On l’avait un peu oublié, Sanusi Lamido sanusi, le truculent ex-gouverneur de la Banque centrale du Nigéria, depuis la nomination de son successeur.La débâcle financière que pourrait provoquer le limogeage du gouverneur « populaire » d’une banque centrale n’a pas eu lieu.
Tout le monde avait cru alors que le trublion avait baissé pavillon, las de critiquer de manière véhémente et sans prendre de gants, la corruption endémique qui sévit au Nigeria. Erreur ! Sanusi Lamido Sanusi vient de réapparaître là où personne ne l’attendait :à la tête de la grande métropole de Kano comme ….Emir .Selon le site jeune frique.com« Avec le sultan de Sokoto et le Shehu de Borno, l’émir de Kano est l’un des chefs religieux traditionnels les plus influents du nord du Nigeria, majoritairement musulman ».On se souvient en effet que Lamido Sanusi est ce gouverneur de la Banque centrale du Nigeria qui s’est fait littéralement virer comme un malpropre en février dernier par le président Goodluck Jonathan après une virulente dénonciation de la corruption dans le secteur pétrolier. Dans la foulée, son passeport avait été saisi par la police, lui interdisant de facto toute sortie du territoire nigérian. Malgré une décision de justice sommant la police de lui rendre s on passeport, il est resté de longs mois sans le précieux document.
Nigeria : affrontements à l’investiture du nouvel émir de Kano Sanusi Lamido
Cette réapparition soudaine laisse les observateurs de la vie politique nigériane perplexes. Et la question qui vient à l’esprit est celle-ci :Que va chercher Lamido Sanusi dans cette galère religieuse ,lui, qui a tous les atouts pour mener une belle carrière dans la haute finance ?Il est vrai Lamido sanusi a la réputation d’être un musulman fervent qui , en plus de ses diplômes académiques « profanes », pour ainsi dire, a fait des études islamiques dans la célèbre université d’études islamiques de Khartoum .Mais l’homme a bâti sa solide réputation de grand manager à la tête de plusieurs banques du Nigéria avant de diriger avec succès la puissante Banque Centrale du Nigéria. Avec un tel background salué en son temps par le célèbre magazine Times ,il ne devrait jamais connaître le chômage. Pourquoi donc a-t-il choisi de prendre la succession d’un émir dont le fils biologique est l’un des prétendants au trône ?Les affrontements sanglants observés lors de son intronisation ne sont-ils pas un signe des lourds nuages qui planent à l’horizon de son règne ?Quand on sait qu’en plus des intrigues de palais aux habitudes moyenâgeuses, le nouvel émir devrait gérer les dissensions politiques dans une région secouée par la nébuleuse Boko Haram mais aussi dans une ville de Kano dont le gouverneur a basculé récemment dans le camp de l’opposition, on ne peut manquer de s’interroger sur le destin singulier de ce nouvel émirqui a tous les traits des héros des tragédies grecques.
Nos frères ivoiriens qui cultivent l’humour jusqu’à l’auto-dérision dans la vie publique commedans les chansons de leurs artistes diraient de cet homme qu’il « aime chercher palabre là où il y en a pas ».Hier, gouverneur de la célèbre banque centrale du Nigéria, il aurait pu s’éviter des ennuis en faisant comme le singe du tableau qui s’oblige à ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire dans un pays où tout le monde marche sur la tête. C’est en effet à quatre mois de la fin de son mandat de gouverneur qu’il savait qu’on n’ allait pas lui renouveler, qu’il choisit d’attaquer la puissante société nationale de pétrole NNPC…. qui alimente tous les réseaux mafieux de corruption de tout le Nigéria, alors qu’il se savait impuissant. La belle preuve : son limogeage n’a suscité aucun émoi ni dans les médias ni dans la banque qu’il administrait à coups de tchatch, encore moins dans l’opinion où personne ne comprenait pourquoi ce monsieur parlait tant !Aujourd’hui où les portes d’une carrière brillante s’offre à lui, le voilà qui choisit de retourner dans le carcan sclérosant de la tradition ancestrale des successions dynastiques et les jeux d’intrigues des palais royaux. En choisissant ainsi de réapparaître sur la scène politico –médiatique par la petite porte…. de la foi, il s’oblige à un équilibrisme qui s’apparente à un jeu de funambule. Le pourfendeur de la corruption devenu émir, grâce au coup de pouce d’un gouverneur devenu opposant à un président qui cherche à se succéder à lui-même aura fort à faire pour ne pas apparaître comme un soutien sinon occulte du moins condescendant de lanébuleuse Boko Haram. « Cabri mort ne craint pas couteau » disent encore nos frères ivoiriens !
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