Bénin : les défis de Mathys Adidjatou et du Furd pour une renaissance de la démocratie

Le mouvement Forces unies pour une renaissance de la démocratie (Furd) a été porté sur les fonts baptismaux  samedi dernier, à la maison des jeunes et loisirs de Djègan-Kpèvi dans le 5è arrondissement de Porto-Novo, en présence de plusieurs personnalités dont des députés, hommes politiques, religieux, têtes couronnées, sages et notables de la ville de Porto-Novo. 

Publicité

Au terme de ses assises qui ont duré deux jours, c’est l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Mathys Adidjatou qui a été portée à la tête de ce mouvement politique qui est né avec des dents.

Au cours de la cérémonie d’ouverture de ce congrès constitutif du Furd, plusieurs allocutions et messages de soutien ont été délivrés. Des gros dossiers de la nation qui suscitent aujourd’hui des polémiques ont été passés au peigne fin par les personnalités politiques invités à cet effet, notamment le dossier PVI-NG où de nombreuses révélations ont été faites, le dossier de la Lépi sans oublier les difficultés pour le gouvernement d’organiser les élections dans notre pays. Le premier message a été délivré par Eugène Gbétchoévi président du comité préparatoire de ses assises qui a donné les raisons de la création du Furd. Selon lui, ce parti est né, pour donner un nouveau souffle à notre démocratie, en panne et impulser sa renaissance. Il poursuit en disant qu’on observe depuis quelque temps la destruction des fondements de notre démocratie au Bénin ayant pour conséquence fâcheuse la non organisation des élections, avec une destruction du tissu social qui génère une multiplicité de crises sociales et qui amène le peuple dans l’inquiétude, l’angoisse et la peur. Quant à Mathys Adidjatou, dans son mot de bienvenue, elle a d’entrée exprimé sa gratitude à l’endroit de tous ses invités malgré leur agenda chargé. Selon ses propos, les présentes assises du Furd se tiennent  à une période où notre pays est marqué par une crise économique et socio-économique caractérisée par l’effondrement de tous les fondamentaux de notre démocratie chèrement acquise. « Les élections locales, communales et municipales sont reportées sine die. Le Cos-Lépi embourbé dans des contradictions et déchirements internes, n’offre pas à ce jour les garanties pour la confection d’une liste électorale fiable et consensuelle…des forces politiques sont manipulées, instrumentalisées et divisées, le dialogue politique est inexistant. Comme c’est un tableau jamais vécu de mémoire des Béninois » a-t-elle déclaré. Il urge selon elle, de penser et de formuler des alternatives citoyennes pour replacer notre pays dans le concert des nations démocratiques. Elle fera un clin d’œil à certains hommes d’affaires béninois tels que Sébastien Ajavon, Samuel Dossou Aworé, Patrice,  Talon, Sévérin Adjovi, Tundé, El hadj Sassif et bien d’autres opérateurs économiques et hommes d’affaires qui ont subi et continuent de subir en silence la terreur du régime. « Au plan économique, les opérateurs économiques ciblés avec minutie font l’objet de harcèlement fiscal. La fiscalité étant devenue un instrument de règlement de comptes en lieu et place d’un outil de développement… L’Etat est devenu pratiquement insolvable et ploie sous le poids des dettes intérieures, faute d’une utilisation rationnelle des ressources financières très limitées de notre pays » a martelé Mathys Adidjatou.

Mathys Adidjatou fait des révélations sur le dossier PVI-NG

La présidente Mathys Adidjatou est revenue sur le dossier PVI-NG où elle a fait pour une première fois des révélations. « Je voudrais juste tirer mon épingle du jeu en cours en rappelant simplement qu’avant que le gouvernement n’assène le coup de grâce au PVI en 2012, les réalisations mensuelles de recettes douanières atteignaient et dépassaient même les prévisions. Ceci est vérifiable auprès des services du ministère en charge des finances (…) Face à ce dossier encore pendant devant la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA (CCJA), bien de Béninois ont encore raison d’avoir des craintes pour les caisses de l’Etat. La sentence définitive n’est pas encore tombée, mais le gouvernement a pris une option malgré l’alerte donnée par le groupe d’honorables députés. Pour éviter la condamnation de notre pays au versement de dizaines de milliards de francs CFA à l’opérateur Bénin Control Sa » a déclaré Mathys Adidjatou. Enfin, elle met en garde le gouvernement « si par malheur, la condamnation est prononcée, alors les Béninois seront en droit de demander des comptes à leurs dirigeants et à son chef en particulier ou même régler ses comptes ».

Le Furd ancré dans l’opposition

La présidente Mathys Adidjatou a parlé de la vision et des défis du Furd qui, selon ses propos, est une formation politique encrée dans l’opposition. « Nous devons donc, tous, dans un sursaut patriotique, combattre l’imposture, l’arbitraire et les complots ourdis contre notre processus démocratique. Nous l’avons bien compris à bien des égards. C’est pourquoi, le mouvement FURD est résolument  engagé pour s’opposer à la gouvernance du régime actuel. Le FURD est ouvert à tous mouvements ou partis partageant la même vision et les mêmes idéaux que lui » a- t-elle précisé avant de dire que le Furd, ses militants et les autres formations politiques ayant les mêmes idéaux doivent penser à formuler des alternatives citoyennes pour restaurer les valeurs démocratiques dans notre pays. Au terme des travaux du congrès,  Semiou Mohamed Chitou Mathys Adidjatou a pris les rênes du de ce mouvement politique Furd. La ministre Adidjatou Mathys a été faite présidente d’honneur de ce mouvement politique

Publicité

Eric Houndété, représentant de l’UN 

«  je voudrais dire aux congressistes toute la joie qui m’anime. J’ai plusieurs raisons d’être ici aujourd’hui et aussi j’ai été missionné par l’Union fait la Nation et le président de l’UN m’a dit, j’insiste pour que tu sois là. Il m’a dit, il faut y aller avec ton complice d’hier nuit et mon complice d’hier nuit était déjà là, il s’agit du ministre Gaston Zossou évidemment. En décidant de venir personnellement et recevant les instructions du président de l’UN, j’étais animé par la très grande joie que l’un de nos vœux les plus ardents était en train de s’accomplir. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de faire en sorte que désormais dans notre pays, davantage de femmes s’inscrivent dans l’action politique. Madame la ministre, vous donnez un bon exemple. Notre pays est composé de beaucoup de femmes intelligentes, lettrées, des femmes engagées dans l’action, même quand elles ne sont pas lettrées, elles sont très entreprenantes. Mais décider de prendre les rênes d’une organisation politique, ce n’est pas une mince affaire, c’est un acte de courage, de bravoure que je voudrais saluer avec beaucoup de respect. Vous tenez votre congrès à un moment particulièrement décisif et délicat de la vie politique dans notre pays. Le pays est en difficulté, notre démocratie est en difficulté, donc le pays est malade et vous avez décidé d’apporter votre pierre à la construction, à la fabrication du médicament qui va guérir notre pays. Vous l’avez dit vous voulez la renaissance de notre démocratie. Une démocratie dans laquelle il n’est pas possible de faire des élections à bonne date, une démocratie dans laquelle il n’est pas possible d’avoir accès aux médias du service public, où le dialogue se transforme en monologue, entre copains d’un même système. Et il ne nous est  pas possible de réussir en étant éparpillés, c’est pour ça que je voudrais dire aux fils du Bénin, Unissons-nous. Il y a une marche pour le 10 novembre prochain ici à Porto-Novo, que tout le monde se lève pour adhérer à cette marche et que ce soit la marche du peuple béninois pour exiger une meilleure gouvernance de notre pays. Il me reste à souhaiter au FURD longue vie et que du FURD sortent beaucoup d’élues femmes»

Karim Rafiatou (invitée)

C’est l’occasion de vous transmettre le message de félicitations et de soutien du Réseau des femmes baromètres de la démocratie au Bénin. Depuis quelques années, la vie sociopolitique de notre pays donne des signes inquiétants et malheureusement préoccupants relatifs à l’état de santé du système démocratique issu de la conférence des forces vives de la nation il y a 24 ans. L’économie nationale bat de l’aile, la gouvernance sociale et politique est conduit au petit bonheur la chance. Dans un tel contexte nous ne pouvons que saluer et applaudir l’avènement du mouvement politique qui se donne pour défi, démocratie, paix et développement et tel qu’il ressort dans sa dénomination est la renaissance de la démocratie. Nous souhaitons plein succès à vos assises et lançons du haut de cette tribune, un vibrant appel à tous les démocrates de notre pays pour qu’enfin les perspectives du rapprochement et de multiplication des forces démocratiques et de progrès commencent à être étudiées avec sérieux sans esprit égoïste, ni esprit sectaire et groupusculaire »

Antoine Détchénou président/ Front citoyen : « Je vous invite à la vigilance révolutionnaire»

« Mon message le plus profond est de vous inviter à une vigilance révolutionnaire. La révolution à laquelle je vous appelle est une révolution du cœur. Je voudrais vous inviter tous ici à opérer sur vous la force d’âme qu’il faut pour changer les choses. Si notre démocratie est faible, c’est la faute à nous parce que le mal profond, nous n’avons pas réussi encore dans ce pays à créer une force capable de dire non. Nous avons depuis longtemps, depuis 1990, nous avons échoué et cette faiblesse là que conduisent tous les gouvernements qui se sont succédé. La démocratie ne peut se conduire sans le jeu fort des partis politiques, tous ceux qui pensent dans la même direction pour travailler à éviter la course au leadership. Il faut qu’ensemble, nous puissions avoir le courage de dire que devons-nous faire aujourd’hui pour combattre ce qui est devant nous. Aucun gouvernement ne peut avoir le courage de faire ce que fait ce gouvernement aujourd’hui s’il se trouve devant un parti puissant et fort. Le message qui j’ai envoyé à l’UN récemment est ceci : la voie conduisant à l’unité est un chemin difficile, périlleux et que c’est par une porte étroite qu’il faut passer pour conduire à l’unité (…) l’opposition ne peut jamais gagner les élections, toute l’opposition réunie ne peut jamais gagner les élections tant que Yayi est encore là, s’il n’y a pas une liste fiable. La Lépi d’aujourd’hui comme ce que prépare le Cos-Lépi ne permettra jamais d’engager les élections pour gagner. C’est pourquoi nous parlons d’une liste ad ‘hoc sur le principe très simple de l’article 6 de notre Constitution, une liste conçue et non pas par des politiques mais par des experts. La liste ad ‘hoc est une liste technique mais sous le couvert des politiques ».

Honorable Valentin Houdé, président/And :  «Je vous exhorte au courage »

« l’And salue votre courage et est déjà pressé d’analyser avec vous les conditions d’un vivre-ensemble pour mieux combattre les élans liberticides qui ont fait reculer notre pays et qu’il ne mérite pas. Nous avons surtout un dénominateur commun puissant et emblématique, la démocratie. Nous avons donc intérêt à nous mettre ensemble pour barrer la route à l’imposture. De nos jours, nous assistons à la déliquescence de notre Etat, notre nation commune appelée présidence de la République érigée en direction de campagne permanente. Le gouvernement donne  l’impression d’être en campagne électorale et d’évangélisation. Il n’est pas exagéré de conclure que le problème actuel plonge notre démocratie dans un coma profond ? Nous avons pour preuve, la non tenue des élections locales, communales et municipales, les violations flagrantes et constantes des libertés fondamentales, la propagande gouvernementale qui laisse penser que tout va pour le mieux. Pour remettre notre pays sur les rails, il faut l’union de toutes les filles et fils de notre pays, pour sauver les acquis de l’historique conférence des forces vives de la nation de février 1990 (…) Votre mouvement contribuera à créer un nouveau saut qui retiendra la respiration de notre pays qui a besoin d’être construit par tous les enfants. A l’And nous sommes pressés de vous accueillir pour des réflexions prospectives d’ensemble, utiles au développement intégral de notre beau pays le Bénin. Votre mouvement naît dans un paysage politique difficile, les buissons se dresseront rapidement sur votre chemin et c’est une raison majeure pour vous armer de détermination, de prudence afin de faire échec à tout esprit de démobilisation de déstabilisation, susceptible de vous éloigner de vos idéaux. Pour terminer, je voudrais vous exhorter à une chose fondamentale, le courage et rien que le courage ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité