Bénin : la révolution de la place de l’Etoile Rouge

(Boni Yayi vit la marche en direct depuis son hélico)Les militants des organisations membres de la Plate- forme, du Prd, de la Rb, de  l’alliance Abt, de l’And et de plusieurs coalitions politiques étaient dans les rues à Cotonou ce jour. De la place Lénine à la place de l’Etoile Rouge, des milliers de personnes ont marché pour réclamer l’organisation des élections et l’arrêt du processus de révision de la Constitution. 

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A la tête de cette marche des icônes de la classe politique comme Bruno Amoussou, Idji Kolawolé, Lehady Soglo, Abdoulaye Bio Tchané et bien d’autres. C’est le billet retour de la marche du 29 octobre. Place Lénine-Place de l’Etoile rouge. Cette fois-ci, il y a eu plus de personnes embarquées. Aux militants de la Plate- forme se sont ajoutés ceux du Prd, de la Rb(pourtant membre de la majorité présidentielle plurielle), de l’Alliance Abt, de l’alliance And. Tous ces partis ou coalitions de partis étaient représentés par des militants et aussi par leurs présidents. La Rb par son président Lehady Soglo,son Sg Luc Atrokpo. L’Alliance Abt par son Abdoulaye Bio Tchané, l’And par Valentin Houdé, Barnabé Dassigli et consorts et le Prd par les députés Raphael Akotègnon,Ibatou Sanni Glèlè, Augustin Ahouanvoébla  et son SG Wabi Fagbémi. L’Un ne se faisait pas pour autant désirer. En dehors de son président Bruno Amoussou, de son coordonnateur Judes Lodjou, on notait la présence de Lazare Sèhouéto, Eric Houndeté, Saka Fikara, Jonas Gbènamèto, Zacharie Todan. Tous ont battu le macadam. La marche a démarré en retard, un peu après 10h. Un retard stratégique, soufflent les organisateurs, pour éviter un éventuel heurt avec les militants de la majorité présidentielle à l’Etoile Rouge. A 10h58, on entend  les premières ovations à la place de l’Etoile Rouge. Elles proviennent de certains militants qui saluent à leur manière l’arrivée sur une moto zémidjan de Kamarou Fassassi et quelques instants après de l’honorable Candide Azannai aperçu un peu de l’autre côté de la place, un peu à côté de la station Sonacop. Les bruits sonores des  ‘’vuvuzela’’ des marcheurs annoncent l’arrivée de la tête de la marche. Mais un autre bruit trouble la quiétude des militants et badauds  qui attendaient l’arrivée des marcheurs. C’est le bruit d’un engin volant, un hélicoptère en l’occurrence. Tout le monde lève la tête. On voit un hélicoptère venant du  côté du stade de l’Amitié et volant à basse attitude. C’est l’hélicoptère du Chef de l’Etat, identifiable à sa couleur  blanche et à son immatriculation « Ty- Abc ». Sa vue est accompagnée de signes de désapprobation.

« Hooooo, Yayi Boni descend… », scande la foule. L’engin fait la ronde une première fois, une deuxième fois puis prend la direction de  Dantokpa en suivant la trajectoire de la voie qui mène à St Michel, un peu comme pour mesurer l’impact de la marche. Le Chef de l’Etat était-il à bord ? « Cet engin décolle rarement sans le Chef de l‘Etat », nous chuchote un homme en uniforme présent sur les lieux. Plus tard, vers 10h, une source proche de l’équipe de pilotage de l’hélicoptère confie que Yayi était bel et bien à bord. « Il ne voulait pas attendre de voir les images à la télévision. Il veut s’assurer que la marche n’a pris une autre tournure », confie laconiquement la même source.

« Ils sont têtus… »

Quelques minutes après, la place de l’Etoile rouge est envahie par les marcheurs avec à leur tête des personnalités politiques de tout bord et de toute génération. Du trentenaire Guy Mitokpè du parti « Restaurez l’espoir » aux octogénaires Gratien Pognon et Maurice Ahanhanzo -Glèlè. Des communistes comme Philippe Noudjènoumè, Thèrese Wahounwa et Paul Essè Iko aux libéraux  comme Lehady Soglo, Abdoulaye Bio Tchané, Sévérin Adjovi en passant par les socio-démocrates comme Bruno Amoussou, Jocelyn Dégbé. On comptait d’innombrables  anciens ministres de Soglo, Kérékou et Yayi . Jean Roger Ahoyo pour Soglo. Kolawolé Idji, Lazare Sèhouéto, Sévérin Adjovi, Alain Adihou, Abdoulaye Bio Tchané, Rafiatou Karim, Valentin Houdé, Gaston Zossou pour Kérékou. Adidjatou Mathys, Candide Azannaï, Jocelyn Dégbé, Richard Sènou pour Yayi. C’est le Professeur Maurice Ahanganzo Glèlè qui ouvre le bal des interventions.

L’impresario du moment Orden Alladatin a dû vociférer pour arrêter les siffleurs de ‘’vuvuzela’’ et pour faire entendre celui qu’on appelle le « père de la Constitution béninoise ». Il parle d’abord en langue nationale fon puis en français. Son intervention fut courte mais pleine de sens : « Il y a 24 ans qu’on a taillé cette Constitution. Depuis, la démocratie béninoise a fait son petit bonhomme de chemin, clopin clopant. Ceux qui n’ont pas vu ces choses, ceux qui n’en connaissent rien ne peuvent pas se lever aujourd’hui et dire qu’ils veulent réviser la Constitution », affirme  le professeur Ahanhanzo Glèlè. Il  est suivi par Bruno Amoussou. Dans sa simplicité légendaire, il demande aux populations. « A ceux qui veulent détruire notre pays, je vous demande de dire non, à ceux qui veulent confisquer les libertés, je vous demande de dire non, à ceux qui veulent diviser nos communautés en faisant venir des gens pour un affrontement, je vous demande de dire non. Ils sont têtus. Atrito… », conclut-il en fredonnant cette chanson de l’artiste Don Métok.  A tour de rôle, Lehady Soglo, Raphaél Akotègnon et Abdoulaye Bio Tchané vont parler. Ce dernier ne manque d’ailleurs aucune occasion de lancer quelques pics aux marcheurs du camp Yayi partis des mêmes lieux  quelques heures plus tôt. « Dites moi si quelqu’un a été payé ici pour marcher ? Ici c’est une marche à OFr  pour nos libertés. Sans élection, il n’y a pas de démocratie », a-t-il affirmé. Suivront ensuite Atao Hinnouho, Joseph Djogbénou qui trouve inadmissible ce qui arrive au Bénin. « Nous irons chercher les élections là où elles se trouvent. Les élections c’est pour le peuple », ajoute-t-il. Valentin Houdé qui a aussi marché se montre plus critique vis-à-vis de la gestion du pouvoir actuel. « Yayi a montré ses limites, son incapacité notoire à diriger notre pays. Il a tendance à utiliser nos yeux pour dormir. Il ne peut pas. Ce sont des derniers soubresauts d’un animal agonisant », fulmine-t-il. Orden Alladatin qui réclame près de 600. 000 personnes à cette marche invite les populations à être 3 fois plus nombreuse la prochaine fois. Et cette fois-ci l’itinéraire va changer. « Nous avons déjà fait deux fois le même itinéraire. C’est un avertissement à Yayi », prévient Lazare Sèhouéto. « La prochaine fois, nous irons là où vous savez » (allusion faite à la présidence de la République), renchérit Guy Mitokpè. 

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