Fini le suspense du feuilleton à rebondissements de l’affaire dite de l’agression perpétrée sur la personne de Me Lionel Agbo. L’affaire déférée devant le tribunal des flagrants délits a été officiellement close lundi dernier sur le verdict en demi teinte du pourtant excellent juge Jacques Hounsou.
Une condamnation à un mois de prison ferme pour le présumé agresseur assortie d’une amende de 48000F Cfa. Un verdict pour le moins clément dans une affaire où Lionel Agbo aurait pu laisser sa vie. Agbo lui-même a maladroitement justifié l’altercation avec l’agresseur par le souci de préserver la vie de son « garde du corps » qui n’avait visiblement pas le physique du métier. Pas de dommages et intérêts non plus que ses avocats n’ont d’ailleurs pas réclamés, ne serait-ce que pour couvrir les frais engagés pour les soins dans l’une des cliniques privées les plus prisées de notre capitale économique. Rien qu’une toute petite peine d’un mois de prison ferme et une amende symbolique pour quelqu’un qui s’est servi d’une barre de fer (excusez du peu !) pour frapper un adversaire notoirement connu dans un quartier qui n’était pas le sien.
Ceux, qui comme nous, étaient sur les lieux de l’agression dans les premières heures de sa commission s’attendaient au moins à un verdict exemplaire de nature à décourager les intrus des quartiers et les violeurs de domicile, sous le fallacieux prétexte de la légitime défense. Et c’est précisément sur ce terrain balisé par les interventions télévisées du commissaire central et du Dgpn que le juge s’est laissé piéger et par le ministère public dans ses réquisitions et par Me Raphaël Ahouandogbo, avocat constitué pour la défense du prévenu. Il n’a vu dans le prévenu qu’un malheureux citoyen, jouissant de son droit de libre circulation sur toute l’étendue de la ville et… du territoire. L’avocat défenseur de la veuve et de l’orphelin ne s’est posé aucune question sur la raison de la présence de l’agresseur aperçu à plusieurs reprises dans un quartier qui n’était pas le sien. Aucune question sur le droit des riverains de s’inquiéter de toute présence suspecte dans leur voisinage. Ceux qui connaissent le quartier de la Patte d’Oie savent qu’il s’agit d’un quartier résidentiel de type occidental dont les rues sont la plupart du temps vides et dont les occupants vivent claquemurés dans leurs résidences cossues et pour cause…. Le très volubile Me Ahouandogbo dont les envolées lyriques, ont été saluées par une salve d’applaudissements nourris d’une partie de l’auditoire visiblement acquise à sa cause, ne s’est posé aucune question non plus sur la qualité de Me Lionel Agbo, avocat comme lui, ravalé au rang d’un vil « bagarreur » de quartier qui s’est, à ses yeux, joint à son collaborateur pour frapper un citoyen sans défense. Me Ahouandogbo n’a vu en ce Loko qu’un pauvre citoyen contraint par les circonstances de faire feu de tout bois, au sens propre comme au sens figuré, (on a froid dans le dos !) pour se défendre légitimement et avec le droit légitime de blesser autrui sans prendre le moindre coup. Scandaleuse prime aux violeurs de domicile et aux voyous du quartier qui s’introduisent dans les maisons de jour comme de nuit, pour emporter tout ce qu’ils n’ont pas chez eux ! De ce point de vue, Me Lionel Agbo qui s’en est sorti avec une blessure quoique profonde au front, peut se féliciter d’avoir échappé à une mort certaine !
Bénin : Me Lionel Agbo parle en détail de son agression
Cependant, la question essentielle que le tribunal des flagrants délits a éludée tout comme les policiers enquêteurs et leurs supérieurs hiérarchiques est celle de la qualité du prévenu. C’est-à- dire sa profession. Qui est vraiment ce Loko qui s’est tour à tour présenté à la presse notamment comme cuisinier et agent immobilier, expression savante pour ce petit métier bien connu sous le terme vulgaire de « démarcheur » ? Pourquoi le tribunal et avant lui les policiers du Commissariat de Cadjèhoun n’ont prêté aucune attention aux propos de Me Lionel Agbo selon lesquels, le sieur Loko, répondant à l’état civil au nom de Codjo Bocco Bonaventure était un de ces agents de renseignements qui ont toujours rôdé autour de son domicile de la Patte d’Oie et de son cabinet à Sikècodji de jour comme de nuit , au plus fort de l’affaire dite d’offense au chef de l’Etat. Et il n’a de cesse de répéter les mêmes accusations depuis son retour d’exil. Imagine-t-on l’état d’esprit de celui qui se sait tous les jours suivi dans ses moindres déplacements ? La réponse à ces questions essentielles n’aurait-elle pas orienté le procès dans une autre direction, celle qui expliquerait peut-être la violence de l’agresseur et l’arrogance qu’il affichait les premiers jours ? Il est vrai que le sujet hautement sensible des services de renseignements et de leurs frasques n’est pas de ceux qu’on évoque par les temps qui courent.
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