Après le premier Manifeste qu’il a écrit pour le « Mouvement chrétien pour changer le monde (Mcpm) dont il est le fondateur, Dr Albert Gandonou, Béninois ayant la particularité d’être un militant à la fois chrétien et communiste, vient de publier un second Manifeste intitulé «Comment je suis redevenu africain» où il fait part de sa réconciliation avec le Vodoun, religion africaine à part entière qu’il place au même pied d’égalité que le christianisme.
Connaissez-vous un chrétien qui, au lieu d’appeler Dieu à envoyer le feu pour consumer le Vodoun, appelle les hommes à l’embrasser, l’aimer, défendre ses valeurs…, qui dit du bien du Vodoun? La Nouvelle Tribune en connait, un. Il a nom, Albert Gandonou, un de ses millions d’Africains déracinés, noirs de peau et blancs dans la tête. Il est question, avec lui, de son dernier ouvrage «Comment je suis redevenu africain», un Manifeste, le deuxième, qu’il écrit pour son cercle de réflexion philosophique, «Le Mouvement Chrétien pour changer le Monde », dont il est le fondateur. Dans «Comment je suis redevenu africain» qu’il vient de connaître avec les « Editions de l’Etincelle », Albert Gandonou, professeur d’Université nanti d’un Doctorat en grammaire et en stylistique françaises, «Docteur en Sorbonne et contempteur de l’Afrique et de ses valeurs » comme il se présente à l’image de Senghor, partage avec son lecteur-auditeur –l’ouvrage parle-, son expérience particulièrement édifiante d’un homme qui a eu la chance de s’affranchir de l’impérialisme religieux occidental pour se réconcilier avec sa culture, le Vodoun. Culte de ses ancêtres dont il découvre les innombrables valeurs qu’on lui avait caché pendant des décennies à coup d’endoctrinement depuis sa tendre enfance.
De l’aliénation
Comment Albert Gandonou est-il devenu étranger à sa propre culture? «Pendant longtemps, trop longtemps, j’ai partagé ce mépris des choses de chez moi » confie-t-il.P17. Cela remonte à son père, Adébiayé, «un converti volontaire» P.8, devenu Alias «Marcellin» par le baptême chrétien qui s’est fait agent du christianisme contre la religion vodoun. «Mon père (…) Adébiayé alias Marcelin est donc un converti : il a rejeté Satan et ses œuvres en renonçant à la religion traditionnelle africaine» lâche-il, sur son père. Ainsi donc la religion africaine depuis son père catéchiste à lui à qui le christianisme s’est imposé, est vue comme une œuvre diabolique. Son père catéchiste, ironise Albert Gandonou, s’était résolue «à faire avec zèle reculer les ténèbres de l’Afrique Sauvage, barbare, sans culture ni vraie langue au profit de cette lumière solaire qui venait généreusement et gratuitement venait d’occident».
La réconciliation
Bien de choses, d’évènements, de personnes ont concouru à la réconciliation d’Albert Gandonou, sur le point de devenir prêtre de l’église catholique romaine, avec sa culture, celle du Vodoun qu’il exalte. Paradoxalement, c’est avec des amis Européens qu’il a redécouvert les valeurs du Vodoun de chez lui, le continent africain. Après avoir cité ces amis en question P18, il dit «Ce sont eux qui m’ont ‘’réconcilié avec ma terre’’». Aussi, dit-il, comme Jean Sulivan, «j’ai perçu ‘’l’écart et l’alliance’». L’écart, ce sont «les trahisons, les doubles vies, les hypocrisies, le moralisme inutile, le pharisaïsme largement partagé dans l’Eglise». Et l’alliance, c’est «Jésus-Christ et sa Bonne Nouvelle». Il a aussi décidé de la réconciliation dès qu’il s’est rendu compte que «l’Eglise n’est pas, surtout en Afrique une force de transformation de la société mais une force d’appoint du système d’exploitation et d’oppression des peuples». A ses yeux comme de tous les membres du Cpcm, le christianisme sous toutes ses formes a profité de la domination occidentale sur l’Afrique «pour fouler aux pieds les institutions endogènes, en l’occurrence le Vodoun et le Tim».
L’égalité des Religions
Après s’être affranchi du carcan du christianisme institutionnel, Albert Gandonou a cette conviction : «Toutes les religions à commencer par les religions naturelles sont respectables et valables au même titre. Ils n’en existent pas de plus vraies que d’autres et l’on retrouve les mêmes symboles dans toutes les religions du monde». Les Pères Francis Aupiais et Pierre Saulnier qui figurent aussi parmi ceux qui l’ont réconcilié avec le Vodoun lui donnent raison. Pour le premier «le fétichisme semble bien avoir les caractéristiques d’une vraie religion». Et le second dira du Vodoun «Quoi qu’on pense par ailleurs et quelles que soient les dérives, on peut reconnaître que lorsqu’on parle du Vodoun, on peut lui attribuer le statut de religion». Surtout, que Albert Gandonou redevenu Africain, donne à lire dans ce Manifeste, une panoplie de déroutantes dérives du christianisme.
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