Son agenda est aussi chargé que celui des autres candidats pour les législatives. Depuis vendredi dernier, Yayi a déserté son bureau luxueux de la Marina pour gagner villages et hameaux à la quête de suffrages pour sa liste. Mais sur le terrain, tout ne se passe pas aussi bien. Les discours tenus sont d’une rare violence avec une forte teneur de haine et de volonté de pouvoir à vie.
Le gouvernement a vraiment perdu le sens de la notion d’Etat. Hormis les 21 ministres candidats pour les législatives, il y a le chef de l’Etat lui-même qui s’est engagé dans les campagnes. Ceci devrait impacter assez négativement le fonctionnement de l’Etat pendant cette période de campagne. Obnubilé par son souci de trouver un minimum de 50 députés, il passe partout pour demander de voter pour la liste Fcbe. Sans être officiellement candidat, Boni Yayi se comporte comme tel. Ses occupations présidentielles, il les a reléguées au second rang. On le voit plus fréquemment sur le terrain politique transpirant et s’égosillant à quémander les suffrages un peu partout. Togoudo, Godomey, Akassato, fifadji….Boni Yayi ne lâche rien. Partout où il passe, il bat campagne officiellement pour la liste Fcbe. Sur le terrain, il ravit même la vedette à ses candidats au nom de qui il parle désormais. Djènontin qui avait de sérieux problèmes dans son fief, se voit requinqué par Boni Yayi lui-même. Souvent emporté dans ses déclarations, Yayi a tenu des propos indignes d’un président.
Tenez : « Ceux qui disent que je suis fini se trompent. Un président ne finit jamais, un roi ne finit jamais, Yayi Boni ne finit jamais… » Dans un autre village, il renchérit : « Je suis encore jeune, je suis solide… ». A plusieurs endroits, il s’est présenté comme le messie, le seul qui peut sauver les populations. « Si vous voulez les écoles, les hôpitaux, les routes, la césarienne gratuite, les cours gratuits pour les enfants, l’emploi, passez par moi, yinwè ». Ainsi dit, il semble insinuer qu’il ne trouve personne pour continuer ses œuvres. « Cauris= démocratie, cauris= liberté, cauris= sécurité, cauris= centre de santé, , cauris= pont de Womey, ou bien vous ne voulez pas du pont à Womey(les populations répondent oui), alors, je veux voir ça le 26 avril », affirme Boni Yayi. Pour se faire mieux entendre, il baragouine parfois en fon finissant par « énan tchè nou mi, houn gnin wan nou mi » ce qui signifie : »merci à vous, je vous aime tous ». Le discours est parfois agressif lorsqu’il parle des adversaires politiques des Fcbe. Il taxe un député de « délinquant » qu’on « doit envoyer à Djako parce qu’il l’insulte ». D’autres de voleurs et de bandits dont le chef exilé à Paris les téléguident. Canal 3 aussi reçoit sa dose de fiel : c’est la télévision « mille collines », selon Yayi puisque les journalistes l’insultent matin, midi et soir. Idem pour les animateurs de certaines radios privées. Alors une question, le Chef de l’Etat garant du respect de la Constitution peut-il se comporter ainsi. Est-ce qu’un président peut se permettre de battre campagne ouvertement et officiellement alors qu’il n’est pas candidat ? Autant de questions que se posent maints Béninois.
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