Bénin : ce qui fait vraiment courir Yayi

Alors qu’il est à  un an de la fin de son dernier quinquennat, on ne comprend pas toujours  les raisons de l’engouement politique actuel observé chez le Chef de l’Etat.  Selon des confidences, Yayi travaille pour relever deux grands défis : reprendre sa majorité perdue à l’Assemblée nationale et surtout défier un certain Patrice Talon dont l’ombre plane toujours sur les élections.

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Tel un rat surpris par un feu de brousse, Boni Yayi est inquiet. On le voit d’ailleurs courir dans tous les sens pour trouver l’issue favorable afin de se sauver. La fin du mandat n’arrange rien pour lui. Plusieurs de ses lieutenants, alors très déterminés, capables de se sacrifier pour sauver le régime n’en n’ont plus la vocation. Tous ont changé d’options et se sont un à un échappés de la galère « Fcbe ».  C’est le cas du député Sacca Lafia qui a inventé l’aphorisme « Yayi Boni, c’est fini ». Irrité par cette déclaration, le président Yayi n’a pas hésité à lui répondre en disant qu’il n’est pas fini. Puis, le rebelle de Pèrèrè de revenir à la charge samedi dernier, à l’occasion du lancement de l’alliance Forces démocratiques unies(Fdu) de Mathurin Nago, de compléter sa phrase : « Yayi Boni, c’est fini, c’est fini maintenant ». Comme lui, beaucoup d’autres députés se sont affranchis de la tutelle encombrante des Fcbe pour retrouver leur liberté d’expression et leur quiétude politique. Après la création de l’alliance « Soleil » et le retour de la Rb à l’opposition, la majorité parlementaire qui donnait assurance et espoir à Boni Yayi a volé en éclats. D’une soixantaine de députés il y a quelques mois, les Fcbe ne comptent aujourd’hui qu’une vingtaine en attendant les prochaines élections.  D'eux, ont émergé de petites alliances comme Eclaireur  ,Fdu, And, Ub et bien sûr Soleil. Une vingtaine ? C’est bien loin du compte des 50 députés prévus. C’est ce qui fait courir réellement Yayi. Il a besoin de ces députés pour  se protéger et protéger ses arrières après 2016.Très rancunier, Yayi travaille aussi pour se venger personnellement de certains  députés élus il y a quatre ans sur la liste Fcbe et qui aujourd’hui le critiquent partout et parfois avec véhémence.

Une fois sans Talon 

Il y a un élément important à ne pas négliger ici. C’est  pour la première fois depuis 2006 où il est arrivé au pouvoir que Boni Yayi veut faire une campagne sans Talon. Or, il fut l’ami mais aussi le principal bailleur des Fcbe. Sevrée de cette manne financière importante, de  ce bailleur hors pair, la machine Fcbe est obligée de se rabattre sur les ministres, les Dg de société, les conseillers techniques. Au total, presque tous les ministres sont impliqués.21 ministres sont candidats. Les autres travaillent pour appuyer les listes Fcbe dans sa propre commune.  C’est donc pour compenser ce déficit de moyens financiers, que les ministres, les Dg, ont été positionnés. Tout au moins avec eux, pourront utiliser les moyens de l’Etat pour financer leurs campagnes. Bien que cette pratique  soit interdite, le gouvernement s’y adonne à merveille. A l’heure du bilan, Yayi pourra se gausser un peu de Talon en disant ; «  tu n’es pas là cette fois-ci, et pourtant j’ai eu 50 députés ». Mais là aussi, Yayi se trompe, la plupart des députés qui seront élus sur sa liste ne resteront pas fidèles jusqu’en 2016.

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