Impasse électorale au Bénin : le gouvernement refuse le dialogue et fait du folklore

L’opposition ne participera pas au dialogue politique de ce jour sur l’impasse électorale. La réunion de préparation d’hier entre le gouvernement et certaines tendances politiques concernées a accouché d’une souris. Les opposants pointent du doigt l’impréparation et le folklore orchestré par le président Boni Yayi et les siens.  

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Un monologue de Boni Yayi au lieu d’un véritable dialogue gouvernement-opposition. C’est sans aucun doute ce à quoi l’on assistera ce vendredi au palais de la Marina. Par un communiqué diffusé sur les écrans de la télévision nationale  tard dans la nuit d’hier au moment où nous mettions sous presse, le ministre chargé des relations avec les institutions invitaient les forces politiques à séance de ce jour à la salle des Ambassadeurs de la présidence de la république. Sont conviés à la rencontre  les responsables de partis politiques ou alliances de partis politiques représentés et non représentés à l’Assemblée Nationale, les membres des bureaux du Parlement, de la Cena (Commission électorale) et du Cos-Lépi (organe chargé de superviser la correction de la liste électorale). Ce dialogue politique est une demande des partis de l’opposition et de la société civile, réunis pour la grande majorité, au sein de la plate -forme des « forces politiques et sociales de progrès pour des élections crédibles.» Ces forces de progrès ont exigé le dialogue politique inclusif lors de la gigantesque marche pacifique du 29 octobre dernier. Et ce point figure encore au nombre de leurs revendications pour la marche du 11 décembre. En plus d’un dialogue politique, la plate-forme exige entre autres la mise à disposition d’une liste électorale fiable et consensuelle et l’organisation des élections municipales, locales et communales reportées sine die depuis février 2013. Cependant, quoique demandeur du dialogue politique comme issue à l’impasse électorale, ce regroupement de partis politiques ne répondra pas à l’invitation du gouvernement. Du moins, pas celle de ce vendredi 04 décembre 2014. Les leaders de la plate-forme expliquent leur absence par l’impréparation et le folklore savamment orchestré par le gouvernement dans la conduite de ce dossier. Cette attitude, le gouvernement l’a bien affichée ce jeudi.

Le refus de l’instrumentalisation

En effet, dans l’après-midi d’hier, le ministre chargé des relations avec les institutions a convié les responsables des partis et alliances de partis politiques à une séance de préparation du désormais pseudo dialogue politique de ce jour. Selon nos recoupements, différentes parties concernées ont assisté à cette réunion de préparation. Ce sont notamment le MCRI et son cabinet, les délégations des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe, famille politique de Boni Yayi) et  de la plate-forme. Les Fcbe étaient représentées, entre autres par les anciens ministres Benoit Dègla et Alexandre Hountondji, le député Chabi Sika et le coordonnateur national de l’alliance Eugène Azatassou. Du côté de la plate-forme, il y avait des personnalités comme l’ancien ministre Lazare Sèhouéto, l’ancienne député Amissétou Affo Djobo, Guy Mitopkè, Dénis Sindété et Séraphin Agbahoungbata. Nos sources ont indiqué que la Renaissance du Bénin et le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) invités était absents. Mais le Prd dit n’avoir reçu l’invitation du Mcri  qu’à 16h et ne pouvait donc être à une rencontre si précipitée. L’objectif de cette réunion de préparation était  d’harmoniser les points de vue sur l’ordre du jour et les parties à inviter au rendez-vous de ce jour au Palais de la Marina. Mais au finish, les parties n’ont pu accorder leurs violons sur ces éléments. Malgré cela, le gouvernement avait déjà entamé sa communication autour du dialogue. L’opposition refuse donc de participer à un dialogue dont les parties conviées ne se sont pas entendus au préalable sur les modalités. Une réunion du genre ne peut nullement prospérer. «Ils veulent la classe politique comme décor à un monologue de Yayi Boni qui va délivrer un discours démagogique à usage des diplomates et des naïfs de la République », a déploré Lazare Sèhouto à La Nouvelle Tribune. « Nous sommes et restons disponibles pour un dialogue politique bien préparé et débouchant sur des conclusions claires apportant des réponses à nos préoccupations », a-t-il ajouté. Invité tard dans la nuit d’hier sur la télévision nationale (Ortb), le Mcri, Gustave Sonon a confirmé la séance de ce matin au Palais de la Marina. Pourtant, en toute logique, ses interlocuteurs ont tous décliné l’offre d’un dialogue politique dans ces conditions pas vraiment claires. La plate-forme et le Prd ne seront donc pas au Palais ce jour. On assistera donc à un monologue au lieu d’un dialogue.

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