L’opposition béninoise (politique et société civile) projette une autre marche de protestation pour le 11 décembre- date anniversaire de la Constitution- pour exiger du gouvernement une issue rapide à l’impasse électorale.
Au cours d’une conférence de presse animée ce mercredi 26 novembre à Azalai hôtel, les leaders de la coalition «forces politiques et sociales de progrès pour des élections crédibles» ont détaillé leurs exigences. Sans doute pris de panique comme ce fut le cas en octobre dernier, le gouvernement a aussitôt entamé sa campagne de contre-communication.
Annonce, communication et contre-communication. C’est reparti pour plusieurs jours de guerre politico-médiatique entre le gouvernement et l’opposition politique béninoise soutenue par une partie de la société civile. Et ce, après environ un mois d’une accalmie relative. Après le succès de leur gigantesque marche du 29 octobre dernier, les membres de l’opposition béninoise réunis au sein de la plateforme des « forces politiques et sociales de progrès pour des élections crédibles » ont décidé de battre à nouveau le macadam. Joseph Djogbénou d’Alternative citoyenne, AmissetouAffoDjobo des femmes baromètres, IdjiKolawolé de l’Union fait la Nation, Candide Azannai de Restaurer l’espoir (la mouvance critique) et Bruno Kangni du Mouvement populaire pour la résistance (Mpr) ont annoncé cette seconde marche ce mercredi 26 novembre en Conférence de presse animée à Azalai Hôtel, Cotonou. L’objectif de la marche est de faire pression sur le gouvernement afin qu’il prenne des mesures efficaces pour sortir le Bénin de l’impasse de la Lépi et l’organisation très rapide des élections locales, communales et municipales. Lesdites élections ont été reportées sine die depuis février 2013. Quoique que relancée après plusieurs mois de blocage, l’opération de correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) ne rassure pas. Il y a des doutes sur la date butoir du 17 décembre fixé par le Cos-Lépi (organe chargé de superviser la correction du fichier électoral) pour livrer à la Cena une liste électorale corrigée et consensuelle. Dans leur déclaration, ces forces de progrès réclament, entre autres, l’organisation à bonnes dates des Municipales, Législatives et la présidentielle, l’ouverture sans délai d’un dialogue avec tous les acteurs politiques et la dissolution du comité d’appui au Cos-Lépi mis en place par l’illégale conférence des Présidents d’institutions.
Vous avez dit extrait du Conseil des ministres
L’annonce de cette seconde marche, qui se voudra plus gigantesque que la première, a visiblement créé la panique au sein du gouvernement. Boni Yayi et les siens ont affiché leur peur hier dans le 20 heures de la télévision nationale (Ortb). Un extrait du Conseil des ministres extraordinaire du mardi 25 novembre a été diffusé dans le journal. Cet extrait a été présenté par le secrétaire général du gouvernement Alassani Tigri. Pourtant, depuis bien longtemps, les comptes rendus intégraux des conseils des ministres sont lus par les journalistes de la télévision nationale. C’est seulement en cas de crise ou de polémique qu’on voit le secrétaire général du gouvernement présenter les principales résolutions du Conseil. En plus de la lecture de l’extrait du compte rendu du conseil par Alassani Tigri, le ministre chargé des relations avec les institutions (Mcri), Gustave Sonon était l’invité du journal. Son apparence sur le plateau montrait qu’il n’y avait pas été préparé. Sur son visage, on pouvait lire des signes de transpiration.
Le même discours
Cet exercice improvisé de communication a duré les dix-huit premières minutes du journal. Mais il y avait rien de nouveau. Le contenu est le même discours de justification auquel Yayi et ses collaborateurs ont habitué l’opinion publique depuis quelques mois. Alassani Tigri et Gustave Sonon ont ressassé que l’impasse actuelle dans l’organisation des Municipales ne doit pas être imputée au gouvernement. « La disponibilité de la Lépi demeure l’épine dorsale, l’élément déclencheur du processus électoral, a indiqué AlassaniTigri. Le gouvernement invite le Cos-Lépi à tirer leçon des échecs sur le terrain et appelle les populations à sortir pour remplir les formalités d’enregistrement.» Il a pris le soin de rappeler que la convocation du corps électoral (prérogative du gouvernement, Ndlr) est soumise à certains préalables dont la disponibilité de la liste électorale. Ainsi, la Cena (commission électorale, Ndlr) ne saurait-elle saisir le gouvernement pour la convocation du corps électoral sans que la Lépi ne soit prête. Le Mcri, Gustave Sonon a, lui, tenté de clarifier que « le comité de suivi (contesté par les forces politiques et sociales) n’est pas un comité de supervision, ni d’ingérence.» Et il ne vient pas se substituer au Conseil d’orientation et de supervision des opérations de correction, d’épurement et d’actualisation de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi).
La faute à Yayi
Les deux émissaires du gouvernement ont cité l’article 49 du Code électoral pour soutenir leurs argumentations. Mais ils en ont fait une analyse bien partielle. Cet article dispose que « Tout report de la date des élections est interdit. En cas de force majeure, le report de date ne peut être fait qu’après une consultation de toutes les forces politique engagées dans l’élection concernée.» Cette consultation fait partie des exigences des forces de l’opposition. D’ailleurs, au fort de la polémique Lépi-Municipales les semaines écoulées, le Conseil des ministres avait recommandé au président de la république d’engager une large concertation avec les institutions impliquées dans le processus électoral et les forces politiques et sociales. Mais Boni Yayi a préféré le consensus institutionnel au consensus politique. Et ce, en ne concertant que les présidents des institutions de la République. Sans doute, par peur ou par mépris pour la classe politique de l’opposition et la société civile