Construction d’infrastructures routières : la magouille érigée en règle dans l’attribution des marchés

Il refuse la conspiration du silence. Le Syndicat national des travailleurs de l’administration des Transports et Travaux (Syntra-Ttp) ne veut pas rester indifférent aux magouilles orchestrées dans la procédure de passation de certains marchés relatifs à des projets de réalisation d’infrastructures routières au Bénin. 

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Il s’agit de plusieurs chantiers de construction-réhabilitation de route, de pavages de voies et de construction d’autres infrastructures lancés dans différentes localités par le gouvernement. Et il y a des soupçons de fraudes et de violation du Code des marchés publics dans la procédure d’attribution de  ces différents projets. Le Syntra-Ttp est monté au créneau hier mercredi 13 août 2014 pour mettre à nu et dénoncer ces magouilles. Dirigée par Marcel Kindoho, le secrétaire général du syndicat, la conférence de presse s’est tenue au ministère des Transports et Travaux Publics. Les Syndicalistes se sont penchés sur le cas de quatre projets. Ce sont (1) la réhabilitation de la route Akassato-Bohicon (lot 3), la construction d’un double dalot sur la route en terre Guene-Karimama, (3) la réhabilitation et le renforcement de la route Parakou-Djougou dont votre quotidien, La Nouvelle Tribune, avait parlé dans une série d’articles courant juin-juillet et (4) l’aménagement et le bitumage de routes structurantes. Notamment Comé-Lokossa-Dogbo, Bretelle Zounhouè-Athiémé-Frontière du Togo, Savalou-Tchetti-Frontière du Togo, Logozohè-Glazoué et Djrègbé-Dja-Owodé-Frontière du Nigéria. Les différentes fraudes font perdre au trésor public béninois plusieurs milliards de Fcfa. « Nous sommes là pour dénoncer les choses pour que les gens ne laissent pas à la génération montante une coquille vide (un pays sans ressources financières, Ndlr) », a précisé Jacques Ayadji, ingénieur Tp et premier secrétaire général adjoint du Syntra-Ttp.  « On nous trompe sur toute la ligne. Avec ça, comment peut-on trouver des emplois aux jeunes », a renchéri Dieudonné Lokossou. Le  Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa-Bénin) et le président de l’Ong Alcrer, Martin Assogba, ont apporté leur soutien au Syntra-Ttp dans sa lutte pour une meilleure gouvernance des affaires publiques. « Tout ce que nous avons entendu est ahurissant et scandaleux, s’est indigné Martin Assogba. Nous devons pouvoir dire non à la gabegie, la délinquance financière ». Lisez ci-dessous un large extrait de la déclaration du Syntra-Ttp.

Cet article vous est offert par LNT

LARGE EXTRAIT DE LA DECLARATION DU SYNTRA-TTP

Ministère des Travaux Publics et des Transports

Cotonou, le 13 Août 2014

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Quatre dossiers feront l’objet de la présente conférence de presse. Il s’agit de :

1. Lot 3 (du PK 45+760 à Allada au PK 117+865 à Bohicon) du projet de réhabilitation de la route Akassato-Bohicon

2. Travaux de construction d’un double dalot 400×400 au PK 39+850 sur la route en terre Guene-Karimama

3. Réhabilitation et renforcement de la route Parakou-Djougou, lots 1 et 2

4. Aménagement et bitumage de routes structurantes : Comé-Lokossa-Dogbo, Bretelle Zounhouè-Athiémé-Frontière du Togo, Savalou-Tchetti-Frontière du Togo, Logozohè-Glazoué et Djrègbé-Dja-Owodé-Frontière du Nigéria

1)Lot 3 (du PK 45+760 à Allada au PK 117+865 à Bohicon) du projet de réhabilitation de la route Akassato-Bohicon

Qu’il vous souvienne que courant avril dernier, le Ben/Syntra-Ttp avait donné une conférence de presse pour dénoncer le refus de l’Ambassadeur de Chine près le Bénin, avec la complicité des autorités au plus haut niveau de notre pays, de la mise en place d’un bureau indépendant pour le contrôle des travaux savamment surfacturés par la partie chinoise. En effet, suite aux protestations répétées du Syntra-ttp de cette surfacturation, le Gouvernement béninois avait demandé et obtenu de la partie chinoise, la mise en place sur les ressources de l’Union Européenne d’un contrôle indépendant des travaux.

Aujourd’hui la partie chinoise avec la complicité active des autorités béninoises au plus haut niveau remet en cause cet accord alors que la procédure de recrutement du bureau indépendant a été conduite jusqu’à son terme. En lieu et place du bureau indépendant retenu, l’Ambassadeur de Chine près le Bénin fait appel au bureau chinois qui avait surfacturé les travaux pour le compte de la partie chinoise. Ce bureau chinois sera donc juge et partie. Somme toute, la partie chinoise avec la complicité active des autorités au plus haut niveau de notre pays s’emploie à couvrir le pillage scandaleux de nos maigres ressources organisé sur le dos du peuple béninois. L’Ambassadeur de la Chine au Bénin impose donc à notre pays un bureau pour couvrir le scandale et les autorités béninoises consentent de rémunérer à plus d’un milliard de nos francs ce bureau pour sa sale besogne. Le Bénin s’apprête donc à rémunérer un bureau chinois dont la mission est de spolier le Bénin de ses ressources financières. Le contrat scandaleux est déjà finalisé et sera introduit sous peu dans le circuit d’approbation.

2)Travaux de construction d’un double dalot 400×400 au PK 39+850 sur la route en terre Guene-Karimama

La Cellule de Contrôle des Marchés Publics de notre Ministère use du dilatoire pour imposer une entreprise qui ne dispose pas du matériel minimum requis pour la réalisation des travaux. L’entreprise que notre Ccmp veut imposer contre l’avis de la PRMP ne dispose même pas 50% du matériel minimum requis. Elle ne dispose même, ni d’une bétonnière, ni d’une pelle mécanique alors qu’elle veut construire un dalot en béton armé. La Personne Responsable des Marchés Publics et la Direction Générale des Travaux Publics sont en passe de céder à des pressions de nous ne savons où pour céder aux injonctions scandaleuses de la Ccmp. Nous saisissons l’occasion de cette conférence de presse pour demander la censure de la Direction Nationale de Contrôle des Marchés Publics pour faire entendre raison à la Ccmp/Mtpt. (…) Nous appelons aussi à la rescousse l’Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption, l’Ong Alcrer, le Fonac ainsi que les Centrales et Confédérations Syndicales etc.

3) Aménagement et bitumage de routes structurantes : Comé-Lokossa-Dogbo, Bretelle Zounhouè-Athiémé-Frontière du Togo, Savalou-Tchetti-Frontière du Togo, Logozohè-Glazoué et Djrègbé-Dja-Owodé-Frontière du Nigéria.

Dans ce projet (…), tout est mis en œuvre pour attribuer encore ces deux marchés à une entreprise qu’ils ont pris soin de présélectionner .

D’abord après avoir utilisé abondamment et frauduleusement la clause relative au plan de charges pour éliminer certaines entreprises pour faire gagner Ladite entreprise. dans le cadre du projet Parakou-Djougou, la Boad a fait injonction à la partie béninoises d’éliminer dans les présents marchés cette clause qui n’arrangent plus leur entreprise…

Deuxièmement la Boad (Banque Ouest-africaine de Développement) a imposé deux listes restreintes  à la partie béninoise avec rien que des entreprises inconnues voire fictives pour le lot concernant Comé-Lokossa-Dogbo. Ces entreprises fictives auraient été choisies par cette même ’entreprise. qui leur aurait acheté le dossier.  La manœuvre consiste à faire en sorte que toutes les offres de ce lot seront montées par la seule entreprise . qui ne pourra que le remporter.

Troisièmement, les DAO (Dossier d’Appel d’Offres) auraient été mis longtemps d’avance à la disposition de l’entreprise E. qui aurait disposé de beaucoup de temps pour préparer ses offres. Pour ce faire, il a été retenu en violation du code des marchés publics de n’accorder que 21 jours aux autres soumissionnaires. L’opposition de la Dncmp (Direction nationale de contrôle des marchés publics) n’a pas suffi pour faire entendre raison aux fraudeurs. La Dncmp a dû se déclarer incompétente pour donner un délai illégal aux soumissionnaires mais le Conseil des Ministres s’est réuni à la va vite pour autoriser la violation du code des marchés publics.

Il faut souligner que dans aucune des deux listes restreintes aucune entreprise béninoise n’a été retenue alors que c’est le Bénin qui a contracté un prêt à 7,5% et ce sont les générations futures de notre pays qui vont suer pour rembourser (…)

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