« Ah Dieu merci ! Tout s’est passé comme prévu. Malgré quelques agitations de l’opposition, j’ai réussi mon coup. Je n’irai plus au référendum. 100 députés ont voté pour le projet de modification de l’article 37. Encore 5 ans en tant que président. Je vais en profiter pour affaiblir l’aile dure du Cdp et positionner François pour me remplacer en 2020. Mon rêve dynastique se concrétise!»
Si les choses s’étaient passées comme prévu, tels seront les mots que Blaise Compaoré se serait susurré dès l’après-midi de ce jeudi 30 octobre 2014. Et jusqu’en début de matinée ce jeudi, cette image de lui en train de sabler le champagne pour avoir réussi son coup foireux lui revenait sans doute incessamment à l’esprit. Mais il y a un détail qui a échappé à Compaoré. Lui accroché à son rêve monarchique suppose et propose, le peuple déterminé a tout donné pour préserver la démocratie dispose et Dieu entérine. La volonté du peuple et la bénédiction de Dieu l’ont donc emporté sur ses desseins dynastiques.
La boulimie du pouvoir : le talon d’Achille
Quoique fin stratège, Blaise Compaoré n’a sans doute pas vu les choses venir. Il aurait tout envisagé sauf ce à quoi l’on a assisté dans la journée d’hier au pays des hommes intègres. Comme quoi, la gloutonnerie pour le pouvoir des dictateurs même les plus futés constitue leur talon d’Achille. Comme dans les cas de Ben Ali et Hosni Moubarack, le peuple burkinabè déterminé, a réglé le cas Compaoré en quelques heures de lutte acharnée et de façon très didactique. La sueur a coulé. Le feu a été mis. Le sang a giclé. Des vies humaines emportées. De par sa boulimie pour le pouvoir, Blaise Compaoré, le pompier de l’Afrique de l’Ouest a embrasé sa propre maison. On l’a vu éteindre le feu au Togo, en Guinée Conakry, en Côte d’Ivoire et au Mali. Il s’est taillé au fil des années la réputation de Médiateur attitré de l’Afrique de l’Ouest. Pompier chez les autres, il est le pyromane de son peuple.
Qui règne par l’épée périt par l’épée
Doyen des chefs d’Etat ouest-africains, Compaoré aurait fait école dans la sous-région s’il avait réussi son coup. Même si chaque pays a ses spécificités, D’Abidjan à Abuja en passant par Niamey, Cotonou, Lomé et Dakar entre autres, les dirigeants n’auraient pas manqué de tenter de mettre les pieds dans les pas de leur doyen. Désormais, de par son héroïsme, le peuple burkinabé envoie un message clair aux autres de la sous-région. C’est le début du printemps noir. Et ce vent de révolte pour la démocratie devra dorénavant souffler dans chaque pays africain si les dirigeants rechignent à quitter le pouvoir.
Comme par hasard, tout se passe en octobre. Le même mois au cours duquel Blaise a trahi son « frère » Thomas en 1987 en lui arrachant de façon insolente, le pouvoir. Comme l’a chanté le groupe Zouglou ivoirien « Espoir 2000 », « de la manière tu viens au pouvoir, c’est comme ça tu t’en vas.» Les âmes de Thomas Sankara et Norbert Zongo n’ont sans doute pas encore fini de crier vengeance !