclaré dans son offre qu’elle avait gagné deux marchés récemment au Burkina-Faso (74 milliards) et au Togo (17 milliards). On peut déjà s’interroger sur le fait que la Boad n’ait livré que les informations dont elle dispose sur l’entreprise tunisienne mais pas sur l’entreprise burkinabé. Pourquoi n’a-t-elle pas dit dans son avis qu’au Burkina-Faso, la Bad a récemment annulé un marché attribué à cette entreprise burkinabé pour des pratiques dont la connaissance par les cadres béninois des TP aurait été dommageable pour cette dernière ? Surtout que c’est dans le cadre de la même procédure que l’entreprise tunisienne aurait gagné des marchés au Burkina-Faso sans les déclarer dans son offre au Bénin. Ce comportement de la Boad est  sujet à des interrogations.

Quid du ministère ?

Qu’est ce qui peut motiver les cadres des Tp à prendre la décision d’attribuer un marché de plus de 31 milliards à une telle entreprise alors que cette dernière n’est à peine qu’à 40% d’avancement des travaux pour plus de 200% de consommation du délai contractuel ? Ce qui fait mal c’est que les cadres des Tp se sont pas comportés comme des  professionnels dans la mesure où, dès réception de cette décision de la Boad, ils se sont exécutés sans aucune vérification, ni en direction de l’entreprise en question, ni en direction de leurs homologues du Togo et du Burkina. Pis, pour éviter certainement que la Dncmp(la direction nationale de contrôle des marchés publics) ne censure leur démarche en leur demandant éventuellement de procéder aux vérifications nécessaires avant toute décision, ils ont repris le rapport sur la base de la décision de la Boad et l’ont envoyée directement à cette dernière sans la censure de la Dncmp (en se contentant de lui adresser une copie dudit rapport déjà envoyé à la banque pour avis de non objection). Certainement elle (la BOAD) va s’empresser de valider le nouveau rapport pour parfaire le crime. Dans ce rififi, il urge que la Dncmp à prendre ses responsabilités en saisissant la Boad  pour l’annulation du rapport envoyé sans son avis. Le Fonac pourrait sauter sur ce scandale pour nous éclairer davantage. Le faire c’est arrêter d’hypothéquer par nos actes de corruption, l’avenir des générations futures qui ne manqueront pas de nous demander des comptes.

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