Bénin : Adrien Houngbédji dévoile le plan machiavélique du Gouvernement Yayi

Les élections législatives et présidentielle risquent tout comme les communales de ne pas se tenir à bonnes dates. Invité de «Zone franche» de ce dimanche sur Canal 3, le président du Parti du renouveau démocratique (Prd), Me Adrien Houngbédji a affirmé que le Gouvernement avait un plan : Réviser la constitution par ordonnance en sautant le verrou de l’Assemblée Nationale.

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Il est un fait. La démocratie béninoise citée comme modèle en Afrique est mise à rude épreuve. Prévues pour se tenir au premier trimestre 2013, les élections locales, communales et municipales ont été reportées sine die. Et probablement, elles ne se tiendront  pas cette année malgré les incantations stériles et l’engagement vraisemblablement peu sincère du président de la République. Le doute plane également sur la tenue à bonne date des Législatives de 2015. Une véritable impasse due à l’indisponibilité d’une Liste électorale permanente informatisée (Lépi) fiable. Le processus de correction et d’actualisation de la Lépi est en ‘’stand by’’ faute de ressources financières. Les institutions concernées par le processus électoral refusent d’assumer l’impasse. Mais comme bon nombre de voix autorisées, Me Adrien Houngbédji, président du Parti du renouveau démocratique (Prd) estime que la responsabilité incombe au gouvernement et à la Cour constitutionnelle. Car, le Gouvernement  se refuse obstinément de mettre à disposition du Conseil d’orientation et de supervision des opérations d’actualisation et de correction de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi), les moyens nécessaires pour l’accomplissement de sa mission afin de sortir le pays de l’impasse. «Sur la question de la correction de la Lépi, Il faut que chacun prenne ses responsabilités, a déclaré Me Houngbédji sur le plateau de Zone Franche ce dimanche 21 septembre. Il se pose un problème de ressources. Il faut interpeller le chef de l’Etat. On ne peut sortir de l’impasse que si le gouvernement et la Cour constitutionnelle le veulent», clame-t-il. Seulement, il ne faudra pas trop compter sur la Cour constitutionnelle. Me Houngbédji la qualifie de «monocolore». Etant donné que «tous les sept membres de la Cour sont de la mouvance», a justifié le challenger de Boni Yayi aux présidentielles de 2006 et 2011. De plus, le gouvernement est dans une autre logique, pense Me Houngbédji. Boni Yayi et son camp ont un tout autre plan, qui menace la survie de la démocratie béninoise.

«Il sait qu’il va perdre les élections»

Selon le président du Prd, «Si le gouvernement ne veut pas organiser les élections, c’est parce qu’il sait qu’il va les perdre.» Dans l’opinion, d’aucuns avancent que le gouvernement fait traîner le processus de correction de la Lépi pour pouvoir coupler en 2015 l’organisation des Municipales et des Législatives. «Même si on couple les élections, le Gouvernement va perdre là où il devrait perdre», affirme le leader des Tchoco-tchoco avec assurance. Qui avertit que si, d’ici deux semaines «disons le 5 octobre, le chef de l’Etat ne convoque pas le corps électoral, alors les Municipales n’auront pas lieu cette année 2014.» Le processus électoral étant tout un calendrier décliné en plusieurs étapes ; toutes aussi importantes les unes que les autres.  D’ailleurs, Adrien Houngbédji postule que le plan du gouvernement va au-delà du couplage. «Pour nous (Prd), il y a une stratégie plus cauchemardesque que le couplage, a-t-il fait savoir. Nous pensons que le plan c’est de n’organiser ni les Municipales, ni les Législatives.»

Réviser la constitution par «ordonnance»

Le plan du Gouvernement pour se maintenir au pouvoir reste et demeure, selon l’invité de Canal3, la révision de la Constitution. Introduit et retiré à plusieurs reprises du circuit de l’Assemblée Nationale, le projet de révision de la loi fondamentale est toujours en cours. «Après avril 2015, si les Législatives ne se tiennent pas, il n’aura plus d’Assemblée Nationale, a développé Me Houngbédji. Il ne restera que «le Gouvernement et une Cour Constitutionnelle monocolore pour gérer le pays. Et le président Boni Yayi pourra légiférer par ordonnance et fait faire la révision de la Constitution par ordonnance.» Ainsi l’actuel locataire de la Marina pourra-t-il sauter le verrou de l’Assemblée Nationale qui n’est pas acquis à la cause de ce projet de révision constitutionnelle. Surtout que, la prochaine législature ne serait aussi pas d’accord avec une initiative dommageable à la démocratie béninoise.

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Boni Yayi et les siens font donc du dilatoire pour empêcher l’achèvement à temps du processus de correction de la Lépi. L’audit du Cos-Lépi, commandité par le ministre des Finances, Komi Koutché s’inscrit dans cette logique. «Pour l’audit, ce que dit le gouvernement ne tient pas, a commenté le président du Prd.» «Le Cos-Lépi est une institution autonome sur le plan financier. Son budget a été voté par le Parlement. Il s’élève à neuf milliards de Fcfa. Donc tant que le gouvernement ne décaisse pas les 9 milliards, il ne peut commanditer un audit», a fait savoir Me Adrien Houngbédji avant d’«inviter le chef de l’Etat à faire l’impossible pour que les élections se déroulent à bonne date». Le Prd se penchera d’ailleurs sur toutes ses questions lors de son université de vacances, prévue pour le week-end prochain.

Léonce Gamai & Yao Hervé Kingbêwé

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