Ça a eu lieu enfin. La grande marche qui donne depuis quelques jours une peur bleue au gouvernement et à son chef a eu lieu hier matin. Des milliers de Béninois décidés à sauver la démocratie ont battu le macadam de la place de l’Etoile Rouge à celle Lénine. Un symbole d’une époque sombre de l’histoire du pays mais devenu hier le lieu d’éclosion d’une nouvelle révolution.
Beaucoup de bleu (couleur des tee-shirts portés par les militants de l’Un) et du rouge (porté par les militants d’Alternative citoyenne, les communistes et bien d’autres leaders syndicaux) dans les rues de Cotonou hier. Déjà à partir de 7heures du matin, les militants des organisations membres de la plate forme qui organise cette marche ont commencé à prendre d’assaut la Place de l’Etoile Rouge annoncée comme lieu de rassemblement et de départ de cette marche. Tout est parti de la place de l’Etoile rouge 10h 18. Dans une ambiance très folklorique rythmée par les fanfares, les vuvuzela…A la tête de la marche, il y avait les leaders de l’opposition, de la société civile et du monde syndical. Joseph Djogbénou, Orden Alladatin, Séraphin Agbangbata, Joël Atayi Guèdègbè, tous d’Alternative citoyenne reconnaissables par leurs habits rouges. Au premier rang aussi, les leaders de l’Un : les honorables Kolawolé Idji, Lazare Sèhouéto, Eric Houndété, Louis Vlavonou, et d’autres comme Zacharie Todan, Alain Adihou et Gaston Zossou. Dans le lot aussi, deux députés partis du Prd et proches de l’Un : Jonas Gbènamèto et Atao Hinnouho très occupé dans son rôle de maître de cérémonie. On a vu également quelques femmes amazones comme Rafitou Karimou, Mathys Adidjatou et Candide Azannaï, l’intraitable député Fcbe était remarquable par son costume bleu foncé. Philippe Noudjènouè, du Pcb était aussi là. De même que les acteurs de l’Alliance Abt : le prof Sébastien Azondékon, l’honorable Assan Séibou. Les responsables des centrales syndicaux comme Pascal Todjinou, Paul Issè Iko, Dieudonné Lokossou, Noël Chadaré…De l’Etoile rouge à la place Lénine, c’est le même refrain qui sort de la bouche des populations. « C’est pour ou contre ? ». Quand on leur répond que c’est contre, certains n’hésitent pas à dire leur satisfécit. D’autres entrent systématiquement dans la marche ce qui fait que, plus on tendait vers le point de chute, plus le nombre de marcheurs grossissait
Lénine, la liberté reconquise
Arrivés à la place Lénine, les leaders et personnalités montent sur un espace surmonté où était posée jadis la statue de Lénine. Ataou Hinouho venu parmi les tous premiers aide ses aînés Idji Kolawolé, Vlavonou à monter sur le « podium » de fortune. Un à un, ils vont s’effrayer le passage parmi les marcheurs et se retrouver sur cet espace surmonté. Dans le public, on entend les récriminations contre le Cos-Lépi. Paul Isè Iko a été le premier à parler. A tour de rôle, chacun d’eux eut le temps de dire un mot sur la situation. Presque un chorus, on y retient que les marcheurs veulent des élections avec une liste qui n’est pas la Lépi. De « Nous avons repris notre liberté. Levez le V de la victoire », de Amissétou Affo Djobo au « Yayi tu es fini, fais ta valise », de Candide Azannaï, en passant par « le soleil s’est levé pour nous. Nous allons chasser les chimpanzés du grenier » de Gaston Zossou et « Dites à Yayi que nous avons tout compris », les leaders sont restés dans la même tendance : mettre la pression sur le gouvernement devant des milliers de militants aux yeux de qui l’Ortb n’avait pas grâce. Et surtout, sous les yeux d’un marcheur atypique : Blaise Ahanhanzo Glèlè, un des rédacteurs de la Constitution du 11 décembre 1990, venu les soutenir avec une canne en main. Ce n’est que le début du commencement, « plusieurs marches seront organisées pour garder la pression sur le gouvernement et son chef Yayi afin de les obliger à organiser le dialogue politique », préviennent les marcheurs.
Tous présents, sauf le Prd
Seul le Prd a manqué à ce rendez-vous en tant que parti politique de « l’opposition ». Sauf quelques leaders membres d’autres groupes étaient présents. Aucun membre de la Direction exécutive nationale(Den) du parti n’était présent à cette marche. Cette absence est pourtant prévisible. Depuis quelques mois, le Prd joue solo et semble avoir rompu toute collaboration avec les autres formations politiques de l’opposition. Il semble retrouver sa place de parti du centre-droit qui entretient quelques relations incestueuses avec le pouvoir. C’est le seul parti dit de l’opposition qui est bien représenté au sein du Cos-Lépi et de la Cena. Toute chose qui lui ouvre la porte de la collaboration avec le pouvoir et qui, peut être, explique son apolitisme actuel et sa complicité du silence.