Le Conseil des ministres de ce mercredi 18 mars 2015 a autorisé le départ en congés d’une partie du gouvernement. Du moins, les ministres qui n’ont pu bénéficier des congés en 2014. Toute analyse faite, on voit dans cette mesure une stratégie pour envoyer les ministres-candidats sur le terrain avant même le début officiel de la campagne pour les Législatives du 26 avril prochain.
« Les ministres qui n’ont pas pu bénéficier de congés en 2014, sont autorisés à prendre deux semaines de congé à compter du 16 mars 2015». C’est (paraphraser) l’une des importantes décisions prises par le Conseil des ministres de ce mercredi 18 mars 2015. L’information a été rendue publique par le Secrétaire général du gouvernement, Alassani Tigri qui a lu le compte rendu dudit conseil dans la soirée d’hier sur la télévision nationale (Ortb). Depuis lundi dernier et jusqu’à fin mars, certains ministres pourront librement vaquer à d’autres occupations, notamment descendre sur le terrain dans le cadre des prochaines élections législatives. Ils viennent d’y être autorisés par tout le Conseil, avec à sa tête le Chef de l’Etat et chef du gouvernement, Thomas Boni Yayi. Et comment ? Il est très difficile de savoir le nombre et l’identité des ministres qui ont effectivement bénéficié des congés en 2014. Il sera donc très difficile pour le citoyen lambda d’avoir une idée exacte des ministres réellement autorisés à aller en congés de rattrapage.
Pseudo congés de rattrapage
Le gouvernement a eu l’intention de jouer la carte de la transparence en annonçant cette autorisation de congé dans le compte rendu du conseil des ministres. Sur ce plan, on aurait pu décerner une palme d’or à Yayi et les siens si le Sgg Alassani Tigri était allé plus en détail. Et ce, en donnant les noms de tous les ministres concernés. Et voilà qui laisse entrevoir les vraies intentions que cache cette histoire de pseudo rattrapage de congés.
En effet, 20 ministres de l’actuel gouvernement sont candidats aux Législatives du 26 avril prochain. Vu les enjeux (révision de la Constitution et présidentielle de 2016) de ce scrutin législatif, la bataille s’annonce très rude. Les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), la famille politique de Boni Yayi se sont fixés l’objectif de 50 députés, sur les 83 que compte l’Assemblée Nationale. Cela parait irréaliste au regard du contexte, des enjeux et des forces politiques en présence. Cependant, Ils y tiennent et le chef de l’Etat est engagé pour. Lui-même est en campagne précoce depuis plusieurs semaines. Il multiplie les tournées dans le pays, inaugure des infrastructures, lance de nouveaux projets de construction (souvent doublement) et fait de nombreuses promesses- à la limite utopiques-aux populations. Ces ministres vont donc le rejoindre sur le terrain. Ensemble ils tenteront de vendre la liste Fcbe, avant même le lancement officiel de la campagne électorale par la Commission électorale nationale autonome (Cena). Dans les prochains jours, il faudrait s’attendre à des descentes des ministres, candidat ou pas, en congé ou non, dans leurs localités respectives. Avec à la clé des marches, prières et meetings de remerciements, disons de fortes actions de communication et de mobilisation autour des actions de Boni Yayi. Les ministres seront accompagnés par les hauts cadres des ministères qui doivent aussi militer pour conserver leur poste. Malheureusement! Pour éviter les critiques de l’opposition et de certains leaders d’opinion qui dénonceraient l’absentéisme des ministres, Boni Yayi anticipe en mettant les membres de son gouvernement en congé. L’administration publique sera au ralenti pendant qu’eux parcourront le pays pour chanter des louanges à la gloire de leur «leader charismatique». C’est le yayisme !
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