Fcbe : le fan-club qui rêve de vivre pendant 100 ans

L’histoire des Fcbe, le parti-Etat du Bénin depuis 2006, fait bien marrer. Parti-Etat ?! Cette appellation est agitée juste pour montrer le caractère consubstantiel de cette formation avec l’organisation de l’Etat. Sinon, les Fcbe n’ont en réalité aucune caractéristique des partis ou clubs électoraux qui essaiment nos pays africains.

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Elle n’est fondée sur aucune idéologie. En tout cas, pas dans le format des idéologies politiques qui existent aujourd’hui dans le monde entier. A-t-elle au moins une vision ? Depuis longtemps, on entend fréquemment les zélateurs du Chef de l’Etat et les barons du régime répéter à longueur de discours que le Chef de l’Etat a une vision.  Avec l’avènement d’un bon communicateur en la personne de Komi Koutché aux devants des choses, on a cru un instant que cette vision allait être enfin bien expliquée. Pendant la période de préparation de ce Congrès, j’ai écouté avec attention les nombreuses interventions du ministre Koutché et de ses coadjuteurs  du comité préparatoire. Mais jamais la fameuse vision qui porte les actions du gouvernement n’a été dévoilée. Le ministre Koutché lui-même s’est contenté de dire laconiquement, lors d’une conférence de presse que « le Chef de l’Etat a une vision ». Laquelle ? Mystère. Quid de l’organisation du consortium  politique? Contrairement aux autres partis, les Fcbe ont un fonctionnement assez atypique. Les structures de base sont presque défaillantes, voire inexistantes et les possibilités d’ascension au sein du parti sont rares. On s’y devient militant qu’en tant que ministre, Dg, conseiller nommé par le Chef de l’Etat.

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A la base, on mise beaucoup sur la foule, sur monsieur tout le monde, sur le conducteur de zémidjan, sur la femme du marché qui espère les micros crédits, sur le jeune qui attend des financements de l’Etat pour s’auto employer et la grande masse des badauds souvent payés comptants. Il ne serait pas exagéré donc d’appeler les Fcbe, fan-club de Boni Yayi. C’est une forme d’associations assez fréquentes dans le monde sportif et culturel. Les sportifs de renom (footballeur, basketteur, tennisman, boxeur, pilote de formule…), les stars comme  on les appelle possèdent des fans clubs. Les acteurs de cinéma, les chanteurs célèbres en possèdent aussi. Ce qui fonde l’existence de ces clubs, c’est que ses membres partagent ensemble la joie d’apprécier et de soutenir une star à qui ils reconnaissent des talents surnaturels de sportif et d’acteur. Ici, c’est Boni Yayi le messie national. Celui -là même qui a rendu les césariennes, l’enseignement primaire et secondaire et les soins de santé gratuits pour les enfants. C’est celui qui depuis huit ans travaille sans relâche pour le développement du Bénin. C’est le président qui a fait plus que tous les autres présidents du Bénin depuis 1960. Parmi les membres du fan club, les femmes bénéficiaires des micros crédits, les jeunes ayant reçu les financements de l’Etat, les anonymes dressés par la communication gouvernementale. Il n’y pas de vrais militants Fcbe à la base.  Au sein d’un fan club, ça ne réfléchit presque pas. Ça applaudit et soutient. Les Fcbe sont à cette image. La vision de cet agrégat de mouvements et partis politiques est celle de Boni Yayi. Ses chantiers sont ceux du président de la République. Et ce congrès en a donné le ton. Si la coordination n’a pas pu être renouvelée c’est bien le souhait du Chef de l’Etat qui ne veut pas créer d’autres frustrations et d’autres démissions avant les prochaines élections. Si le projet de révision devient une des priorités des Fcbe c’est bien parce que le Chef de l’Etat le veut. Les Fcbe n’ont pas d’ambitions et de projets qui ne sont pas ceux du Chef de l’Etat. Dans l’histoire des fans clubs, il n’y en a pas beaucoup dont la durée de vie a dépassé les 20 ans. Les Fans clubs ne durent que le temps où la « star » qu’elles soutiennent est au zénith de son art et de son génie. Tant que Yayi sera au pouvoir, ça fleurira au sein des Fcbe. Des ministres, des conseillers, des députés et des Dg de société feront les militants zélés pour mériter leurs maroquins. Dès qu’il ne sera plus au pouvoir, tous iront chercher ailleurs pour les mêmes causes. Il n’y aura plus de postes juteux à partager, de micros crédits à donner aux femmes pour entretenir la conviction politique. En 2017, les Fcbe seront de vieux souvenirs pour maints Béninois. Ceux comme Komi Koutché qui entretiennent l’illusion de le faire vivre pendant 100 ans font un rêve d’enfant qui ne sera jamais réalité.

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