Correction de la Lépi et organisation des élections : le jeu de ping pong continue

Depuis plus d’un an, les élections sont dans l’impasse au Bénin. En dépit des déclarations de bonne intention et des efforts faits clopin clopan par le Cos-Lépi, l’espoir de l’organisation des  élections démocratiques  à bonne date avec une liste fiable se réduit chaque jour comme une peau de chagrin. Tout a l’air d’une pièce de théâtre où chaque acteur joue son rôle avec pour seule finalité : le gel pur et simple des élections.

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Gouvernement, Cour constitutionnelle, Cos-Lépi. Aujourd’hui, c’est la Cena qui vient s’ajouter avec sa part de scène. On la voit déjà à droite et à gauche. Des audiences au Chef de l’Etat et au Cos Lépi, de bonnes déclarations de son Président pour afficher sa volonté d’organiser les élections à temps. Ce rôle, Emmanuel Tiando semble s’y bien accommoder. Comme les autres, on le verra peut -être s’agiter un peu. Il viendra  ajouter sa part de confusion pour embrouiller les gens et  pour qu’au finish, on ne puisse pas savoir à qui incombe la responsabilité du blocage des élections. Sinon comment comprendre que la Cour constitutionnelle  sorte un communiqué signé de son secrétaire général  où elle invite le Cos-Lépi à faire  diligence pour que la correction de la liste électorale prenne fin en novembre et que les élections législatives se tiennent en mars 2015. Ce faisant, la Cour constitutionnelle braque l’attention du peuple sur le Cos-Lépi ainsi tenu subrepticement pour responsable du piétinement et du gel des élections au Bénin. Or, il faut bien écouter le Président de cette institution pour savoir là où se situe le problème. Dans toutes ses déclarations et dans celles tenues ce mardi, Sacca Lafia dit constamment «  si l’Etat nous donne les moyens ». Les membres de la Cour constitutionnelle qui se montrent si soucieux de l’organisation à temps des élections législatives qui sont constitutionnelles n’ont certainement pas les oreilles pour écouter Sacca Lafia répéter les mêmes choses depuis des mois. Pourtant, face à ces jérémiades, le Gouvernement est resté imperturbable, ne donnant qu’à doses homéopathiques au Cos-Lépi des moyens financiers. A aucun moment jusqu’à ce jour, la Cour constitutionnelle n’a écrit au Gouvernement pour le sommer de donner les moyens afin d’organiser les élections à bonne date. La pièce est ainsi jouée. La Cour accuse le Cos-Lépi. Idem pour la Cena. Normalement, ces trois autres institutions impliquées dans l’organisation des élections devraient attaquer toutes trois le Gouvernement qui est le principal acteur de ce piétinement du processus électoral.

Complicité de la Cour et des députés

Depuis 1990, des élections ont toujours été organisées au Bénin. Qu’est-ce qui bloque le processus cette fois-ci. En toute vraisemblance c’est la liste électorale. La Lépi qui a servi à organiser les deux dernières élections étant jugées trop partisane et  trop tripatouillée par les acteurs eux-mêmes, ils ont décidé de sa correction. Mais,  c’est à niveau que le Gouvernement  trouve l’idée géniale de faire traîner les choses. Attitude pourtant prévisible : accepter que la Lépi soit corrigée c’est accepter que Yayi est mal élu et que dorénavant, on  n’a plus trop de marges de manœuvre pour faire un autre K.o. Comment sortir alors de ce bourbier ? C’est d’avoir  l’engagement personnel et sincère du Gouvernement à s’engager pour une correction réelle de la Lépi existante. Mais selon des informations concordantes, le Chef de l’Etat serait en train de tout faire pour qu’on arrive à un pourrissement qui va astreindre les acteurs à revenir à la vieille Lépi,  tout au moins pour les élections législatives prochaines. En dehors de l’engagement pour une correction sincère de la Lépi, il y a la possibilité pour les députés d’abroger  la loi sur la Lépi. Ceci permettra aux acteurs politiques d’aller plus vite avec une liste ad’hoc  telle que proposée par le Prd et Victor Topanou, la Cour constitutionnelle, ayant, elle, englué  davantage le processus avec la dernière décision rendue par la Cour Holo qui semble dire que sans la Lépi, il ne saurait  avoir d’élections au Bénin. Sans ces engagements et ces solutions, c’est laisser ces quatre institutions jouer leur jeu de ping pong jusqu’en 2016 pour  être surpris de leur incapacité à organiser la présidentielle.

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