25è anniversaire de la conférence nationale : mieux qu’en 1990 !

Du 19 au 28 février 2015, nous allons commémorer le vingt-cinquième anniversaire de notre Conférence Nationale, avec un accent particulier sur les leçons pertinentes que nous devons tirer de ces assises pour l’évolution politico-institutionnelle de notre pays. 

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L’Eglise catholique fidèle à  ses habitudes, a déjà initié une série de réflexions sur cet événement historique, sa portée et ses limites. Ce fut d’abord dans le cadre des conférences de l’Institut Notre-Dame de l’Inculturation ; ce sera aussi lors du tridium des 19, 20 et 21 février avec des messes concélébrées par tous les évêques du Bénin en la Paroisse Saint Jean-Baptiste chacun de ces trois jours à 12h45, la Conférence-débat animée par Me Migan au PLM-Alédjo le samedi 28 et une série de manifestations spéciales à l’Institut des Artisans de Paix  et de Justice ! Le dynamisme de l’Eglise catholique est surtout porté par le Père Julien-Efoé Pénoukou, aumônier des cadres et personnalités politique ; mais où sont donc les organisations laïques de la société civile ?

 Deux attitudes sont également à être évitées lorsque nous nous mettons à apprécier notre Conférence Nationale :

1)         la tendance de tout peindre en sombre (et pas en noir, s’il vous plait ; dark not black) ;

2)         la tendance diamétralement opposée de tout peindre cette fois-ci en rose.

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En fin de compte, notre Conférence Nationale n’a vraiment débuté que le samedi 24 février 1990, jour où elle a proclamé la souveraineté de ses décisions ; c’est-à dire la fin de l’Etat-PRPB. Force est de constater que contrairement aux rengaines nostalgiques, il y eut d’abord un vide créé par la chute de l’Etat-PRPB ; on n’avait eu que le temps de s’entendre sur les deux têtes de l’organe exécutif, l’organe législatif (HCR) qui faisait aussi fonction de Cour Constitutionnelle, la mise sur pied d’un comité constitutionnel chargé de rédiger la nouvelle constitution. L’essentiel ! Pour le reste, il faudra attendre une charte constitutionnelle rédigée par le HCR. Aussi a-t-on beaucoup glosé ces derniers temps sur les insuffisances de la Conférence Nationale dont celle-ci la plus grave : n’avoir pas dit et consigné dans la Charte Constitutionnelle que les trois têtes de la Transition (le Président de la République Mathieu Kérékou, le Premier Ministre Nicéphore SOGLO et le Président du HCR Monseigneur de Souza) ne pouvaient pas se présenter à l’élection présidentielle de mars 1991. Mais précisément, notre génie réside dans ce fond paysan qui nous fait éviter les extravagances : le mieux est l’ennemi du bien. Voyons donc ! Partout où la Conférence Nationale décrétée au début souveraine a pris une telle mesure, cela a débouché (sauf au Mali où le Premier Ministre en la personne de Soumaïla Cissé était la seule figure de l’Exécutif) sur l’impasse, le blocage institutionnel ou un coup de force de l’ancien homme fort ; ce fut le cas au Congo, au Zaïre, au Niger, au Gabon  et surtout au Togo ! En effet, on n’aurait eu aucun mal à empêcher Nicéphore SOGLO d’être candidat à l’élection présidentielle de mars 1991, mais je doute fort que le Général Mathieu Kérékou eût accepté de se  débarrasser de l’Etat-PRPB ce mercredi 28 février s’il n’avait pas l’espoir de reconquérir le pouvoir par la voie des urnes. Ce qu’il fit en 1996 !

Cependant, il y eut des décisions peu heureuses de l’organe législatif de la Transition :

1)         l’immunité personnelle inconditionnelle donnée au Général Mathieu Kérékou. Pourquoi avoir empêché les anciens leaders de revenir au pouvoir et pas lui le Grand camarade de lutte responsable de la faillite de du pays ?

2)         le fait de conférer à l‘organe législatif qu’était le HCR les fonctions d’une Cour Constitutionnelle. Elle était ainsi juge et partie ; raccourci commode pour les « hommes du Président » de faire déclarer conforme à la Constitution ou au contraire non-conforme tout texte législatif qui risquait d’entraver l’action du Premier Ministre, le vrai chef de la Transition ;

3)         le fait d’avoir élaboré une charte constitutionnelle pro homine conférant des pouvoirs exorbitants au Premier Ministre aux dépens du Président de la République. Ce dernier aurait pu exciper du rôle qu’on attend de tout chef d’Etat en Afrique pour créer une crise politico-institutionnelle ; comme  Sourou Migan Apithy en 1965 !             

En outre, les vraies orientations fondamentales de notre Conférence Nationale et qui seront consignées plus tard dans le Préambule de la Constitution du 11 décembre 1990,  sont :

•           la réconciliation nationale ;

•           l’avènement d’une ère de Renouveau démocratique ;

•           la réaffirmation de l’opposition du peuple béninois  à tout régime fondé sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice, la concussion, le régionalisme, le népotisme, la confiscation du pouvoir et le pouvoir personnel.

Si en juin 2007, notre Cour Constitutionnelle s’était fondée sur ce préambule pour prendre sa célèbre décision faisant du « consensus national, un principe à valeur constitutionnelle », pourquoi les rédacteurs de la Charte Constitutionnelle n’avaient-ils pas vu que le seul régime politique possible sous la Transition était un gouvernement d’union nationale ? Alors les jeunes politiques du groupe de Kouhounou auraient-ils été contraints de dialoguer avec leurs aînés du groupe d’Avrankou et c’aurait été « un processus moléculaire d’assimilation réciproque » ? Nous n’aurions pas été en face de ce sectarisme d’essence ethno-régionaliste qui a construit un mur autour du  Premier Ministre de la Transition, « l’homme de la situation » devenu de la même façon le premier Président de la république du Renouveau démocratique. On a beaucoup glosé sur le fameux Appel de Goho que d’aucuns  considèrent comme la « Nuit des longs couteaux » du Bénin : le « cercle familial » a réussi à détruire  cet aréopage sectaire de Fons. Pour le pire !

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