De gros nuages planent toujours sur l’organisation des élections au Bénin. Après la volonté apparente affichée ces derniers jours par le Chef de l’Etat de voir les communales s’organiser le 28 décembre, rien ne bouge toujours dans le processus. Le système est toujours gelé parce que Yayi n’ose pas franchir le dernier obstacle, celui d’un dialogue sincère avec la classe politique.
Tiendront, tiendront pas, les élections communales sont toujours dans l’impasse au Bénin. Prévues pour mars 2013, elles seront ajournées sine die par une loi votée à l’Assemblée nationale. En ce temps, personne ne se doutait de rien. Mais au fil des jours et des mois, l’enlisement du processus de correction de la Lépi avec un gel presque total du financement a fini par faire comprendre à l’opposition et aux populations qu’il y a un plan de blocage des élections. Ceci est renforcé par la déclaration de Boko au cours de laquelle le Chef de l’Etat affirme que les élections coûtent trop chères. Le tollé suscité par cette déclaration a surpris le Chef de l’Etat lui-même. Vite, il change de stratégie. Il lance sur le front médiatique ses griots qui, dans une communication brouillonne, tente de corriger le tir. Le Chef de l’Etat va, lui-même, se racheter en donnant quarante -huit heures après cette déclaration, la totalité du financement demandé par le Cos-Lépi. Le 10 octobre au cours d’une rencontre avec le bureau de l’Assemblée nationale, il réitère son engagement à organiser les élections communales en 2014 et ose même avancer la date du 28 décembre. Il demande aux membres du bureau de l’Assemblée nationale de faire diligence pour faire voter une loi dérogatoire afin de réduire les délais légaux tels que fixés par la loi électorale. Il demande aussi qu’une commission ad’ hoc composée des membres de toutes les institutions impliquées dans l’organisation des élections soit mise sur pied pour gérer cela. Mais cette dernière décision a aussi surpris. Puisque quelques jours avant cela, une autre rencontre sous l’égide du même Chef de l’Etat avait réuni quelques présidents au même lieu et à l’issue de celle-ci, le porte parole avait déclaré que l’organisation des communales est impossible en 2014.Yayi est-t-il vraiment engagé pour l’organisation des élections en 2014 ? Tout semble le faire croire. Lors d’un dernier meeting dans la Vallée de l’Ouémé la semaine dernière, il a réitéré cette volonté. Mais il semble réellement prêché dans le désert. Depuis, silence radio. La classe politique de plus en plus sceptique face à ses déclarations n’ose pas réagir, visiblement convaincu qu’il n’y aucune possibilité d’organiser une élection cette année.
Le dialogue politique
A l’étape actuelle, la seule volonté du Chef de l’Etat ne suffit pas pour vite organiser les élections. Que faire face à cette impasse ? Selon plusieurs analystes, seul un dialogue sincère avec la classe politique peut nous aider à sortir de l’impasse. Au cours d’une conférence animée le même vendredi 10 octobre à la maison des médias, Eric Houndété, membre de l’Un, a affirmé cela. Ce dialogue permettra au Chef de l’Etat d’avoir le consensus nécessaire pour un calendrier aménagé et surtout abrégé des élections et si possible de choisir officiellement une date consensuelle pour les élections. Il permettra aussi d’aplanir les dernières divergences sur le processus de correction de la Lépi. C’est la seule solution qui s’offre à Yayi si tant est qu’il tient à sauver la face dans cet imbroglio qu’il avait installé de fait. D’ailleurs selon le nouveau code électoral, c’est la seule condition pour le report de la date des élections. En son article 49, il est stipulé : « Tout report de la date des élections est interdit. En cas de force majeure, le report de date ne peut être fait qu’après une consultation de toutes les forces politiques engagées dans l’élection concernée ». Cet article pourrait bien inspirer le Chef de l’Etat. Lui qui s’est montré réfractaire à toute initiative de dialogue depuis des années.