Après son courageux plaidoyer du 12 janvier sur le plateau de la télévision envers le Chef de l’Etat pour libérer l’Ortb, Ozias Sounouvou fait des émules. Son action, certes isolée, a reçu un soutien populaire et semble faire bouger les choses un peu à l’Ortb. Mais pour féconder un vrai changement dans l’univers médiatique béninois, il doit être accompagné du soutien des organisations professionnelles.
L’audace d’Ozias Sounouvou porte déjà ses fruits. Hier, les téléspectateurs de la télévision nationale ont pu suivre le premier débat contradictoire depuis 2006. Il s’agit là d’une grande avancée sur cette chaîne de télévision qui a habitué naguère ses téléspectateurs aux causeries insipides de gens qui disent les mêmes choses. Ceci ne serait pas passé si, il y a une semaine, Ozias Sounouvou n’avait pas lancé l’opération de libération de la chaîne en demandant au Chef de l’Etat d’aider les journalistes à faire leur travail dans les règles professionnelles requises. En effet, suite à la pression populaire engendrée après cette déclaration, ces responsables ont compris qu’il fallait faire des concessions. Depuis, la désapprobation populaire ne semble plus s’estomper. Des organisations de la société civile et certains partis politiques et des milliers de Béninois anonymes, se sont lancés dans la bataille pour accompagner le mouvement. Et pour cause, longtemps durant, tous ont souffert de ce monolithisme médiatique qui avait court à l’Ortb et qui excluait tous ceux qui osent penser autre chose que celle de la coterie politique au pouvoir. Des communiqués de presse et des déclarations sont venus de toutes parts pour soutenir le journaliste qui recevait depuis une avalanche de soutiens mais aussi des menaces venant de la part d’un ministre de la République. Mais depuis, la mobilisation des organisations professionnelles autour de leur confrère est encore timide sinon absente. En dehors de quelques actions éparses dans la corporation, on n’a pas encore vu les organisations professionnelles faire des communiqués pour soutenir Ozias Sounouvou. Or, ce soutien est nécessaire pour permettre au journaliste d’avoir les ressources morales et intellectuelles pour continuer le combat. Il est aussi nécessaire pour entretenir la flamme de la contestation et continuer à exercer une forte pression sur le gouvernement. Car, bien que les responsables de la chaîne aient montré un signe d’ouverture, le défi de la quête de la liberté de presse est entier. Il reste beaucoup de choses encore à changer pour espérer que dans les mois et les années à suivre l’Ortb devienne réellement un média de service public qui est au service de tous les Béninois.
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