Nous ne sommes pas dans une cour familiale encore moins dans un royaume. Mais dans une République, celle du Bénin. Malgré eux, certains Béninois ont dû supporter Yayi Boni, avec ses humeurs, erreurs et horreurs. En 2016, il serait parti et nous en prendrons un autre. Pire, moins, mieux, je ne souhaite que le meilleur pour notre pays. En attendant, c’est Boni Yayi et il entend jouer ses dernières cartes. Comme un bon guerrier, il entend tomber les armes à la main. Comme tous ses prédécesseurs, il entend assurer ses arrières.
Ici, fin de règne rime avec débandade. Et ces derniers mois, on a assisté à toutes sortes d’alliances, de coalitions. Pour les uns dans le silence, pour d’autres avec force fracas. La suite, tout le monde le sait. Déballages, révélations, chacun y va de son commentaire. Rien d’étonnant. On est habitué à ça. Aussi évident que cela puisse paraître. C’est l’avenir de la démocratie béninoise qui est en jeu. Mais c’est avant tout, de l’avenir politique des uns et des autres qu’il s’agit d’abord. Et cela ne devrait pas étonné. Car, de tout temps, notre classe politique, sans idéologie encore moins d’éthique et de déontologie se fissure et se reconfigure avant et après tout scrutin majeur et notamment une présidentielle. Yayi Boni ne devrait pas déroger à cette règle. Comme pour dire, ne m’enterrer pas vivant. Et ce faisant, il entend rester maître et continuer à contrôler les choses après lui ou tout au moins s’assurer qu’il ne sera pas « embêté » et son sommeil aucunement troublé par les nombreux cadavres dans son placard. Yayi Boni 10 ans, c’est fini, et bel et bien terminé. Les Béninois sont jaloux de leur démocratie et partant, soucieux de préserver leur stabilité. 2016, terminus, tout le monde descend. Et cette bataille se jouera lors des scrutins législatif et municipal prochains.
Pour espérer rester dans la course, Yayi Boni travaille à s’assurer une majorité et se garantir une immunité après pouvoir. A quoi bon, me diriez-vous ? Tout simplement parce qu’il dispose de statut d’ancien chef d’Etat. Mais on ne sait jamais et au Bénin, les gens sont imprévisibles et il faudrait prendre toutes les précautions possibles. Il négociera avec le futur président un pacte de protection et de non agression de son clan s’il arrivait que ce dernier ne sortît pas de son camp. C’est vrai que beaucoup de ses affidés et griots l’ont quitté. Mais la garde rapprochée est restée et il faut lui donner des gages d’espoir. De plus, Yayi entend faire barrage à toute initiative qu’il aurait voulu prendre et dont il n’a pas pu du fait de ses opposants.
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Ainsi, le « après nous c’est nous » aura tout son sens. Les batailles qu’il y a eu pour les positionnements sur les différentes listes ne sont pas sans calcul et les lancements de chantiers et déclarations du chef de l’Etat actuellement ne sont pas sans arrière pensée. Sous estimé, Yayi est venu comme un intrus. Mais au fil des années, il a démontré toute sa connaissance de la classe politique de son pays, instrumentalisé les couches vulnérables, surfé sur les problématiques qui font peur, diverti la classe politique, divisé les syndicats, opposé beaucoup de monde et permis néanmoins à une nouvelle classe de riches d’émerger. Il part mais entend laisser sa marque indélébile. Contrôlera t-il le prochain parlement, les municipalités ? Rien n’est moins sûr. Jouera t-il un rôle capital dans le choix du prochain locataire de la Marina, il n’y a pas de doute. Mais pour combien de temps après 2016, je nous invite à le découvrir dès les premiers mois d’exercice du futur chef de l’Etat.
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