« Il nous faut des villes tournées vers le futur », selon Bio Tchané

L’Alliance pour un Bénin Triomphant (Abt) a organisé ce samedi 08 novembre une conférence publique à l’Institut de Développement endogène (Idee) de Ouidah.  Animée dans le cadre de la célébration ce 08 novembre de la journée mondiale de l’urbanisation, elle a porté sur le thème «Villes du Bénin : état des lieux et perspectives».

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Le rendez-vous d’Ouidah s’inscrit également et surtout dans le cadre d’un cycle de conférences initié par Abt pour sa participation à l’animation de la vie politique et  sociale béninoise. Après donc Cotonou, Porto-Novo et à Parakou, c’était ce week-end le tour de Ouidah d’accueillir ladite conférence.

Sages de Ouidah, principaux responsables de l’Alliance Abt et une foule nombreuse venue des quatre coins de la ville se sont donc retrouvés chez le professeur Honorat Aguessy, qu’on ne présente plus, pour échanger sur les défis et perspectives des villes béninoises. Le conférencier principal était Bachir Oloudé, expert en urbanisme, Fondateur et ancien directeur général de la Serhau-Sem. Depuis 2012, 50,25%  des Béninois vivent en ville.  En 2025, ils seront 62% et en 2015 ce chiffre passera à 80%. Mais constat amère : «Il n’y a plus de règles dans nos villes» dont la beauté, la propreté et l’aménagement ne semblent pas préoccuper les dirigeants. «Il faut que nos villes soient propres, vertes, productives, attractives, compétitives et sécurisées», a-t-il martelé. « La situation de nos villes est fortement tributaire de la politique gouvernementale sur les villes », a renchéri le président de l’alliance ABT, Abdoulaye Bio Tchané. « Nous voulons insister là, a-t-il ajouté à la suite du conférencier, sur la nécessité d’une planification stratégique et d’une action volontariste des dirigeants du pays à changer le cours des choses. » Il a poursuivi que « nos villes ne peuvent  prospérer et changer de visage, sans un soutien financier plus substantiel du pouvoir central à nos communes ainsi qu’un transfert des compétences.» De plus, a-t-il insisté, « chaque ville devra être soutenue dans un plan qui tienne compte de sa mission, de sa spécificité et de sa vocation.» Dans cette perspective, l’alliance Abt, a par la voix de son président ,fait des propositions, non exhaustives, pour le rayonnement des villes béninoises

DES PROPOSITIONS D’ABT POUR LE RAYONEMENT DES VILLES BENINOISES

1- De l’appui aux communes

L’Etat doit :

– Au-delà des dispositions légales actuelles, transférer aux communes, la réalisation de certaines infrastructures communautaires : Ecoles, Centres de Santé  etc.

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– Apporter aux communes, un financement direct budgétaire de leur programme d’équipement. Il s’agira d’une allocation rigoureusement conforme aux projets et aux programmes transférés aux structures décentralisées

– Apporter l’assistance technique aux communes dans la conception des projets de développement urbain.

Pour être efficace et se traduire par des réalisations concrètes, ces réformes doivent être accompagnées par un contrôle administratif et un suivi citoyen.

2- Du foncier

L’un des problèmes les plus cruciaux dans notre pays est la gestion du foncier. Dans nos villes, le foncier est très insécurisé. Il est parfois objet de manipulation par les structures administrative, municipale, et étatique.

Il est aussi aberrant de constater que dans certaines de nos villes, les réserves administratives  ont été morcelées et vendues. Parfois, les mêmes terrains sont vendus à plusieurs personnes avec la complicité des autorités administratives et municipales.

Il est vrai qu’à l’heure actuelle, une loi a été votée pour corriger ce que nous venons de dénoncer. Sur plusieurs points, cette nouvelle loi fait l’objet de contestations qui sont à l’origine du retard des décrets d’application qui devraient suivre. Il va falloir là aussi conduire des réformes pour apaiser nos concitoyens, leur donner des titres fonciers sécurisés et rationaliser l’architecture de nos villes.

3- De la spécificité et de la vocation des villes

A chaque ville doit être définie une spécificité et une vocation. Sur ce point, nous rejoignons le Communicateur.

Dans ce cadre, le plan de développement de chaque ville doit tenir compte de cette spécificité et de cette vocation.

Pour illustrer nos propos, je voudrais prendre quelques exemples :

– Porto-Novo est la capitale du Bénin. Les sièges des Institutions, les Infrastructures urbaines, l’assainissement ainsi que l’aménagement de la ville vont traduire notre ambition de donner à Porto-Novo les atouts d’une vraie ville capitale. Pouvons-nous aujourd’hui véritablement dire que Porto-Novo est notre capitale quand il suffit que le seul pont qui existe s’effondre pour que nous en soyons coupés.

Alors je veux dire à Bawa, mon ami de Porto-Novo que l’une des  premières choses que nous réaliserons sera d’ouvrir un nouveau pont sur Porto-Novo.

– Cotonou est notre capitale économique. Son aménagement doit tenir compte des défis d’une ville marchande et  portuaire. Cet aménagement doit également intégrer le fait que c’est une ville de transit qui doit être contournée mais aussi accueillir.  Son assainissement doit constituer un véritable programme national à piloter par la commune, sous le contrôle  de l’Etat. Enfin, l’aménagement de Cotonou doit désormais tenir compte de la dimension environnementale avec la création de plus d’espaces verts, d’espaces de loisirs et de plages aménagées.

– Parakou, ville carrefour et de transit : en pleine expansion, Parakou qui était jadis seulement le point d’arrêt du train, s’est depuis forgée une dimension régionale avec  les trafics de marchandises en direction du Niger, du Nigéria et du Burkina-Faso. L’aménagement futur de cette ville doit tenir compte de ces dimensions mais aussi de  son évolution démographique.

Nous avons les mêmes ambitions pour :

– Abomey, cité historique et des palais royaux ;

– Djougou, ville carrefour et de transit (Togo, Burkina)

– Lokossa, Natitingou, Bohicon, Kandi, etc.

4- De la gestion du transport et de la circulation dans nos villes

Nous n’avons pas besoin de décrire les difficultés  de plus en plus grandes de circuler dans nos villes, les encombrements des gros porteurs sur nos voies urbaines, et le triomphe des motocyclettes (Zémidjan et autres). La ville de l’avenir doit résoudre ces questions de façon efficace, avec moins de frustrations et de pollution. Quand nous avions parlé du tramway à Cotonou, nous avons été surpris par l’incrédulité de certains qui le trouvaient trop moderne et pas pratique pour Cotonou. Et pourtant, nombre de pays africains non encombrés comme nous, l’envisagent aujourd’hui. On ne saurait vaincre les problèmes de déplacement dans nos villes qu’en envisageant des aménagements de voies et des infrastructures qui nous projettent dans le futur. De même, il est indispensable de mettre en place des transports collectifs urbains performants.

5- L’Assainissement

La gestion des ordures liquides et solides est un défi permanent de nos villes. Il importe de soutenir les initiatives privées de recyclage des ordures ménagères. La gestion des dépotoirs en relation avec ces petites et moyennes industries de recyclage et de transformation de déchets doit être une priorité. Les engrais et autres objets qu’ils produiraient pourraient être vendus notamment aux agriculteurs. En cette matière différentes expériences dans le monde pourraient être une source d’inspiration

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