Fimub : 130 millions Fcfa dilapidés pour un résultat médiocre

Annoncé en grande pompe, cela fait maintenant une dizaine de jours que le fameux Festival international de musique du Bénin (Fimub) est passé inaperçu sans qu’aucun bilan n’en soit fait, laissant les Béninois attentifs à l’actualité culturelle nationale, sans réponses sur mille et une questions au sujet des millions dépensés sans résultats convaincants.

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Festival international de musique du Bénin (Fimub). L’évènement annoncé  comme révolutionnaire n’aura donné d’éclats que ceux laissés par  les annonces publicitaires télédiffusées à son sujet. Les cinq  jours prévus, du 29 avril au 03 mai, sont passés sans aucun impact particulier témoignant d’un évènement de taille comme on pouvait légitiment s’y  attendre.  Résultat, osons le dire, pour sa première, le Fimub s’est soldé par un fiasco.  Chose prévisible contre laquelle des voix averties avaient prévenu.

Festival bâclé

Né spectaculairement, le Fimub a souffert d’une carence en activités préparatoires.  Tout est allé très vite.  Pour un festival prévu pour fin avril-début mai, c’est en février que l’arrêté ministériel consacrant sa création a été pris. De la date du 10 février où cet arrêté a été pris au 29 avril, jour du démarrage, il n’y avait que seulement deux mois. Un temps visiblement très insuffisant pour la bonne organisation de cet évènement culturel devant être le deuxième plus important après le Fitheb, dont l’objectif est de promouvoir par-delà la musique, la culture béninoise. En si peu de temps, ce ne peut qu’aboutir à un fiasco. Cela n’a pas manqué d’être souligné. Mais les acteurs culturels commis à la tâche de l’organisation ont tôt fait de rassurer. C’est ce à quoi ils se sont livrés lors de la conférence de presse tenue le 15 avril au Ministère de la culture.  « Je puis vous assurer que contrairement à ce que laisse penser la date de prise de l’arrêté, ce festival est pensé depuis bien longtemps. Et c’est parce qu’on attendait de vraiment en maîtriser les contours que la prise de l’arrêté ministériel a pris tout ce temps »  avait laissé entendre Marius Fagbédji Missihoun alias  Fadji, le directeur artistique du Fimub.  Le résultat est là et réplique éloquemment à  M.  le directeur artistique. « Dès le jour de son lancement, le Fimub a étalé des problèmes de logistique, des artistes arrivés sans savoir quel était leur cachet réel, le dispositif de lumière n’en était pas un » a regretté une source anonyme qui se désole de l’impréparation ayant caractérisé l’évènement tenu sans aucun engouement du public béninois.

Yayi resté sourd aux mises en garde

Ce qu’on peut désormais appeler gaspillage d’argent aurait pu être évité si le chef de l’Etat avait été réceptif des mises en garde parues dans la presse au sujet de ce festival.  « Que notre pays ait son festival international de musique, rien de plus noble, mais qu’il soit mis en œuvre pour être  exécuté au cours du prochain trimestre de l’année en cours, c’est encore mettre davantage en péril un secteur culturel de notre pays qui est depuis des lustres mal en point… Aucun investisseur sérieux, aucun producteur sérieux, aucun artiste sérieux, ne peut accepter de participer à un festival international qui s’organise dans un pareil délai…Je concède que le Ministre de la Culture mette ce projet à son actif, mais je dois reconnaître sa naïveté en la matière : ils travaillent avec des personnes qui font économie de vérité et de bonne foi. » A indiqué le musicologue Marcel Kpadey, dans une lettre ouverte d’avertissement qu’il adressait au chef de l’Etat et dont la Nouvelle Tribune a fait écho le 25 mars 2015. «Si le projet est inscrit au programme des activités gouvernementales de l’année en cours, tous les vaillants artistes du Bénin vous seront éternellement reconnaissants de bien vouloir reporter son exécution au moins d’un an » avait également souhaité le musicologue béninois qui n’était pas le seul à tirer sur la sonnette d’alarme.

Dénoncer pour manger !

Le drame qui s’est joué avec  les millions de francs du contribuable béninois semble avoir été de concert avec des acteurs culturels eux- mêmes. On pourrait être tenté  de se résoudre au silence  à l’idée que ce sont les mêmes qui en pâtiront. Comme le dit un dicton fon, « é vo déji o, é non vo dô ésa » littéralement, « Quand il n’y a plus de fruit sur un arbre, on en trouve plus en dessous ».  Seulement, il apparaît  consternant  de constater que ceux qui dénoncent le fon quand ils ne sont apparemment pas associés au partage du gâteau. Alors qu’il s’était vigoureusement prononcé pour le report du Festival, le musicologue Marcel Kpadey a pris part au Festival, arguant qu’il n’a fait qu’offert ses services qui ont été sollicités. Pour combien, là n’est pas le débat. On note qu’un coup de baguette magique est passé par là tout comme au niveau d’autres acteurs culturels a qui le caquet a été rabattu.

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Reculer pour mieux sauter

On apprend de ses erreurs. Une raison qui suffit pour appeler à un réaménagement structurel du Festival pour qu’il soit comme l’a dit Richmir Totah, un des grands acteurs culturels béninois impliqué dans l’organisation de cette première édition,  « une plateforme de promotion et de diffusion du patrimoine culturel musical en Afrique et dans le monde…un grand marché de la musique et du disque au Bénin dans le sens du développement de l’économie de la culture ». Le potentiel existe au Bénin. Il faut juste « corriger la tête, le corps de la tête, la tête de la tête »  du Fimub.

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