Bénin : le Gouvernement accule et provoque la foudre des conducteurs de moto

Après les opérations piste cyclable, port obligatoire de casque et  immatriculation, le gouvernement vient d’introduire une nouvelle mesure plus contraignante  à l’endroit  des conducteurs d’engins à deux roues. Il s’agit de l’instauration du port de trousse de secours par tout conducteur de moto. Déjà trop de réformes  concernant une population cible qui finira par se sentir acculée. Et là, le Gouvernement de plus en plus, rapproche Cotonou de Sidi Bouzid, la ville d’où est partie la révolte tunisienne.

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Mais que diable, veut le Gouvernement Boni Yayi  des conducteurs de motos ? C’est bien la question qui mérite d’être posée au regard de la multiplicité des réformes mises en œuvres concernant la circulation des engins à deux roues au Bénin. Après l’opération piste cyclable, l’imposition du port de casque, l’immatriculation obligatoire des motos, le gouvernement vient d’instaurer une nouvelle réforme concernant la circulation des engins à deux roues ou à trois roues en République du Bénin. Cette autre réforme veut que tout motocycliste soit muni  d’une trousse de secours. Elle est instaurée par un arrêté interministériel en date du 31 juillet 2014. Le document est signé  par les ministres de la Défense nationale, la Santé, l’Intérieur et celui des Transports. « Pour assurer la sécurité des usagers de la route, il est institué en République du Bénin l’utilisation d’une trousse de secours par tout utilisateur de véhicule et d’engin à deux roues ou à trois », stipule l’article premier de l’arrêté qui prend effet dès la date de sa signature et sa publication au journal officiel. L’article 2 précise la composition de la trousse de secours. Il se compose de douze éléments dont  le coton, l’alcool modifié à 75%, un baume anti inflammatoire, des éponges hémostatiques GELITA SPON, le sérum physiologique, des lames bistouris. Et le dernier article du document invite le Centre national de sécurité routière et les forces de sécurité publique à veiller à la stricte application de la mesure par les usagers de la route.  

Quand ils se sentiront acculés…

Obligation de circuler dans les couloirs réservés au trafic local (Opération piste cyclable), port de casque, immatriculation et maintenant, trousse de secours. Ça fait déjà trop de réforme sur la même population cible dans une seule année. Notamment dans un pays où dans les grandes zones urbaines, au moins une famille sur cinq possède une moto au moins. Que visent le gouvernement et la police ? Si ce n’est de l’acharnement, ça y ressemble bien. Cette histoire de trousse de secours soulève d’ailleurs quelques questions ? Combien coûte-t-elle ? Où va-t-elle être gardée au niveau des motos ? Comment est-elle utilisée ? Quand les populations seront-elles formées à son utilisation ? Autant de questions que l’on se pose. Mais celle qui va tarauder les esprits concerne notamment le coût de la trousse de secours. Dans un pays où le salaire minimum garanti (Smig) est de 40 000, il urge d’éviter d’acculer les populations avec des réformes qui leur feront beaucoup dépenser dans la même année.

L’objectif des autorités à travers ses nombreuses réformes est sans doute d’œuvrer à réduire au maximum de nombre de victimes des accidents de circulation routière. Bonne intention. Mais quand des réformes du genre sont  programmées ou mal exécutées, elles peuvent déboucher sur des tensions sociales. Dans un contexte où le gouvernement a déjà créé d’autres sources de frustration dans le pays, les populations pourraient finir par se sentir acculées avec ces mesures qui n’apportent pas de réponses aux problèmes du chômage et de morosité économique. Tout porte à croire que le Gouvernement cherche lui-même une poche de détonation populaire. Si non, des autorités qui se soucient de la tranquillité et la cohésion sociale ne peuvent enchaîner ce type de réforme à l’endroit d’une population qui ne fait que crier galère. Boni Yayi devrait inviter ses ministres à abroger immédiatement cet arrêté. En décembre 2010, lorsque Mohamed Bouazizi s’immolait à Siddi Bouzid, en Tunisie, personne n’imaginait que cette expression isolée d’un ras-le-bol déboucherait sur la révolution du jasmin, puis le printemps arabe, avec ses bouleversements dans le monde arabo-musulman. Le Bénin n’est pas la Tunisie. Mais attention. L’artiste ivoirien de Reggae disait : « Autant on peut fabriquer des révoltés avec des doctrines, on peut aussi en fabriquer avec l’injustice ». Et le Gouvernement Yayi doit savoir que les révoltés, on peut également en créer avec  des réformes qui prennent l’allure d’un acharnement contre une frange importante de la population. Mieux vaut prévenir que guérir !

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