Annonce de la date des Municipales et Législatives : pourquoi marquer Yayi et le Cos-Lépi à la culotte

Le «dialogue politique», disons plutôt, le «monologue politique » du vendredi dernier a débouché sur des projections concernant les dates pour l’organisation des Municipales et des Législatives. Cependant, Il faudra maintenir la veille politique sur les acteurs institutionnels du processus électoral. Boni Yayi et les siens ont habitué l’opinion  à ce genre d’annonce depuis février 2013, date à laquelle l’incertitude électorale a été formalisée.

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25 mars et 26 avril 2015. Ce sont respectivement les dates auxquelles se tiendront les élections locales, communales et municipales, reportées sine die depuis février 2013, et les Législatives. Ces dates seront respectées si et seulement si la Lépi (Liste électorale permanente informatisée) est rendue disponible fin janvier au plus tard, comme l’a indiqué Sacca Lafia, président du Cos-Lépi (organe chargé de superviser la correction du fichier électoral). Ces dates ont été projetées vendredi dernier à la salle des Ambassadeurs de la présidence, lors du «dialogue politique.» Ce dialogue, qui s’est tenu sans l’opposition politique et les forces sociales qui l’ont exigé au gouvernement comme voie de sortie de l’impasse électorale. En l’absence de la plate -forme des « forces politiques et sociales de progrès pour des élections crédibles» et du Parti du Renouveau Démocratique (forces politiques et sociales de l’opposition), on a plutôt assisté à un véritable monologue ; du moins, à l’une de ces ’’causerie-débats’’ de longues heures que le président Boni Yayi a déjà l’habitude de tenir avec les membres de son cabinet, les bureaux de l’Assemblée, du Cos-Lépi et de la Cena et les présidents des institutions de la République. De ce rendez-vous du Palais, on retient, entre autres, deux choses majeures. (1) la fixation d’une nouvelle date pour l’organisation des élections municipales et (2) l’engagement réaffirmé de Boni Yayi à respecter la Constitution et transmettre le pouvoir le 06 avril 2016. « Nous n’avons pas attendu Dakar avant d’annoncer notre départ du pouvoir en 2016 », a rappelé Boni Yayi sur son départ du pouvoir. « Nous l’avons dit et répété devant le Pape, à la Maison Blanche, à l’Elysée, à l’Union Africaine. Faites-moi confiance », a-t-il insisté.

Un autre effet d’annonce ?

Sur le second point, on pourrait donner la communion à Boni Yayi sans confession. Mais sur le premier, il faudra marquer le président de la République à la culotte. Il faut maintenir la pression sur le Cos-Lépi et toutes les autres structures concernées par cette impasse électorale que sont la Cena (Commission électorale), l’Assemblée nationale et dans une certaine mesure la Cour constitutionnelle. Car, ce n’est pas la première fois qu’une date d’organisation des Municipales est annoncée. En novembre 2013, lors d’une séance semblable à la Marina, Boni Yayi avait annoncé sa volonté de voir les élections s’organisées la fin de l’année au plus tard. Elles ne l’ont pas été. Le 31 juillet 2014, dans son discours à la nation dans le cadre de la fête de l’indépendance, il a martelé que tout serait mis en œuvre pour la tenue des scrutins le 31 décembre au plus tard. Chose désormais impossible. Dans les deux cas, le président Boni Yayi et son gouvernement rejettent la faute sur les autres acteurs du processus. De son côté, le Cos-Lépi est passé champion dans les faux- bonds. L’organe dirigé par le député Sacca Lafia a déjà fixé plusieurs délais de livraison du fichier électoral sans jamais les respecter. L’annonce du vendredi dernier, tout comme la majorité des précédentes, a été faite dans un contexte où Boni Yayi a «le feu aux fesses.» Après sa gigantesque marche du 29 octobre dernier, l’opposition va encore marcher le 11 décembre prochain pour exiger  les Municipales courant février-mars au plus tard. Et comme pour couper  l’herbe sous les  pieds aux opposants, Boni Yayi et ses invités du vendredi ont tout fait pour situer la convocation du corps électoral dans la dernière semaine de mars 2015. Sans doute sont-ils sincères. Mais il faut maintenir la veille pour éviter une énième mauvaise surprise en mars prochain. Cela passe par un véritable dialogue politique, incluant toute la classe politique et élargi à la société civile. Ce dialogue doit déboucher sur des résolutions concrètes avec à la clé un calendrier (politiquement) consensuel du processus électoral. La démocratie béninoise, la paix et la cohésion nationales en dépendent.

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