Pour Alphonse Quenum

Oraison funèbre. C’est l’ultime flamme qu’allument les vivants en hommage à l’un des leurs qui s’éteint. Les mots sont de circonstance, à la hauteur et à la couleur de l’événement. 

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En réponse, quelques gémissements retenus, quelques sanglots contenus. Même si le temps indifférent tourne et rode, c’est l’instant poignant des adieux, sur fond de souvenirs partagés.

Tout se drape du blanc immaculé du linceul. Mais la vie reste. A l’image du dernier clin d’œil rougeoyant du tison au milieu des cendres froides. Des nuages crépusculaires d’un jour qui se meurt barrent l’horizon. Mais le soleil ne continue pas moins d’enflammer d’autres points cardinaux, sous d’autres latitudes. Tout se conjugue au passé. Tout se décline sur le mode de l’hier. Reste, cependant, l’espoir têtu que nous ne mourons point.

Car, il y avait en lui la sève bouillonnante d’une révolte inextinguible contre la bêtise humaine.  Aussi, aura-t-il payé au prix fort la témérité d’avoir su et de savoir dire non.

Car, il y avait en lui des forces incompressibles de l’intelligence constamment en éruption. Aussi aura-il porté, comme la croix du savoir, la « Lux mea lex » des Latins aux quatre coins de la sous-région ouest africaine.

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Car, il y a avait en lui la foi irradiante des premiers disciples du Maître. Aussi a-t-il pu faire le pied de grue, des années durant, aux portes des ténèbres, dans l’espérance que ses yeux s’ouvrent, enfin, à la félicité éternelle du ciel.

Car, il y avait en lui cette puissance féconde du semeur, en droit d’attendre, au bout de son labeur, le juste fruit de ses efforts. Nous connaissions « le geste auguste du semeur ». Nous graverons, à titre testamentaire, dans le marbre du souvenir, « la mystique du semeur ». Pour un Bénin enfin réconcilié avec lui-même.

Il se fait tard. Va, l’ami. Au revoir Père Alphonse Quenum.

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