Haac 5è mandature : la descente aux enfers programmée pour la presse

Le décret présidentiel N°20-14-370 du 20 juin 2014 a fixé les uns et les autres sur  le visage de la prochaine Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication(Haac). Au regard des six personnages désignés par les pouvoirs politiques, on a des raisons de croire que cette Haac sera plus politique que jamais avec des membres qui semblent être investis de missions particulières.

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Pris le vendredi soir au retour de Paris, le décret présidentiel  N° 20-14-370 a été rendu public hier matin. Les trois personnes désignées par le Chef de l’Etat sont  le député Adam Boni Tessi, l’avocate Gracia Noutaïs Holo et Lambert Dogo, un prétendu communicateur très peu connu. A ces trois devront s’ajouter les trois désignés par l’Assemblée nationale qui sont Pascal Zantou, ancien journaliste, Félix Adimi, maire de Savè (un recours est formulé contre lui devant la Cour constitutionnelle) et Brigitte Houngnibo. Et les trois professionnels élus par leurs confrères qui sont Souleymane Ashanti, Marie-Richard Magnidet et Romaric Kessou. Deux choses retiennent l’attention quand on analyse bien cet effectif. C’est d’abord le nombre assez important de politiciens. C’est pour la première dans l’histoire de cette institution que deux hommes politiques ayant un mandat politique en cours sont désignés pour siéger dans cette institution dite de contre-pouvoir. Il s’agit du député Adam Boni Tessi et du maire Félix Adimi arrêté en 2010 pour une affaire de malversation financière à la tête de cette marie. Souvent, on y envoie des hommes politiques qui ne sont plus trop opérationnels et qui ont besoin de maroquins du genre pour se taper une bonne retraite politique. Cette fois-ci, c’est un député  et un maire en fonction, tous des Fcbe. La deuxième chose, c’est la nomination de conseiller sans grand charisme, qui n’ont pas un parcours professionnel séduisant. Le Chef de l’Etat adore nommer des gens qu’il pourra bien manipuler après. 

Une Haac presque aux ordres

Avec ces nominations, il faut s’attendre à ce que la prochaine Haac soit totalement aux ordres des politiques. En effet, à voir les neuf membres désignés, on voit clairement que l’honorable Adam Boni Tessi  est parti pour diriger la prochaine Haac. Cette raison tient même à son titre de députés. En tant que tel, son mandat court jusqu’en mars 2015. Mieux, il n’est pas évident qu’il ait pu accepter cette nomination  si on ne lui a pas promis le poste de président de cette institution. En effet, les avantages que lui offre son poste de député sont plus importants que ceux d’un simple conseiller à la Haac. Il n’est pas possible de le voir à un autre poste du bureau que ça. D’ailleurs, selon certaines sources, cette nomination du député de Nikki en tant que président de la Haac est plus qu’officielle. Ce positionnement peut susciter encore des interrogations dans la mesure où ce député est resté trop fidèle au Chef de l’Etat depuis  qu’il a quitté la mairie pour le palais des gouverneurs. On pourrait en dire autant du maire Félix Adimi. Quid de Mme Gracia Noutaïs Holo, épouse de l’actuel président de la Cour constitutionnelle ? Sa nomination pourrait bien être le fruit d’un deal entre le Chef de l’Etat et le couple. Avec cette nouvelle Haac,il faut dire adieu à la liberté de presse au Bénin. Ces conseillers ressemblent bien à des conseillers- liges envoyés à la Haac pour exécuter les missions que vont leur confier leurs mentors politiques. Dans tous les cas, son bilan risque d’être plus catastrophique que celui assez médiocre de la mandature  actuelle composée pourtant de six anciens journalistes chevronnés.

Yayi-Holo : un accord secret ?

Les féministes devraient beaucoup se complaire dans la composition de cette nouvelle Haac qui contient deux femmes. Mais les hommes politiques, surtout ceux qui ne soutiennent pas le Chef de l’Etat, devront s’interroger et même s’inquiéter de la nomination de l’avocate Gracia Noutaïs Holo, épouse du professeur Théodore Holo, actuel président de la Cour constitutionnelle. N’y a-t-il pas au Bénin d’autres femmes qui puissent occuper ce poste ? Il n’est pas bienséant de nommer dans deux institutions de la république un  homme et son épouse. Dans plusieurs cas,la Cour constitutionnelle veut être amenée à connaître de la constitutionnalité des décisions rendues par la Haac. Tout se passe comme si cette nomination répond à un accord secret entre Yayi et son « docile » président de la Cour constitutionnelle. Cette  nomination pourrait bien être une astuce de Boni Yayi pour rendre encore Théodore Holo « plus docile » et pour qu’il satisfasse à tous les services qu’il aurait à lui demander dans le futur.

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