A la découverte des néologismes dans le langage sexuel des jeunes Béninois

Exploitant un jargon qui leur est propre, les jeunes Béninois emploient des expressions hors du commun pour parler de leurs copains, copines où simplement du sexe opposé. « Azianvi, choupè, baby-chou, adja, tchouin… » employées dans des cercles de jeunes de Cotonou, Calavi, Porto-Novo et autres milieux urbains, ces expressions aussi multiples et variées dont le sens n’existe guère dans aucun dictionnaire, ont bien des significations précises et relèvent d’un jargon, celui de la sexualité. 

Que ce soit chez les filles ou chez les garçons, ces expressions servent à désigner de façon voilée, le partenaire sexuel, la demoiselle ou le garçon sexy, le petit ou la petite ami(e). En connaisseur de ce langage presque ésotérique, Kissira Adam, un jeune rencontré à la plage de Fidjrossè confie : « les expessions ne sont pas utilisées au hazard car chaque expression a son sens ». Et voilà qui va permettre de comprendre des mots qu’on entend souvent sans en déceler le sens. Les mots « gar/go », explique-t-il sont pour désigner respectivement « un garçon/ une fille». Dès lors ajoute-t-il, « pour parler de sa petite amie un garçon dira ‘’ma go’’ ou ma ‘’og’’ et une fille dira ‘’mon gar’’». Dans le même registre, comme lui, Morias, un autre jeune homme en apprend de nouveau. «Il existe beaucoup d’autres expressions comme ‘’choupon’’ que les garçons utilisent pour parler de leur chérie». Dans ce jeu de mot, Rafiou en débardeur + culotte jean, préfère l’anglicisme « baby » pour désigner sa « Juliette ». Les mots ou expressions utilisés dans le jargon sexuel des jeunes branchés, varient en fonction du type de relation qu’ils entretiennent. ‘’Tchouin’’ par exemple, apprend Adam, s’utilise pour parler d’une ‘’pétasse, d’une prostituée’’.

Genèse

Les origines de ces mots d’un usage hors du commun, selon le jeune connaisseur en la matière, proviennent de diminutifs ou de la déformation des mots biens connus en Anglais, en Français, en Fongbé ou autres langues formelles. C’est le cas de ‘’bro’’, un diminutif de l’anglais ‘’brother’’ et ‘’mani’’ qui vient de ‘’man’’. Ces mots du langage sexuel souvent utilisé par les hommes, les filles elles-mêmes  en ont connaissance. Ella, une étudiante en Anglais,  atteste : « les garçons disent parfois ‘’vètché ou ‘’vèvitché’’ pour parler de nous femmes». Un autre exemple de déformation, elle ajoute « ils ont aussi changé la forme de femme pour créer ‘’meuf’’». Et visiblement, ces expressions ne sont pas figées et certaines deviennent rétrogrades avec le temps. A chaque génération sa manière de parler. « De toute façon nous on n’aime ça, on utilise ça entre nous et on n’a dérangé personne avec » défend Jean-Marie, un jeune de Cotonou.

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