Humeur du temps : Cos-Lépi, une hydre à abattre

La liste électorale permanente informatisée(Lépi) continue son chemin de croix.  Depuis 2009, elle n’est  toujours exorcisée des intrigues politiciennes. Hier avec la Commission politique de supervision(Cps) et aujourd’hui avec le Comité d’orientation et de supervision(Cos), c’est toujours la même pagaille qui continue. Les « sorciers » qui l’envoûtent ont juste changé de gite. 

Publicité

Cette fois-ci, ils ont élu Qg dans les villas Cen Sad aux encablures de l’ex-champ de tir d’Akpakpa, dans un luxe qui contraste avec la vétusté des bâtiments occupés au Plm par Nassirou Arifari Bako et ses acolytes. Subtil et rusé, il a bien réussi la mission à lui confiée : endormir le peuple et anesthésier ses relents de sédition en lui faisant croire, par de doux propos, que la Lépi qu’il confectionnait dans l’opacité totale ne servirait pas à l’élection présidentielle. Son successeur n’en fait  pas moins. Moins éloquent que lui, il réussit néanmoins à exécuter son cahier de charges : faire traîner les choses et geler le calendrier électoral jusqu’en 2016. A l’opposée de son prédécesseur, lui son discours fluctue au gré des consignes reçus et des petits calculs politiciens. Son Cos-Lépi navigue à vue. En tout cas, c’est l’impression qu’il donne.  Aucun chronogramme précis de travail. Il avait annoncé le produit fini pour septembre 2014, après c’est  octobre, puis novembre et enfin décembre. Depuis quelques jours, il a avancé dans le calendrier. Il parle de fin décembre et même de janvier 2015. La raison, dit-il, c’est le caractère inédit du travail avec les réalités de terrain qui ne sont pas forcément  celles du bureau. Il donne l’impression de ne pas maîtriser le sujet, de ne pas avoir un chronogramme précis de travail. Son autorité est aussi légère qu’un duvet d’oiseau. Quand il parle, il est souvent contredit par les membres de la structure qu’il dirige. Chabi Sika peut venir le contredire allègrement en donnant ‘’sa tête à couper’’. Son vice- président, Augustin Ahouanvoébla peut aussi afficher ses airs d’indépendance. Nicaise Fagnon joue un peu solo dans un imbroglio total. Autant le chronogramme d’activités n’est pas précis, autant le budget fluctue comme le taux de change du naïra (la monnaie nigériane).  De 13 milliards, il le réduit à 9 sous l’ordre du gouvernement, dit-il. Pendant des mois, il va défendre partout ce montant. Mais il a suffi que le gouvernement lui décaisse la totalité de ce montant pour le voir à nouveau changer de discours. Il lui manque encore 5 d’abord puis 6 et au finish 8 milliards. Diantre ! Et c’est maintenant qu’il en parle alors que le gouvernement n’a satisfait le premier budget que difficilement. Le nouveau montant servira, dit-il, à  sécuriser le fichier contre les sabotages informatiques, l’incendie… pour enrôler les Béninois de l’extérieur, acheter de nouveaux équipements, confectionner  les cartes d’électeur…Toutes choses auxquelles le président n’avait pas pensé au début. Cela paraît bien curieux. Comme l’est d’ailleurs le nouveau mandat qu’il s’est assigné unilatéralement. Personne n’a compris comment et pourquoi le Cos Lépi a laissé de côté l’apurement de la Lépi qu’on lui a confié légalement pour se mettre à confectionner une autre. Voici ce que dit l’article 5 de la loi N° 2012-43 portant apurement, mise à jour et actualisation du fichier électoral national et de la Lépi : «Il est créé une structure administrative, indépendante dénommée Conseil d’orientation et de supervision. Elle est dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie administrative et de gestion. Ses attributions sont : de définir les orientations stratégiques de l’Agence nationale de traitement (Ant) ; de superviser l’Agence nationale de traitement ; d’analyser et régler les difficultés d’application pratique pouvant résulter des dispositions légales et réglementaires relatives au fichier électoral national ; de définir les autres applications et les modalités de leur gestion ; de décider de toutes les questions permettant d’assurer la gestion et le fonctionnement effectif de l’Agence nationale de traitement et des Commissions communales d’actualisation en charge des opérations continues d’apurement, de correction et de mise à jour du fichier électoral national ; d’élaborer et valider le budget de l’Agence nationale de traitement ; d’adopter le document de faisabilité technique des opérations d’apurement, de correction et de mise à jour ; d’adopter le règlement intérieur et le manuel de procédure de l’Agence nationale de traitement ; de recevoir les plaintes des citoyens et lancer les enquêtes s’il le juge nécessaire. Le Conseil d’orientation et de supervision se met en place le 1er juillet de chaque année et cesse ses travaux le 31 janvier de l’année suivante ». Nulle part dans la loi, il n’est demandé au Cos-Lépi de confectionner une nouvelle liste. Alors d’où vient cette ambition ? Qui lui  a confié ce chantier ? On pourrait aussi s’interroger sur un autre problème. Le Cos-Lépi fonctionne avec le même bras opérationnel de la Cps-Lépi qui est le Centre national de traitement des donnés. Dans ce centre, l’informaticien, le seul qui détient le code d’accès au fichier fut l’ancien informaticien de la présidence de la république. Il y a donc des raisons de douter de la fiabilité de la Lépi actuelle. Tout se passe comme s’il y a des mains invisibles qui travaillent pour ralentir le processus et pour nous contraindre, afin de sauver le calendrier électoral, l’ancienne liste (gardée jalousement à côté) pour les prochaines élections. C’est  pourquoi on doit prendre en compte la proposition de certaines formations politiques comme Alternative citoyenne qui proposent de desservir le Cos-Lépi de cette tâche au plus tard le 30 novembre. Sinon, cette Lépi n’augure pas d’une perspective  meilleure que la première. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité