Présidentielle 2016 : le grand chantier de l’opposition parlementaire

Requinqué par sa victoire, certes étriquée mais capitale, pour le contrôle du bureau de l’Assemblée nationale, le bloc de l’opposition composé de l’Un, du Prd, de la Rb –Rp, de l’And, du Fdu et des alliances Soleil  et Abt, a repris confiance en l’avenir. Pour beaucoup parmi eux, le vrai combat est celui de la Marina en 2016. Là-dessus, le pari est grand et les moyens politiques ne font pas défaut. Sauf si les querelles intestines font imploser le groupe avant 2016.

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Quelques jours après la victoire de Me Adrien Houngbédji sur Komi Koutché pour la présidence de l’Assemblée nationale, opposition et mouvance présidentielle connaissent diverses fortunes. Alors que le temps est à la déchirure et aux accusations au sein de la famille Fcbe et de leurs partis satellites, l’opposition, elle, se montre sereine et taciturne. Bien qu’elle ait été affaiblie par les tentatives de débauchage du pouvoir et victime de la trahison d’un de ses membres pendant le vote, l’opposition a véritablement tourné la page de cette élection et pense déjà à autre chose. Pour la plupart de ses acteurs, la victoire du 19 mai n’est qu’une victoire d’étape en attendant celles du 28 février et du 14 mars 2016. Tous en font un défi personnel et un point de satisfaction moral après avoir tous subi pendant deux décennies presque les caprices et les menaces du pouvoir Yayi qui a fait de la disparition de la vieille classe politique un cheval de bataille. En tête des acteurs de l’opposition politique décidés à arracher le pouvoir à Boni Yayi et à sa famille politique, Adrien Houngbédji. Bien que forclos constitutionnellement, il entend contribuer, tel un général en retrait, à la victoire de sa troupe engagée sur le front. Auréolé de son nouveau titre de deuxième personnalité de l’Etat béninois, sa côte de popularité et le bon score de son parti, le Prd, devraient bien lui faciliter la tâche. Bruno Amoussou, l’autre forclos ne devrait pas rester en marge de cette lutte. Réputé comme un renard politique, bon stratège, sa contribution et son art du compromis contribueront pour beaucoup bien que politiquement il est affaibli à cause de son parti le Psd-dirigé aujourd’hui par son héritier politique Emmanuel Golou – en difficulté dans le Couffo depuis deux législatures.  Sa contribution intellectuelle devrait beaucoup y contribuer et d’ailleurs, plusieurs sources annoncent qu’il a beaucoup travaillé pour concilier les positions lors de la distribution des postes, un point nodal de la victoire.

Pas comme en 2011

En dehors de ces deux, et dans une moindre mesure, Idji Kolawolé, il y a les présidentiables. Chaque entité politique membre de la coalition aura probablement un candidat. Pour l’Un, le choix sera fait entre Eric Houndeté et Emmanuel Golou. Au Prd,  le candidat pourrait venir de l’intérieur ou de l’extérieur du parti. Pour l’And, la probable candidature de Valentin Houdé n’est pas évitable. Pour Le Fdu, Mathurin Nago. La Rb-Rp va probablement soutenir Lehady Soglo si l’accord avec Janvier Yahouédéou tient toujours la route. L’alliance Soleil portera Robert Gbian. Issa Salifou pourrait s’y ajouter selon les calculs. Abdoulaye Bio Tchané comptera sur l’alliance Abt. Selon les indiscrétions, la plupart de ces potentiels candidats devraient se présenter à l’élection. Tout, précisent les mêmes sources, se jouera au second tour avec le jeu des ralliements.  Sauf si le bloc décide d’essayer un autre schéma comme celui des candidats régionaux. Et là, la sélection pourrait s’arrêter à trois ou quatre au plus au lieu de la dizaine des intentions de candidature actuelle.  Cette grosse machine politique, plus lourde que l’Un de 2011, sera plus efficace en cas de candidats multiples au premier tour. Pour son fonctionnement et pour bien faire face à la redoutable machine financière des Fcbe, des stratèges travaillent à créer un collège d’opérateurs économiques béninois qui mettront la main à la pâte pour financer leur campagne  électorale. Le volet « communication » est aussi très prisé dans les réflexions stratégiques. L’autre défi du groupe est le maintien de la cohésion afin que Yayi ne tente de pêcher dans les eaux troubles du bloc. Le groupe entend  mettre une forte pression sur Yayi avant de l’empêcher de les déstabiliser ou de trouver le processus électoral. A  moins de dix mois de la présidentielle, l’opposition semble être déterminée pour cette bataille et surfera à merveille sur les erreurs et les scandales de gouvernance de Yayi.

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