Epilogue des affaires « Patrice Talon » : pour un dégel total, Boni Yayi doit aller au-delà d’une simple main tendue

Dans une interview diffusée sur Rfi ce lundi 23 juin, Boni Yayi tendait la main à Patrice Talon ; cet hommes d’affaires avec qui il a des déboires juridiques et économiques. Pourtant, d’autres discours et  actes de Boni Yayi suscitent des réserves quant à cette apparente bonne foi qu’il tente d’afficher.

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«  Mon cher compatriote, Patrice Talon est libre de ces mouvements, il peut venir (au Bénin). En tant que père de la nation, je suis prêt à lui accorder une audience s’il la demande, comme cette audience est réservée à tout citoyen de mon pays.» C’est ce qu’a  affirmé le président Boni Yayi dans une interview accordée à Christophe Boisbouvier (Rfi). L’interview diffusée dans « Afrique Matin », édition de ce lundi 23 juin, est la première réaction à l’international de Boni Yayi depuis son fameux pardon du 14 mai dernier. A cette date, par un discours solennel, le chef d’Etat béninois avait annoncé qu’il  a accordé son pardon à Patrice Talon et à tous ses co-accusés des affaires « empoisonnement et coup d’Etat ». Le richissime homme d’affaires  béninois étant accusé par le régime d’avoir voulu mettre un terme à la vie ou au mandat de Boni Yayi. Depuis le début de la guéguerre, entre  le président de la République et celui qui a la réputation d’avoir été son bras financier en 2006 et 2011 (élections présidentielles), ce dernier s’est réfugié à Paris, la capitale française.

A travers sa déclaration sur Rfi, Boni Yayi tend donc la main à Patrice Talon, l’invitant implicitement à mettre fin à son exil. Seulement, cette main tendue intervient dans un contexte où la guerre entre les deux hommes n’est pas totalement terminée. Sur certains aspects, la bataille a juste changé de forme ; passant du pénal à l’arbitral.

D’abord, les deux mandats d’arrêts internationaux lancés contre Patrice Talon par la justice béninoise sont toujours en vigueur. Ensuite, concernant l’affaire du Programme de Vérification des Importations de nouvelle génération (Pvi-Ng), la bataille juridique est âpre entre l’Etat béninois et Patrice Talon. Les deux parties  sont dans une procédure de conciliation dans laquelle le langage du Gouvernement béninois reste guerrier. On se rappelle encore les réactions va-t-en guerre de Boni Yayi et les siens suite à une sentence d’un tribunal arbitral de l’Ohada qui condamnait l’Etat à payer à Patrice Talon 129 milliards de Fcfa ou à retourner à sa société Bénin Control le contrat d’exécution du Pvi. On peut comprendre la contestation du verdict de ce tribunal arbitral de l’Ohada par le Gouvernement béninois. Cela devrait se faire avec la manière ; suivant notamment les voies juridiques indiquées. Et non avec l’intention affichée de livrer à la vindicte populaire un compatriote qu’on prétend pourtant avoir pardonné. Autre guerre, celle du coton. Ici, le Gouvernement fait vivre la misère à Patrice Talon(…)

Relations tendues

Au-delà de la seule personne de Talon, les relations entre le régime Yayi et le milieu local des affaires ont été particulièrement tendues ces dernières années. Il y  a notamment  cette autre guerre qui ne dit pas son nom entre Sébastien Ajavon et le Gouvernement. Qui s’est aussi mis à dos Samuel Dossou Aworet avec l’affaire du projet Epine Dorsale. La parfaite illustration de la tension entre Boni Yayi et les milieux d’affaires béninois est le boycott de la Table ronde de Paris par le Conseil national du patronat (Cnp-Bénin). On tombe d’ailleurs des nues en apprenant que le Bénin a organisé une Table ronde des investisseurs à laquelle les hommes d’affaires locaux n’ont pas été associés.

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Boni Yayi doit alors aller au-delà des simples discours d’apaisement tenu pour bluffer l’Extérieur e Il doit poser  des actes concrets visant à mettre fin à la chasse aux hommes d’affaires qu’il soupçonne de financer des politiciens qui ne sont pas aux ordres. Comme aime bien le ressasser le député « mouvancier -critique» Candide Azannai, il faut mettre fin à la destruction du capital privé national. Le reste n’est que simple astuce  pour séduire l’extérieur.

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