Législatives 2015 : la transhumance politique, le sport favori des politiciens béninois

La période de l’enregistrement des candidatures pour les élections législatives a ouvert la voie à une nouvelle saison de la transhumance politique au Bénin. A la recherche d’un bon positionnement, plusieurs hommes politiques ont quitté leurs différents partis. Une trentaine d’hommes politiques et plus ont changé de partis. Depuis 1991, le mal persiste mais la classe politique semble bien s’y complaire.

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Le dépôt des listes de candidatures pour les élections législatives a ouvert la voie au « mercato » politique au Bénin qui devrait se poursuivre jusqu’à l’élection présidentielle de mars 2016. Dans tous les états- majors politiques, ça bouge. Tandis que d’autres quittent, d’autres viennent. Il se suffit que le positionnement proposé par le chef de parti n’arrange pas quelqu’un et paff il démissionne. Le lendemain, il faut le voir contacter un à un les présidents des partis politiques pour leur proposer ses services. Il continue la quête jusqu’au moment où il est accepté sur une nouvelle liste, en bonne position, tête de liste de préférence. Il peut dire alors un ouf. Il va au village pour informer ses militants qu’il est sur une autre liste que celle de la fois dernière en prenant soin de « savonner » proprement son ancien parti et son président. Cette pratique n’a guère changé depuis 1991. C’est toujours les mêmes qui tournent dans tous les partis et aux postes de responsabilité. Chacun cherche en un instant ‘’T’’ le bon endroit qui va l’intéresser. Seuls les intérêts guident les mouvements et non la conviction politique. Si actuellement, c’est la quête du bon positionnement sur les listes électorales qui est la cause des transhumances, demain ce serait la recherche des postes juteux qui seront au cœur de la transhumance. En 2003, Candide Azannaï était élu député sur la liste Rb. En 2007, il est candidat sur la liste de son parti « Restaurez l’espoir » mais échoue. En 2011, il est réélu député alors qu’il est positionné sur la liste Fcbe. En 2005, il est positionné sur la liste Un. En quatre élections législatives, il s’est promené sur quatre différentes listes. Son cas n’est pas singulier. Plusieurs autres hommes politiques vont  faire les mêmes tristes expériences.

Les Fcbe déplumées

Pour les législatives de 2015, la transhumance politique a connu un pic. Si on s’en tient aux listes actuelles, près de trente personnalités politiques ont dû quitter leurs familles politiques. Si le Prd a récupéré l’ancien député transfuge Rb Yves Edgard Monnou, le parti des Soglo a, lui, accueilli le vice -président du Prd Ismaël Tidjani Serpos fâché contre Houngbédji qui l’a positionné 2è sur la liste dans la 5è circonscription électorale. Claude Azonwakin est discuté à la fois par le Prd et les Fcbe.  La Rb a aussi accueilli deux hommes politiques reconnus comme membres de la majorité présidentielle. Il s’agit de Benjamin Ahounou, ancien député Fcbe et Bernard Lani Davo, ancien ministre de Boni Yayi. Les Fcbe, eux, ont pu accueillir Antoine Avocetien du Prd et Christian Sossouhounto de la Rb. Idem pour l’Un qui a pris les députés Fcbe Azannaï et Claudine Prudencio. Mais c’est dans leurs rangs qu’il y a eu plus de départs. Dix de leurs députés sont partis sur la liste ‘’Soleil’’, deux sur l’Un, cinq sur le Fdu de Mathurin Nago, trois sur la liste Rb, trois sur l’And et de deux sur l’Ufedd-Bénin de Nicaise Fagnon. Au total, 30 transhumances en moins d’une semaine. Ceci donne de la classe politique l’impression d’un groupe de gens, sans aucune crédibilité, réunis pour défendre leurs intérêts au détriment de ceux des populations dont ils s’en préoccupent peu. Mais malheureusement tout le monde semble profiter de la situation. Depuis 1991, aucune loi ne réglemente le secteur. Ce qui laisse ce mal gangrener la classe politique de moins en moins sérieuse. 

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