Bienvenue, honorable député

Mi kwa bo. C’est notre manière à nous de souhaiter la bienvenue à quelqu’un. L’honorable député fraîchement élu mérite d’être accueilli avec tout le respect dû à son rang. Honorable député, ancien ou nouveau, tu rejoindras ton siège, sous peu, dans la grande maison du peuple.

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Tu te compteras alors au nombre des 83 locomotives chargées de tracter 10 millions d’âmes, 10 millions de destins. Tâche titanesque s’il en est. Cela ne t’autorise pas pour autant à te faire prendre pour un faiseur de miracle. Tu es et tu dois rester l’humble serviteur de ceux dont tu tiens ton autorité. Tu es leur porte-voix.

Nous ne le répèterons pas assez : le titre de représentant du peuple que ton élection te confère ne t’appelle pas à être au four et au moulin. Tes domaines de compétences et d’action ne sont que trop bien délimités. C’est clair : tu n’auras pas à construire des routes et des ponts. C’est sûr : tu n’auras pas à bâtir, ici, une école, là, un centre de santé.

C’est ailleurs que nous t’attendons. Tu voteras des lois pour faire avancer l’Etat de droit. Mais qu’est-ce qu’une loi et comment la rédige-t-on ?  Tu auras à travailler beaucoup. C’est à une nouvelle école que tu es appelé. Il est dit, par ailleurs, que tu dois contrôler l’action du gouvernement.  Mais de quelle action s’agit-il ? Alors, exige de voir cette fameuse action du gouvernement avant de t’installer dans ton rôle de contrôleur. Au risque de contrôler du vent !

De ce point de vue, tu participeras aux travaux des divers groupes parlementaires, ainsi qu’à ceux des différentes commissions spécialisées de l’Assemblée nationale. Nous t’attendons aux plénières. Nous apprécierons tes prises de position. Nous décrypterons le sens de tes votes. Attention aux démons de la transhumance. De toutes les manières, ta présence, que nous souhaitons la plus assidue possible à l’Assemblée nationale, n’échappera pas à notre vigilance. Nous en avons marre des députés absentéistes. Nous en avons assez des députés dormeurs. Quant aux députés paresseux, qu’ils aillent au diable ! On doit remplir, avec foi, la mission pour laquelle on a été élu, pour laquelle on est payé. Si tu t’en sens incapable, alors, rends ton tablier.

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Ceux qui t’ont élu ne t’ont envoyé ni en villégiature ni en colonie de vacances à Porto-Novo. Tes descentes fréquentes à la base sont vivement souhaitées. Tu as un devoir d’immersion dans les réalités d’un peuple qui se bat. Tu as un devoir d’imprégnation des problèmes d’un peuple qui croit et qui espère. Tu as un devoir de distanciation de l’ordinaire, du banal du quotidien. Tu dois prendre de la hauteur ainsi que l’exacte mesure de ton engagement social.

C’est l’heure, pour chacun, de faire son examen de conscience. Ne te voile pas la face. Nombre de tes collègues vont chercher à l’Assemblée nationale l’immunité pouvant ou devant leur garantir l’impunité. Ton choix, à cet égard, doit être clair.  D’autres ne courent qu’après les honneurs. Ils ont hâte et faim   de s’auréoler du titre d’honorable. Un honorable, finalement, sans honneur.  Ton option, à cet égard, ne doit souffrir la moindre ambigüité. Reste donc loin de cette race de rapaces. Les Ivoiriens les auraient traités de « Koko », c’est-à-dire des profiteurs de la pire espèce. C’est par effraction, tels des voleurs, qu’ils entrent dans le temple du peuple.

La responsabilité et la respectabilité du représentant du peuple que tu es, commence par l’écoute. Sois une oreille attentive disposée à entendre la rumeur des misères ambiantes, mais surtout à écouter les êtres de chair et de sang pris dans les mailles des multiples pièges de la vie. A l’écoute, ajoute le service dans la logique rigoureuse de l’homme d’action qui sait donner suite à une décision prise. Tu feras du compte-rendu ton atout-maître. Car tu es investi d’une mission qui n’est pas ta propriété. Le mandataire que tu es doit rendre compte à son mandant. Il s’agit, en l’occurrence, du peuple dont on dit que la voix est la voix de Dieu.

Tout est dit. Tu as quatre ans pour démontrer que tu mérites d’être le fils ou la fille de cette portion de terre appelée Bénin et dont la forme fait penser à une clé. La clé de l’avenir. La clé de notre avenir commun. Bon travail. Nos vœux t’accompagnent.

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