Cet hémicycle qui nous fait si honte !!!

C’est sur l’une de nos chaînes de télévision que revient le mérite de nous avoir montré ces derniers jours l’intégralité des débats qui ont eu lieu à l’Assemblée nationale sur la suppression du droit de vote aux magistrats. 

Publicité

Elle prenait ainsi le contre pied de la télévision nationale qui, obnubilée par la propagande gouvernementale avait consacré ses temps d’antenne à toutes les manifestations entrant dans le cadre de la fête nationale du 1er août. A l’opposée des pérégrinations présidentielles, des causeries à faire dormir debout – dont cette chaîne en a le génie – du défilé militaire insipide de la place de l’Etoile rouge et du match de football décousu du stade de l’amitié, elle montrait une autre image du pays, celle du Bénin politique hanté par les vieux démons de la division et des affrontements inutiles. Elles ont surtout montré un parlement où des analphabètes, baragouinant à peine en français, se posent en des donneurs de leçon de démocratie. Ça volait si bas avec des propos régionalistes, des injures et des raisonnements teintés d’une ignorance préoccupante. La médiocrité était ambiante et fait dire à un confrère gabonais « votre assemblée est remplie de nuls hein ! ». Beaucoup de gens n’ont pas compris comment cette institution, jadis si prestigieuse et si relevée, ait pu tomber en si peu d’années dans de mauvaises mains. Au début des années 90, du temps où on était plus jeune, l’Assemblée nationale passait pour un véritable sanctuaire politique. N’y entrent que des hommes politiques chevronnés qui ont blanchi sous le harnais et qui ont une certaine crédibilité. C’était le temps des Tévoédjrè, des Détchénou, des Borna, des deux(02) Pognon, des Saka Kina, des Paoletti, des Joseph Adjignon Kèkè, des Pascal Chabi kao qu’on prenait du plaisir à écouter. Tous étaient des intellectuels accomplis. Mais au fil des années, le pouvoir de l’argent aidant, les hommes d’affaires ont pris progressivement la place des hommes politiques et des intellectuels. A l’Assemblée aujourd’hui, les éminences grises se sont raréfiées. On n’y compte plus les petits vendeurs de véhicules d’occasion, les prédicateurs évangélistes, les transitaires mal scolarisés, les « broyeurs de testicules », les devins à peine sortis de l’indigénat, les ploutocrates en quête de prestige personnel, les potentats et autres valets préposés à la propagande gouvernementale. Depuis, la conviction a disparu du parlement. Les votes ici seraient conditionnés à la quantité de billets de banque reçus. Le niveau du début a baissé au point où Orou Sé Guéné, député Fcbe n’a pas eu froid aux yeux pour dire qu’il votera la loi qui supprime le droit de grève aux magistrats puisque, dit-il, « aucun magistrat n’a voté pour lui pour qu’il soit député » au contraire, « ils ont enfermé ses électeurs ».

Cette thèse est purement régionaliste, purement discriminatoire puisqu’elle exclut les magistrats de son électorat. On peut comprendre, il n’y a pas de magistrat originaire de « chez lui ». Mais, les déclarations les plus graves sont venues de Rachidi Gbadamassi. Il est l’archétype même de cette race de députés qui essaime notre parlement. Au cours des débats sur le retrait du droit de grève aux magistrats, il affiche sa détermination à conduire cette proposition de loi jusqu’à son vote, quoique cela lui coûte. Il fait ainsi allusion à la prison qu’il dit être prêt à y retourner au regard de la persécution judiciaire dont il est l’objet ces jours-ci pour l’affaire du juge Coovi. Il fait une curieuse apologie de la prison. « L’homme politique ne doit pas avoir peur ni de la prison, ni de la mort ». Cela voudrait dire que lui qui est accusé d’être le commanditaire d’un crime de sang mérite mieux son titre d’homme politique que bien d’autres excellents députés qui n’ont jamais fait les bagnes. Mais là n’est pas le problème. Ce qui est grave, c’est son inclination à faire la promotion des anciens prisonniers dans la politique. Quand le discours politique arrive à ce degré d’indignité, on peut comprendre que la situation est préoccupante. Je vois l’analphabétisme ronger gravement notre parlement et comprend que la plus grande richesse qu’un parent peut léguer à son enfant c’est de l’avoir instruit car, « l’école est sanctuaire autant que la chapelle ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité