Création du regroupement politique Soleil : une alliance qui renforce la partition nord-sud

Près de cinq ans après la naissance de l’Union fait la nation(Un), un autre grand regroupement politique a vu le jour hier à Cotonou. Contrairement aux espoirs suscités, l’alliance n’a pas trop l’air d’un vrai front anti –Yayi. Elle a plutôt un fort relent régionaliste avec des leaders politiques visiblement préoccupés par l’après 2016.

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La fondation Friedrich Ebert devrait avoir un grand regret après la création de l’Alliance Soleil. Elle qui, naguère, a organisé sa dernière soirée politique sur «  le régionalisme et l’urgence d’une cohésion nationale au Bénin » ,afin de lutter un tant soit peu contre ce mal qui détruit notre tissu social. Mais apparemment les échos de cette soirée ne sont pas parvenus aux oreilles des leaders politiques créateurs de cette alliance que sont Issa Salifou, Antoine Dayori et Sacca Lafia. Ces trois leaders politiques constamment élus députés lors des trois dernières législatures ont décidé dimanche d’unir leurs forces en mettant leurs différentes formations politiques dans une même alliance dénommée alliance « Le Soleil ». Il s’agit de l’Upr de Issa Salifou, l’Uds de Sacca Lafia et Force Espoir d’Antoine Dayori. Dans l’apparence, il s’agit d’un grand effort à encourager, surtout dans un contexte national où la plupart des leaders politiques préfèrent évoluer en autarcie et utilisent leurs partis pour faire du «  business ». Le lieu choisi aussi pouvait renforcer les apparences. Au lieu de Parakou ou une des grandes villes du septentrion, les organisateurs ont choisi Cotonou où le palais  des congrès au dire des confrères  de la chaîne privée Canal 3 – la bien nommée- a fait sale comble.  

Camouflage

Seulement voilà, l’alliance n’a pas semblé donner les gages d’une politique authentique mais d’un regroupement régional avec des leaders originaires tous du septentrion. Tenez, Issa Salifou député originaire de Malanville, Dayori vient de Matéri et Sacca Lafia de Pèrèrè. Aucun homme ou parti politique de la  région du sud n’y est membre. C’est peut être à cause de l’objectif que Saley dévoile imprudemment en disant : « Nous allons tenir le nord… ». Complétant que les autres forces politiques devront s’occuper du sud. On peut comprendre que les géniteurs de cette alliance  travaillent juste pour leur « nord », leur région, et pas plus. Pourtant, à la création  de l’Un, plusieurs responsables politiques de la nébuleuse Fcbe, dont Sacca Lafia reprochaient à cette union de n’être composée que d’hommes politiques du sud. De plus en plus, les propos régionalistes ne se tiennent plus en privé, dans la discrétion des salons et des chambres  mais sur la place publique et tient une grande place dans le débat public. On peut donc se demander si cette alliance est donc une réplique à la création  de l’Un ?  Toujours est-il qu’elle n’apporte rien à l’enracinement de la cohésion nationale. Au contraire, elle renforce le clivage nord-sud entretenu sur l’échiquier politique national depuis 1960. Cette création fait également des dernières réflexions de Bruno Amoussou qui exhortait tout récemment la classe politique à transcender ces clivages ethniques pour créer de grands ensembles politiques capables, comme l’Anc de briguer à lui seul le pouvoir d’Etat. Hélas le soleil qui brille envoie des rayons épars à Matéri, Malanville, Pèrèrè. Ils ne couvrent pas les autres régions du pays

Gbian, l’homme pour qui le « soleil » brille

Parmi les invités de marque des géniteurs de cette alliance, il y avait Robert Gbian, le général bourgeois dont la candidature à la présidence est agitée depuis des mois.C’est pour la première fois qu’il apparaît publiquement au cours d’une activité politique d’envergure au sud. Il passe le clair de son temps, selon les dires, à bourlinguer dans les contrées du septentrion où il est en perpétuelle activité politique. Le voir apparaître aux côtés d’hommes politiques aux relents régionalistes renforce la rumeur que cette alliance est créée pour le soutenir. Et si tel est le cas, on peut bien douter de l’engagement de ce présidentiable à restaurer un Etat détruit par un régionalisme exacerbé sous Yayi.

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