Confection de la liste Fcbe pour les législatives : comment Yayi s’est fait hara kiri

Tenue pour mystère depuis des jours, la liste Fcbe est enfin connue. Contrairement aux espérances, elle laisse un goût d’inachevé et suscite un grand tollé. Dans sa volonté de ramasser la majorité des députés, Yayi a conçu dans la précipitation une mosaïque monstrueuse  qui suscite partout contestations et même défections. Par cette maladresse, le berger devient ainsi, celui -là même qui disperse le troupeau.

Publicité

A vouloir tout contrôler, on finit par tout perdre. Yayi doit l’apprendre bien à ses dépends. Lui qui, poussé par sa fougue et sa volonté de tout caporaliser s’est arrogé le titre de fabricant de liste électorale. Par le passé, il faisait recours au service des Koupaki, Nago et autres  qui l’aidaient dans cette tâche. Mais cette fois-ci qu’il l’a faite, c’est suivi de contestations et de défections. Les dernières sont venues encore de la 11è circonscription électorale où Bruno Fagnigbé a décidé de retirer sa candidature. Il vient gonfler le lot de plus en plus important des dissidents Fcbe qui assombrit le futur. En effet, ceux qui contestent aujourd’hui la liste Fcbe sont ceux qui, hier, faisaient les génuflexions, organisaient les marches de soutien, louangeaient à longueur de discours le Chef de l’Etat. Que les temps ont bien changé ! Aujourd’hui, on soulève d’abord ses militants pour mettre le Chef de l’Etat en garde. Même le très modéré ministre de la culture Jean Michel Abimbola s’est adonné à cet exercice de contestation de l’autorité du Chef de l’Etat en envoyant ses militants contester sa position sur la liste dans la 22è circonscription après que Yayi lui-même ait choisi de mettre Christine Ouinsavi devant lui. Doit-on croire que le président Yayi a perdu, entre temps, un peu de son prestige ? Oui, la vérité est que les hommes politiques préparent tous l’ « après Yayi ». Ils savent que dans un an au plus, Yayi devrait quitter le pouvoir. C’est alors le moment pour eux de chercher à se positionner dans les groupes politiques d’avenir. Cela dit, au fur et à mesure qu’on se rapprochera de 2016, Yayi sera de plus en plus contesté, de plus en plus abandonné. Et c’est cela la plus grande leçon à tirer ici.

Un combat sur deux fronts

La liste Fcbe publiée depuis quelques jours ressemble bien à son fabricant. Elle n’inspire que précipitation, agitation. Elle veut abriter tous les hommes politiques de la majorité présidentielle. Yayi  a voulu aligner tous ceux qui pouvaient lui permettre d’avoir des voix partout. Il a préféré composer avec le diable pour cela. Il fallait y mettre tous les ministres candidats, les Dg, les députés en exercice, le grand nombre des coreligionnaires et les hommes politiques débauchés ça et là. C’est le cas du ministre Christian Sossouhounto (arraché à la Rb), du conseiller municipal Prd de Porto-Novo Antoine Avocetien et de bien d’autres. Il a composé parfois avec le diable avec le positionnement des hommes comme Joseph Midodjiho dit Oloyé, le patron du plus grand cartel de l’essence Kpayo contre laquelle Yayi a menée, il y a environ deux ans, une lutte implacable. On ne comprend pas aussi comment Yayi dans, certaines circonscriptions, mettre des députés suppléants pour des Dg qui sont sous tutelle de leurs départements. De même qu’on ne comprendra pas la logique qui gouverne le positionnement des néophytes en politique comme Justin Adjovi  et bien d’autres mieux lotis que des députés Fcbe  dont le mandat court encore. Mais à voir de près, Yayi n’a rien fait au hasard. Les débauchages de militants venus d’ailleurs, les aberrations de la liste et les mises à l’écart de certaines personnes répondent bien à des options politiques non encore élucidées. Si Yayi a tant besoin de Christine Ouinsavi c’est moins parce qu’elle est une foudre de guerre que parce qu’elle est étiquetée comme un soutien de Pascal Irénée Koupaki dans la région. On comprend bien, qu’hormis la volonté d’avoir une majorité de 50 députés, Yayi travaille aussi pour déstabiliser les potentiels candidats pour la présidentielle.  C’est ce qui explique le positionnement de deux ministres, un Dg et un  maire dans la 1ère circonscription sur la liste. Il s’agit là d’un plan pour empêcher Issa Salifou, candidat potentiel à la présidentielle de 2016 d’être élu député. A vouloir avoir tout le monde sur sa liste pour une majorité écrasante, Yayi a fini par affaiblir la liste en y suscitant assez de frustrations à l’interne. A malin, malin, et demi. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité