Prd-Rb : la guerre froide continue

Plus de trois ans déjà que la présidentielle de 2011 est passée mais le Prd et la Rb se regardent toujours en chien de faïence. Pas un seul tête à tête depuis ce temps entre Houngbédji et Lehady Soglo. Si au Prd, on travaille pour rasseoir une hégémonie – un peu effritée – sur l’Ouémé, la Rb, elle, semble être dans la logique de l’affaiblissement de l’adversaire  avec une stratégie qui ressemble bien à son leader.   

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On ne pouvait mieux avoir de ses deux « frères ennemis » de la politique béninoise. Partis en 2008 pour un grand challenge, celui de rester ensemble dans une grande union politique, le Prd et la Rb sont sortis plus divisés de la dernière élection présidentielle. Le temps éphémère d’une cohabitation pendant la période de l’élection aura suffi pour réveiller les vieux démons et aggraver les plaies d’antan qui peinaient  à se cicatriser. La félonie, les coups bas, l’échec cuisant de 2011 auront pris par là. L’un n’aurait pas bien soutenu l’autre qui réplique à son allié de payer le prix de ses balbutiements politiques et de son mauvais coaching.  Une histoire de « je t’aime moi non plus » sur fond de vengeance qui se termine par le départ des deux de l’union. Pour la Rb, c’est le temps de flirter un peu avec le pouvoir après une décennie de marasme. Vite, elle saisit une hypothétique «  main tendue » et gagne quelques maroquins. Pour le Prd, pas question de se fondre tout de suite dans une grande union où le gain politique n’est pas évident. L’union n’aurait pas apporté grand-chose à l’aura du parti, clame-t-on du côté du parti arc-en-ciel. Chacun a continué son aventure de son côté avec des fortunes différentes. La Rb a conservé ses neuf députés et son groupe parlementaire intact, de même que ses quatre mairies du Littoral et du plateau d’Abomey(Cotonou, Abomey, Bohicon, Za-Kpota). Le Prd a lui, assez perdu. Au parlement, il a perdu deux députés. L’un  au profit de l’Un, Jonas Gbènamèto. L’autre, Ataou Hinnouho, parti dans une aventure politique  solitaire et ambiguë. Dans l’Ouémé, son fief traditionnel, il aura perdu presque tous ses mairies au profit des Fcbe. Porto- Novo, Adjarra, Pobè viendront rejoindre Avrankou, Sèmè Kpodji et So Ava perdus juste après les élections communales calamiteuses de 2008. Seuls lui resteront deux maires aux carapaces dures : Michel Bahoun d’Akpro- Missreté et James Dègbo des Aguégués. Le Prd aura donc beaucoup perdu.

Si tu me tapes dans le dos, je te tape dans le ventre

Partis tous deux de l’union, les deux partis ont retrouvé chacun une autonomie d’action et ses capacités de nuisance de l’ennemi, avec une ascendance pour la Rb. C’est elle qui, affolée par un rapprochement ponctuel entre le président Houngbédji et le Chef de l’Etat, a crié la première au danger, alertant l’opinion, par ses médias satellites, d’une volonté affichée du Prd de vouloir se venger d’elle en cherchant coûte que coûte à lui arracher la mairie de Cotonou, son maroquin le plus juteux qu’il tient précieusement depuis 2003. La stratégie de l’auto-victimisation ainsi lancée, la Rb en profite pour saper en sourdine les bases du Prd dans les 15è et 16è circonscriptions électorales. En dehors du député Ataou Hinnouho dont elle a applaudi et soutenu le départ, le leader de la Rb a récupéré et promu certains cadres du parti en rupture de banc avec leur président. L’ex- communicant du président Houngbédji sera nommé à la tête d’une direction dans le seul ministère attribué à la Rb. Le Conseiller municipal Moukaram Badarou parti aussi du Prd restera très proche du président de la Rb jusqu’à sa nomination comme préfet des départements de l’Ouémé et du Plateau. A son départ, un autre conseiller municipal Prd prendra la tête de la commission qu’il dirigeait à l’hôtel de ville de Cotonou. Lehady Soglo continuera son travail en sourdine. Il y a quelques jours, c’est avec un autre lieutenant de Houngbédji qu’il est sous les feux de la rampe. Julien Gandonou, plusieurs fois candidat aux législatives sur la liste du Prd dans la 16ècirconscription électorale sera son partenaire financier pour le projet des baraques modernisés pour la ville de Cotonou. A cette occasion, deux autres députés du Prd seront à ses côtés. Une provocation de trop pour le Président Houngbédji un peu en hibernation politique depuis 2011. La stratégie est bien pensée : les intéresser par les affaires pour les avoir politiquement. Au Prd, même si aucune action n’est entreprise pour affaiblir l’adversaire, on ne manque pas pour autant de manèges et de tours. C’est de bonne guerre. « Si tu me tapes dans le dos, je te tape dans le dos, » dit un dicton ivoirien.

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