Modification de la constitution au Burkina Faso: la ruse de Blaise Compaoré

Dans une interview diffusée par Jeune Afrique, Blaise Compaoré, président du Burkina Faso est revenu sur la crise qui secoue son pays. Crise causée en partie par la volonté de ses proches de modifier la constitution pour lui permettre de briguer un nouveau mandat. 

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A la question de savoir s’il avait pris une décision concernant la modification voulue par ses soutiens, Blaise Compaoré a déclaré : « non, je n’ai encore rien décidé. Je suis toujours dans ma réflexion, j’écoute les uns et les autres.». Avant de poursuivre en ses termes :  « Il n’est d’ailleurs pas exclu, même si l’article 37  de notre constitution venait à être modifié, que je m’arrête en décembre 2015, comme c’est pour l’instant prévu ». Mais pourquoi faudrait-il que M. le président modifie l’article 37 de la constitution avant de se désister? Pourquoi ouvrir ce boulevard à un éventuel prochain président qui pourrait en bénéficier pour rester encore plus longtemps que lui.

« Les Burkinabè ne doivent pas se laisser prendre à ce jeu  » nous déclarait un ressortissant de la diaspora du pays. A ceux qui affirment qu’il souhaite prolonger son mandat présidentiel parce qu’il a peur du sort à lui réservé par ses détracteurs Blaise Compaoré rassure : « Si je réfléchis à ce que je ferai après 2015, ce n’est pas parce que j’ai peur de ne plus être considéré ou de m’ennuyer, ou encore la volonté de m’accrocher à mes privilèges. Ce qui me préoccupe, c’est ce que deviendra le Burkina, (…) ne pas voir détruit tout ce qui  a été mis en place. Je n’ai pas envie d’assister à l’effondrement de mon pays pendant que je me repose ou parcours le monde… Cela (…) n’a rien à voir avec le devenir de ma petite personne». 

A cette déclaration, nous souhaitons informer le président Compaoré que, à notre humble avis, si son souhait est effectivement d’améliorer le quotidien de ses ressortissants, et garantir une paix véritable au pays, il serait judicieux d’éviter toute modification de la constitution, en tout cas, de son article 37. Pourquoi? Tous les pays qui ont vu un président perduré à leur tête ont fini par connaître des troubles. Le cas de la Côte d’Ivoire est encore présent dans les esprits. Malgré les acquis du pays, les nombreuses années passées sous le règne de Feu Félix Houphouet Boigny n’ont pas favorisé un environnement de paix à son décès. A moins qu’il ait également trouvé une faille dans la biologie humaine qui lui permettrait de gouverner Ad vitam æternam, il est vivement déconseillé de s’éterniser au pouvoir. Le temps des royaumes en Afrique est révolu, et personne ne possède la science infuse pour diriger à vie une institution, fut-elle la plus grande.

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