Départ du pouvoir en 2016 : Yayi n’a pas encore dit son dernier mot

Plus on s’approche de 2016, une peur bleue s’empare de Boni Yayi. Le Chef de l’Etat qui avait fait la promesse au Pape Benoît XVI et à Obama de quitter le pouvoir en 2016, trouve le moment propice pour tenter un dernier numéro. Comme le K.O de 2011, ceci aussi pourrait marcher. Qui sait ?

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Oubliées les déclarations faites devant le pape Benoît XVI à Cotonou en Novembre 2011 ! Ce pape n’est plus le patron du Vatican. En Avril 2016, Barrack Obama serait toujours au pouvoir mais son influence sur le monde serait mineure. C’est l’année des élections aux Etats Unis et donc son président serait en train de préparer son départ. Les autres, c’est gérable. Comme d’ailleurs à l’interne où les faucons de la chose politique sont tous hors jeu. Kérékou, Soglo, Amoussou et Houngbédji sont tous frappés par l’article 44 de la constitution du 11 décembre 1990. Qui reste-t-il ? Nago ? Koupaki ? Bio Tchané ? Houndeté ? Sèhouéto ? Lehady Soglo ? A la Marina, on sait qu’aucun d’eux n’aura le courage , la force et la possibilité de résister au rouleau compresseur de la majorité présidentielle. Les témoins de la promesse de laisser le pouvoir en 2016 n’étant plus là, les acteurs politiques devenus amorphes et impotents, le chemin semble balisé pour tenter quelque chose. Yayi l’a si bien et si vite compris qu’il s’est déjà mis à l’œuvre.  Au lieu de travailler pour son retrait du pouvoir, il le renforce par tous les moyens. D’abord à travers la propagande. Le pardon en est un exemple patent. Hormis le souci d’éviter au Bénin le paiement d’une forte amende pour non respect d’engagement pris, il y a la volonté de vendre un produit : Boni Yayi. Il fallait montrer une de ses dernières facettes jamais démontrée,  c’est sa capacité à pardonner ses bourreaux et malfaiteurs. Ce président- à l’image de Jésus Christ- sait utiliser le pouvoir du pardon. C’est une marque d’humilité et de grandeur abondamment servie au peuple ces jours-ci. La propagande, c’est la communication abusive, agressive et désordonnée autour de toutes les actions du gouvernement. Yayi qui va planter des arbres un 1er Juin, ça suffit pour arracher la manchette des tabloïds de la place et faire le buzz sur le petit écran. « Il aime l’environnement, il aime son pays, projet 8 millions d’âmes, 8 millions d’arbres… » et tutti quanti. Les ministres aussi sont des préposés à la propagande gouvernementale. Certains parmi eux, ne font que ça. Naomie Azzaria va dans les 2Kp(Kouandé, Kérou, Pehounco), sa région natale et plaide qu’elle soit désormais la chasse gardée des Fcbe. Komi Koutché va à Bembèrèkè et proclame que «  la fin d’un pouvoir n’est pas la fin des hommes du pouvoir ». Idem pour le marathonien Barthélémy Kassa qui, depuis qu’il a  ajouté à son ancien maroquin de la recherche pétrolière hypothétique l’immense ministère de l’énergie, parcourt monts et vallées  et tous  les hameaux du septentrion pour annoncer tout ce que Yayi fait et ne fait pas : routes, énergie électrique, eau, école, hôpitaux, réussite cotonnière…A entendre ce ministre, tout réussit bien au Bénin. L’équipe gouvernementale tout entière, à l’exception notable de quelques ministres s’est muée en un conglomérat d’agents électoraux qui quadrillent le pays en cercles concentriques partant de leur lieu de naissance  jusqu’à ceux de leurs collaborateurs triés sur le volet.

Elections, micro crédits…

A la Marina, on ne néglige rien. En même temps qu’on travaille pour déstabiliser les potentiels candidats qui prennent de l’avance sur le terrain(cas du Général Gbian, Koupaki,Bio Tchané et autres…), on prépare les prochaines élections avec beaucoup de conviction. Lors des élections municipales et législatives prochaines, Yayi n’entend pas perdre. Il veut rafler toutes les communes et avoir une majorité écrasante à l’Assemblée avec des députés plus manipulables. Par de fortes pressions et de chantages, les rares maires de l’opposition à se rallier à la majorité présidentielle. Pour les législatives, c’est Yayi lui-même qui compose sa liste. Dans le même temps, le gouvernement multiplie les œuvres de propagande. C’est le cas des micros crédits qui ont constitué la clé du fameux k.o. de 2011. Pour séduire les masses analphabètes, le montant des prêts est passé à 50.000f. Depuis, les femmes sont réveillées. Aux jeunes, on a promis des milliers d’emplois par le truchement d’une enveloppe de plusieurs milliards.55  milliards au dernier décompte. Sans aucune indication sur la provenance de tels fonds et en l’absence de tout collectif budgétaire. L’Organe consultatif de la jeunesse(Ocj) reçoit des subsides pour faire une tournée nationale. Là aussi  c’est la propagande qui est en marche.  D’énormes prêts sont consentis pour financer à partir de 2015 des infrastructures routières. Un trésor de guerre est en train d’être mobilisé pour soudoyer les populations(les milieux diplomatiques évoquent la faramineuse somme de 70 milliards) et les amener elles mêmes à demander un troisième mandat pour Yayi qui fait recours à l’expertise de ses homologues du Tchad et de la Guinée Equatoriale dans ce domaine. On ne compte plus le nombre de ses visites dans ces deux pays. Plus on se rapproche de 2016, la promesse de partir du pouvoir se raréfie dans les discours présidentiels. Yayi met en œuvre discrètement son plan, lui qui sait si bien donner le clignotant à droite et tourner à gauche. Pendant ce temps l’opposition reste quasi aphone et amorphe comme frappée d’apoplexie.

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