Une sagesse populaire dit: » si le chien refuse d’aller flairer l’arrière-train de l’étranger, c’est que celui-ci représente pour lui une quantité négligeable ». Depuis que Boko Haram se risque constamment sur les territoires camerounais, nigériens et tchadiens, les Béninois, tout tremblants, attendent, les bras ballants, que la secte islamiste vienne leur pourrir la vie.
Partout, se murmure « à quand notre tour »? Et quand rien ne se passe, les gens remettent pour le lendemain leurs peurs en espérant que ces dégénérés mentaux aient définitivement oublié le Bénin. Mais tenons-le pour dit: Boko Haram n’a pas oublié notre pays. Pire, il l’a programmé comme un élément important dans sa stratégie de créer, à partir du nord nigérian, une grande ceinture islamiste pouvant relier le Sahel à la zone d’influence des Shebabs à l’extrémité est du continent. D’ailleurs, de tous les états voisins du Nigéria, notre pays est considéré
comme le maillon faible, celui dont l’armée est la moins expérimentée, la moins aguerrie, même si on se laisse parfois griser par les fleurs que nous jette l’ONU pour les deux ou trois bataillons qu’on envoie de temps à autre dans les pays en guerre. Sur les 747 km de frontière que nous partageons avec les concitoyens de Goodluck Jonathan, les fous de Boko Haram auront tout le loisir d’étendre leurs nattes sur nos terres et de dormir à la belle étoile sans qu’on vienne leur chatouiller les orteils. Mais ils ne pourront pas, en tout cas, au jour d’aujourd’hui, prendre une aise aussi estivale. Parce que:
– les états fédéraux accolés aux frontières béninoises ne sont pas encore tombés dans l’escarcelle de la secte.
-le nord Nigeria où sévissent ces fous est relativement loin du nord Bénin qui, à la vérité, est plus descendant, donc, plus bas que le septentrion du pays de Wole Soyinka.
Cependant, dans des villes comme Ségbana ou Pèrèrè, situées sur les frontières, on voit des mutations inquiétantes se produire et transformer peu à peu le paysage. Les femmes sont sévèrement « hidjabées », devenues des ombres noires qui déambulent dans les rues; le menton des jeunes gens s’allonge interminablement de barbe; les pantalons jean, modèle d’habit décontracté et universellement adopté, a disparu dans le port vestimentaire. Et il y a, semble-t-il, plus de mosquées au mètre carré que d’écoles. Des signes qui traduisent la radicalisation des pratiques religieuses dans ces contrées qui d’habitude, avaient une approche plus soft de l’islam. Influence de Boko Haram ou infiltration d’autres mouvements intégristes?
Pour le moment, les Béninois attendent avec anxiété. Et ce n’est pas la réaction de matamore de Yayi Boni qui arrangerait les choses. Le président béninois a fait entendre, à l’issue d’un Conseil de Ministres, qu’il veut mobiliser sept-cents soldats pour faire pièce aux velléités d’agression de la secte décriée. Il paraît qu’en suivant la traduction du communiqué, le leader de Boko Haram se serait fendu d’un rire de chameau qui l’aurait fait tomber sur sa natte.
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