Sur la liste de départ pour succéder à Boni Yayi au palais de la Marina, le Général était à Adjarra le mercredi 27 mai 2015 où il a été reçu dans le 2è arrondissement par les populations, femmes, sages, étudiants et autres jeunes à qui il a expliqué qu’il va au pouvoir pour relever les défis qui s’imposent au Bénin de nos jours, notamment l’amélioration des conditions de vie des Béninois.
Education, formation, coopération Sud-Sud, travail, unité, égalité des chances, sont entre autres, les axes majeurs des actions qu’il compte mener et dont il a explicitement parlé dans son discours dont « La Nouvelle Tribune » vous donne un large extrait séquencé d’intertitre.
Large extrait du discours du Gal Fernand Amoussou à Adjarra
« Nos jeunes étudiants qui ont fini les études et qui n’ont toujours pas de travail, un des problèmes qui constitue notre souci majeur, je voudrais, tout particulièrement m’adresser aux étudiants et jeunes ; à ceux qui ont fini leurs études et qui sont sans emploi, qui sont au chômage ou qui sont dans des emplois très précaires comme la vacation, par exemple. Je veux vous dire ceci : soyez dans l’espérance. Personne ne met son enfant au monde en souhaitant qu’il souffre. Nos enfants souffrent à cause de la gestion de nos dirigeants. Je voudrais aussi vous dire que des solutions existent. Le premier problème de chômage des jeunes, c’est d’abord l’inadéquation des filières dans nos universités par rapport au marché de l’emploi : le marché de l’emploi au Bénin mais aussi celui de l’emploi dans la sous région. En octobre dernier, j’ai fait faire un sondage, j’ai demandé à ce que toutes les jeunes filles qui sortent des universités privées soient interrogées sur leurs filières. 84,9% de nos sœurs répondent : « marketing-communication ». Mais je me suis demandé là où se trouvent les entreprises qui vont les embaucher ? Cela veut dire que toute cette masse de nos sœurs est formée pour aller au chômage et donc, le vrai problème est là.
Le vrai problème est de revisiter nos universités, revisiter ce que nous devons enseigner dans nos universités. Moi, j’ai un certificat de Harvard en leadership aux Etats- Unis. Donc, je sais de quoi je parle. Non seulement les filières ne sont pas en adéquation avec les emplois, mais il y a un gros problème.
Conquérir les marchés du Nigéria
Il a plu à Dieu de nous mettre à côté du Nigéria. Si nous pouvons vendre, tous les jours, un bidon d’eau minérale à chaque nigérian, cela veut dire que chaque jours nous vendons 150 millions de bidons par jours. Cela nous montre le marché que constitue le Nigéria. Mais comment pouvons-nous aller conquérir les marchés du Nigéria, si nos cadres et nos étudiants ne parlent pas l’Anglais. Comment peuvent-ils entrer en communication avec les entreprises du Nigéria s’ils ne peuvent pas communiquer avec les Nigérians ? Puisque tout le monde ne parle pas le yoruba, ni le haoussa. Notre éducation doit changer de pédagogie.
Aujourd’hui, nous continuons de former des fonctionnaires. Le système de formation c’est encore un système de fonctionnaires. C’est-à-dire qu’on fait des interrogations, des devoirs etc…pour évaluer les apprenants. Ce qui fait qu’on n’habitue pas nos jeunes à entreprendre, on ne les habitue pas à réfléchir pour créer. Notre école doit changer de paradigme et former des entrepreneurs et des jeunes qui sont dimensionnés dans leur tête pour entreprendre, créer, inventer etc… Mais quand on aura fini de former des entrepreneurs, il se poserait encore un problème. Où vont-ils trouver de l’argent pour créer leur entreprise ? Est-ce que l’Etat doit intervenir pour les aider à en créer comme c’est le cas au Brésil ou en Norvège où c’est une banque de la jeunesse, qui finance l’entreprenariat des jeunes ? Une banque qui accepte de prendre des risques élevés.
Le rêve pour la jeunesse
Le monde a changé, si je vous dis aujourd’hui que tous les étudiants qui sortiront diplômés de l’université seront employés dans la fonction publique, c’est tout simplement faux. Mais je vais encore plus loin. Si on prend l’université de Calavi, il y a plus de 100 000 étudiants. Si on ajoute, Parakou, Adjarra etc…, vous voyez le chiffre ? Le Bénin c’est quoi, c’est environ 112 000 km2 avec 10 000 000 d’habitants et un tissu économique pratiquement inexistant. Ces étudiants qui sont dans les universités nationales et qui vont sortir diplômés trouveront du travail comment ? Quelle administration va les employer ? Ce n’est pas possible ! Il faudra donc aller à une autre forme de formation et créer les conditions à ces jeunes afin qu’ils s’auto-emploient au lieu de chercher de l’emploi. La banque de la jeunesse est très importante et il faut travailler à améliorer ce que les gens font aujourd’hui, sans résultats satisfaisants. C’est cela notre rêve pour cette jeunesse.
Nous devons former nos jeunes pour « l’exportation », c’est-à-dire comme cela se faisait en 1990. Ce sont des Béninois qu’on exportait vers la Côte-d’Ivoire, le Niger. Aujourd’hui, l’Afrique centrale recherche des cadres. Des nids d’emplois existent. Il y a d’autres filières, mais nous n’orientons pas suffisamment les jeunes dans ces filières là. Les solutions sont nombreuses et existent, c’est la volonté politique qui manque. Je suis persuadé que nous pouvons régler ces questions de chômage endémique des jeunes. Parce qu’il n’y a pas que les étudiants ; il y a tous ceux qui sortent du système scolaire sans emploi.
Self-made-man, homme de parole
Je suis un orphelin de mère. Ma mère est décédée quand j’avais l’âge très jeune et donc, c’est la communauté du village, les femmes du village qui m’ont soutenu pour que je sois devant vous aujourd’hui. Parfois je me demande si, de nos jours, un orphelin d’un petit village du Bénin a-t-il encore la chance de devenir Général, s’il n’a aucune connaissance ? Il faut que ça revienne, si ça n’existait pas moi je ne serai pas ce que je suis. C’est aussi ça qui me donne la passion de me dire que je me mets au service de mon pays. Si je dois y crever, alors je crève parce que, c’est mon pays qui m’a tout donné. C’est des gens pauvres qui m’ont tout donné. Je voudrais aussi dire à nos frères qui ont des difficultés de mobilité. C’est un problème de société. Nous devons aussi apporter de l’espérance à nos sœurs et nos frères qui sont dans cette difficulté et créer des conditions particulières pour les soutenir, pour les aider. Nous devons nous même avoir un autre regard par rapport à nos frères et sœurs handicapés. Moi j’ai le profil d’un orphelin, de quelqu’un qui s’est battu, de quelqu’un qui croit aux autres et qui croit en solidarité des autres. Mais surtout de quelqu’un qui tient parole. Tout ce que tu promets tu dois le réaliser ; parce que ce sont tes œuvres qui t’élèvent. Si tu ne respectes pas ta parole, cela te suivra….. C’est pour cela que je veux que vous sachiez que moi, Fernand, ce que je dis c’est ce que je fais. Ce que je ne peux pas faire, je ne vous le promettrai pas. Parce que j’ai la crainte en Dieu.
Homme d’expérience
C’est moi qui ai écrit la déclaration des Forces armées béninoises pendant la conférence nationale en 1990. C’est moi, jeune cadre des officiers de l’armée pour imposer la politique. Parce que bien que militaire, je suis contre les coups d’Etat. Je suis personnellement très attaché aux acquis de la conférence, c’est pour ça que je considère que le respect de la liberté est quelques choses de fondamentale. Liberté de s’exprimer, liberté de se fâcher et de protester. Ce que je vais vous demander, c’est de protester mais aussi d’étudier. Comme cela quand on va amener le travail dans ce pays il faut que vous soyez prêts. Il ne faut pas qu’on amène le travail et qu’on dise que vous êtes mal formés. Il ne faut pas à cause de la situation actuelle se négliger. Il faut aller, avoir le maximum de diplômes et bien les avoir et surtout être prêts.
Nous devons développer une certaine capacité à faire face à l’insécurité, à tranquilliser notre population. J’ai été chef d’Etat- major pendant 09 ans mais pourtant beaucoup ne m’ont jamais vu. Parce que mon rôle n’était pas de me faire voir. Mon rôle était que mon pays soit en sécurité, que les Béninois soient en sécurité. Je puis vous rassurer qu’à cette époque -là je n’ai failli.
Le vœu du Général
Ma proposition consiste à demander au peuple béninois de travailler pendant un jour férié pour dégager de l’argent. C’est dans la solidarité qu’il faudra régler ce problème. Je voudrais vous demander de prier pour moi afin que le Tout -Puissant me donne la force nécessaire d’accomplir ce qu’il aura à faire ».
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