Les travaux de la 64ème session du Comité régional de l’Oms pour l’Afrique qui se tient depuis lundi 03 novembre 2014 à Cotonou ont été dans l’après-midi de la troisième journée, consacrés entre autres, à l’épidémie de la maladie à virus Ebola et ont permis de faire un point de la situation, de tirer des leçons et de faire des recommandations.
Quelles sont les leçons tirées de la situation de l’épidémie de la maladie à virus Ebola et quelles sont les mesures à prendre ? C’est l’interrogation à laquelle ont répondu les délégués à la 64ème session du Comité régional de l’Oms pour l’Afrique à Cotonou au cours de l’une de leur séance du mercredi 05 novembre 2014, 3ème journée des travaux. Dans l’ensemble, les débats ont porté sur le point de la situation, les problèmes et les leçons apprises. Les débats ont permis aussi de voir des mesures qui s’imposent pour la suite du combat.
Statistiques
En matière de chiffres, a rappelé Docteur Youssouf Gamatié, représentant résident au Bénin de l’Oms et porte-parole dans le cadre de la présente session, au cours de son point de presse , on retient 13042 cas avec 4818 décès pour l’ensemble des pays touchés. 6525 cas avec 2697 décès au Libéria, 4759 dont 1070 décès en Sierra Leone et 1731 cas avec un peu plus de 1000 décès en Guinée-Conakry. Aux côtés de ces pays qui payent le lourd tribut, il y a d’autres pays dont le Mali avec 1 malade qui est décédé, le Nigéria a connu 20 malades dont 8 sont décédés, et 1 cas au Sénégal. Mais au-delà de ces pays de l’Afrique, il y a également des pays du Nord qui sont affectés notamment l’Espagne avec 1 cas et les Etats-Unis d’Amérique qui ont enregistrés 4 malades dont 1 décès. Il s’agit là des chiffres globaux qui peuvent varier de jour en jour, a précisé le porte-parole qui a fait savoir aussi que les experts ont le sentiment qu’en Guinée, la courbe commence à être en plateau. Par contre au Sierra Leone comme au Libéria, on enregistre malheureusement de nouveaux cas.
Problèmes et leçons
D’après le rapport du Secrétariat régional de l’Oms Afrique, la maitrise et la riposte contre l’épidémie ont été rendues difficile du faite de la transmission urbaine, rurale et transfrontalière de la maladie. Aussi, la sensibilisation et la communication ont-elles contribué beaucoup à cette difficulté. Il a été constaté une résistance forte et inhabituelle face la reconnaissance de l’existence de cette épidémie. Certaines traditions enracinées dans certains milieux ont aussi favorisé la résistance et la transmission rapide de l’épidémie. La faiblesse des systèmes sanitaires dans certains pays, la mise à disposition à compte goûte des ressources essentielles dans les pays, la mobilisation lente de ressources au niveau international et la faiblesse de la coordination sont des problèmes qui ont également entravé l’efficacité de la réponse à Ebola. Tout ceci a été confirmé par les commentaires des délégués qui ont informé de leur expérience face à cette maladie. «Ils ont attiré l’attention des délégués sur cette question de stigmatisation et de restriction des mouvements, la fermeture des frontières, l’interdiction de vol, etc.», à en croire Dr Gamatié. Cela limite la capacité de l’intervention de la communauté internationale.
Des mesures
Face à ces obstacles, des recommandations et appels ont été faits par les délégués. Il s’agira de travailler avec tous les partenaires et les gouvernements pour sensibiliser les populations, renforcer les capacités nationales, les capacités de traitement des passions et pour le contrôle de l’infection. Il a été souligné la nécessité d’impliquer les communautés à tous les niveaux pour qu’elles puissent connaître les valeurs de toutes les mesures. Egalement, la session a prouvé qu’il y a urgence d’entretenir le dialogue avec les leaders d’opinion, de renforcer la coordination et les partenariats, de mobiliser les ressources nécessaires, etc. Faudra aussi impliquer les dirigeants politiques dans la bataille ; les leaders religieux et culturels aussi. «Les gens croient plus à ceux qu’ils ont élu» a expliqué la Vice-ministre de la santé et Chef de délégation Sierra Leone, Madina Rahman. L’accélération de la question de vaccination contre Ebola est aussi souhaitée.Il est reconnu que certes, les Nations-Unis ont mis en place un mécanise à propos de la réponse contre cette épidémie mais que l’Union africaine est également une piste qui peut aider à consolider les liens et la coordination. A propos, à faire savoir, le porte-parole de la session, le Commissaire de l’Union africaine pour les affaires sociales a fait aux délégués, le point des efforts de l’Institution pour mobiliser davantage les pays africains eux-mêmes mais aussi la communauté internationale pour la mobilisation de ressources non seulement financières mais aussi humaines. Parce que à en croire Dr Gamatié, l’épidémie s’est répandue aussi faute de personnel de santé. Il est noté que d’après le témoignage d’un délégué de la Guinée, le personnel médical a payé la lourde tribu dans ce pays. 86 agents touchés dont 45 sont morts. Preuve de ce que l’efficacité de la riposte dépend en grande partie des ressources humaines. «Si vous n’avez pas les Hommes qu’il faut, vous n’aurez pas la santé qu’il faut» soutien Docteur Youssouf Gamatié.
Des propositions ont été aussi faites dans le sens de la mise en place de systèmes de surveillance actifs. D’après les témoignages de la Ministre sierra léonaise Madina Rahman, l’hygiène des personnes pauvres, des personnes les plus vulnérables doit aussi être une piste pour contrer l’épidémie car, informe-t-elle, il a été remarqué que cette catégorie de la population compte en grand nombre les personnes atteintes.
L’Afrique doit pouvoir gérer sa santé
Au-delàs de toutes ces recommandations, il est reconnu que les pays africains doivent pouvoir compter d’abord sur eux-mêmes et organiser leur réponse face à toute urgence en attendant une aide internationale. La Sierra Léone en est un témoignage. A en croire, la Ministre Madina Rahman, depuis le 19 septembre qu’ils ont installé le centre de traitement, des malades ont été pris en charge, guéris et libérés. «Nos centres sont dirigés à 100% par des sierra léonais. Je leur ai donné le courage que nous pouvons travailler nous mêmes.» a-t-elle témoigné avant d’ajouter, «Ne croisons pas les bras pour attendre. Mettez en place des centres de traitement. Aucun pays ne doit attendre l’aide d’un donateur avant de prendre la riposte.»
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